mars 19, 2024

The Third Murder – Procès de Famille

Titre Original : Sandome No Satsujin

De : Kore-Eda Hirokazu

Avec Masaharu Fukuyama, Koji Yakusho, Suzu Hirose, Isao Hashizume

Année : 2018

Pays : Japon

Genre : Policier

Résumé :

Le grand avocat Shigemori est chargé de défendre Misumi, accusé de vol et d’assassinat. Ce dernier a déjà purgé une peine de prison pour meurtre 30 ans auparavant. Les chances pour Shigemori de gagner ce procès semblent minces, d’autant que Misumi a avoué son crime, malgré la peine de mort qui l’attend s’il est condamné. Pourtant, au fil de l’enquête et des témoignages, Shigemori commence à douter de la culpabilité de son client.

Avis :

Immense réalisateur contemporain japonais, Kore-eda Hirokazu a fait de la famille son sujet de prédilection et l’on ne compte plus les merveilles que le réalisateur nous a apporté, « Tel père, tel fils« , « I Wish« , « Notre petite sœur« . On peut même dire de Kore-eda Hirokazu, que depuis une bonne vingtaine d’années, il se pose comme un observateur de la société et c’est à travers sa caméra et ses histoire qu’il essaie au plus près et au plus beau de nous la faire découvrir.

Alors qu’on se souvient encore de « Après la tempête » sorti il y a moins d’un an, le cinéaste japonais est déjà de retour et cette fois-ci, il nous revient dans un tout autre style. Et oui, après avoir filmé tant d’histoires de frères, de sœurs, de parents et d’enfants, Kore-eda Hirokazu a cette fois-ci décidé de nous offrir un thriller judiciaire, et pas n’importe lequel, puisque son film sera par la même occasion une rude plaidoirie contre la peine de mort, qui a toujours lieu au Japon. C’est donc un film essentiel dans la carrière de son réalisateur de par son propos. Mais s’il est important, « The Third Murder » souffre également d’un rythme inégal, ce qui a tendance à nous détacher parfois de cette forte et lourde histoire.

Misumi, la cinquantaine, est accusé de meurtre et à aucun moment Misumi ne réfute les accusations. Au contraire, il a avoué dès son arrestation. C’est Shigemori qui est chargé de le défendre. L’avocat sait bien que le parquet va réclamer la peine de mort, et même s’il arrive à faire baisser quelques charges, il ne pourra rien faire pour son client. Un client pour le moins étrange, qui n’arrête pas de changer sa version des faits. Et alors que Shigemori constitue le dossier, une question s’impose, le mobile. Pourquoi ce meurtre et pourquoi tant de versions différentes ?

Quinzième film pour Kore-eda Hirokazu. Avec « The Third Murder« , voici que le cinéaste japonais sort de sa zone de confort et s’aventure là où l’on ne l’attendait pas, même si en grattant un peu, cela reste cohérent sur certains de ses thèmes, dans sa filmographie.

« The Third Murder » est un plaidoyer plus que subtil contre la peine de mort. Kore-eda Kirokazu nous entraîne dans une sombre affaire et va s’amuser avec son spectacle, tout en gardant bien entendu à l’idée d’étayer son propos. Ce qui est génial avec ce film, c’est la manière incroyable que le réalisateur a de finalement nous faire douter. Ici, il n’y a pas une vérité, mais plusieurs et ce que l’on sait finalement, peut être détourné. Jouissant d’une écriture très juste, doté d’un regard passionnant sur la justice, la procédure et plus largement la société japonaise, Kore-eda Hirokazu n’a aucun mal à nous tenir dans cette histoire. Le réalisateur, dans chacune de ses scènes, dans chacun de ses dialogues, réanime notre curiosité et cette affaire « si simple » au départ va se révéler bien complexe. Une complexité que le réalisateur injectera encore plus avec ce final, libre d’interprétation. Un final qui laisse planer une sorte de doute, pointant du doigt une justice à l’écoute et équitable. À cette question, le réalisateur nous laissera seul juge de la réponse. Une réponse loin d’être évidente, on s’en doute, et qui l’est encore moins avec la tournure qu’a prise son histoire et son procès.

Mais voilà, si le film soulève des questions passionnantes. Si dans sa trame, le film demeure passionnant, notamment parce qu’il est aussi porté par des acteurs géniaux, habitués du cinéma d’Hirokazu, on reste quand même quelque peu déçu, dans le sens où premièrement, le film manque un peu d’émotion, et deuxièmement, et c’est peut-être le plus important, « The Third Murder » souffre d’un manque de rythme, qui pousserait presque à se dire que le thriller n’est peut-être pas le style qui va le mieux à son réalisateur. Et c’est bien dommage, car le style est là, l’ambiance et l’intrigue sont là, mais le tout est bien trop long et lent, ce qui fait qu’une sorte d’ennui non-permanent se fait ressentir.

On ressort donc partagé, car le film demeure bon et très intéressant, mais ce rythme fait de silences, de longs plans où il ne se passe pas grand-chose, a tendance à avoir raison de nous. « The Third Murder » est donc important dans son fond, passionnant dans son doute, mais il aurait gagné à être plus « dynamique ». Après, même si c’est un petit Kore-eda Hirokazu, cela demeure un film à voir, surtout quand ce dernier s’aventure là où l’on ne s’y attendait pas du tout.

Note : 14,5/20

[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=npLmUVYsMm8[/youtube]

Par Cinéted

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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