avril 20, 2024

Kings

De : Deniz Gamze Ergüven

Avec Halle Berry, Daniel Craig, Kaalan Walker, Lamar Johnson

Année: 2018

Pays: Etats-Unis, France

Genre: Drame

Résumé:

1992, dans un quartier populaire de Los Angeles.
Millie s’occupe de sa famille et d’enfants qu’elle accueille en attendant leur adoption.
Avec amour, elle s’efforce de leur apporter des valeurs et un minimum de confort dans un quotidien parfois difficile.
A la télévision, le procès Rodney King bat son plein. Lorsque les émeutes éclatent, Millie va tout faire pour protéger les siens et le fragile équilibre de sa famille.

Avis:

Il y a trois ans de cela, Deniz Gamze Ergüven, jeune réalisatrice qui sortait de l’école de la Fémis, nous offrait avec surprise un premier film d’une grâce et d’une beauté incroyable, « Mustang« . Présenté à Cannes, ayant reçu une multitude de prix à travers les festivals du monde, se trouvant un joli petit succès public et presse, le film ira même jusqu’à représenter la France pour la cérémonie des Oscars en 2016. Bref, en un film, Deniz Gamze Ergüven avait su convaincre, et on peut dire que son second film était attendu.

Et nous y voilà, trois ans après, la réalisatrice turco française a délaissé les terres turques pour aller aux États-Unis. Pour son second film, Deniz Gamze Ergüven nous revient avec un sujet on ne peut plus passionné, les émeutes de Los Angeles qui sont survenus en 1992 après le verdict du tristement célèbre procès de Rodney King.

Avec le talent de la jeune réalisatrice et une intrigue aussi riche, « Kings » s’annonçait comme le film choc et émouvant de ce mois d’Avril 2018, mais malheureusement, Deniz Gamze Ergüven va décevoir, offrant ici un film qui nous immerge dans l’ambiance anxiogène de l’époque, mais qui manque de scénario, d’intérêt et qui finalement ne fait que survoler son sujet, contenant des personnages peu attachants, car bien trop brouillon. Dommage.

Avril 1992, alors que l’affaire Rodney King secoue les Etats-Unis depuis plus d’un an, dans un quartier populaire de Los Angeles, Millie, une jeune femme, s’occupe d’une grande famille. Femme au grand cœur, elle s’occupe de tous les enfants qui manquent de famille. La maison de Millie est une maison de transition, en attendant que ces enfants soient adoptés. À cette époque-là, alors que le procès de Rodney King passe en boucle à la télévision, les tensions sont de plus en plus extrêmes entre les afro-américains et la police. Alors quand les quatre policiers mis en cause pour le tabassage de Rodney King sont acquittés, la ville va s’embrasser…

« Kings« , second film pour la jeune espoir Deniz Gamze Ergüven, est donc une déception. « Kings« , c’est le genre de film en demi-teinte qui a tendance à faire dans le brouillon face à un scénario bien trop « riche ». C’est le genre de film où la forme est là, mais pas le fond. C’est le genre de film que l’on suit avec un petit intérêt, alors que ce dernier aurait dû être bien plus développé que cela. Bref, c’est le film qui déçoit, non pas parce qu’il est mauvais, loin de là, mais parce qu’il ne fait que survoler dans ce qu’il nous raconte, et ne descend jamais dans le vif. D’ailleurs, c’est au moment même où celui-ci commencera vraiment à nous emporter, qu’il sera fini et nous laissera avec un goût d’inachevé.

On ne peut pas reprocher à Deniz Gamze Ergüven la forme de son film, dans le sens où il y a un travail très réussi sur l’ambiance terriblement tendue qu’il y avait à cette époque-là. « Kings » est anxiogène et parfois suffocant. On notera une photographie superbe, tout comme il est impossible de passer devant la réussite du peu de scènes d’émeute que comporte son film.

Mais voilà, si la forme est plutôt réussie, c’est sur son fond que « Kings » n’arrive pas à convaincre et notamment sur ce scénario « bâtard » qui part dans tous les sens et qui ne sait vraiment quoi développer.

En fait, « Kings« , c’est une sorte de fourre-tout qui veut suivre une famille comme une autre qui va se retrouver malgré elle prise en plein dans ces évènements historiques. Mais le souci, en plus de ne pas vraiment savoir pourquoi la réalisatrice a choisi cette famille plus qu’une autre, c’est que « Kings » a bien du mal à choisir ce qu’il veut nous raconter. Les évènements ? Les émeutes ? Le procès de Rodney King qui est très sous-développé, puisqu’on en parle que via les médias ? Ou alors un drame social qui suit une famille qui essaie d’y arriver, tirant sur les deux bouts de la corde. Franchement, entre le film à caractère historique, le drame social ou la comédie romantique entre Halle Berry et Daniel Craig (dont finalement on ne comprend pas bien le personnage …), on se demande bien ce que Deniz Gamze Ergüven a voulu nous raconter. Et c’est vraiment dommage, car le film commençait de manière saisissante, mais en se concentrant sur cette famille, la jeune cinéaste oublie de vraiment développer ce moment presque suspendu dans l’histoire moderne américaine. Ce moment où cette affaire est partout et tout le temps et dont le verdict va faire s’embraser une ville. « Kings » aborde ça, mais jamais il ne va plus loin et je le redis, c’est vraiment dommage.

« Kings » est donc une déception, qui est d’autant plus grande qu’il fait « suite » au magnifique et saisissant « Mustang« . On se retrouve à suivre « Kings » de manière détachée, certes sans ennui, mais avec le triste constat d’un brouillon qui, s’il s’était limité, aurait pu être bien plus fort et prenant, à l’image de cette scène incroyable d’ouverture.

Note : 11/20

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Par Cinéted

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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