mars 29, 2024

Black Butterfly

De : Brian Goodman

Avec Antonio Banderas, Jonathan Rhys-Meyer, Piper Perabo, Abel Ferrara

Année: 2017

Pays: Etats-Unis

Genre: Thriller

Résumé:

Un homme invite chez lui un vagabond qu’il soupçonne d’être un tueur en série…

Avis :

L’isolement est bien souvent avancé comme le terreau fertile de l’écrivain. Qu’il s’agisse de calme ou de solitude, il semble être une donnée essentielle à sa créativité. Et, dans bien des cas, c’est indéniable. Or cet aspect est également à double tranchant quand on parle de thriller. La situation se retournant bien vite contre les personnes concernées. L’exemple le plus emblématique demeure sans aucun doute Misery, même si l’on peut évoquer Fenêtre secrète. Dans ces circonstances, isolement rime bien souvent avec harcèlement. Et c’est sur ce créneau que Black Butterfly tente d’apporter sa pierre à l’édifice. Une incursion honnête ou une vaine initiative ?

D’emblée, on devine un rythme relativement lent pour mettre en place les protagonistes avec un minimum de cohérences. L’approche est convenue au possible, tandis que l’ambiance reste assez timorée. À savoir, on dépeint le fameux syndrome de la page blanche d’un écrivain (Antonio Banderas) qui cherche une échappatoire dans la bouteille et la venue d’un étranger (Jonathan Rhys-Meyer). L’ensemble coïncide avec des crimes effroyables dans la région. Le raccourci narratif est évident pour trouver un coupable tout désigné, surtout lorsque le comportement du vagabond semble confirmer les soupçons qui l’accablent. On s’attend donc à un face-à-face âpre, sauf que le déroulement n’est pas celui escompté.

Au-delà d’une entame atermoyante, les situations qui s’ensuivent sont tout aussi pesantes et peinent à s’imposer au cœur de l’histoire. De discussions creuses en passages sans réelles justifications, l’intrigue fait du surplace sans jamais développer la tension inhérente à ce genre de huis clos. Le comportement trouble de l’inconnu entre en opposition avec l’apitoiement de son homologue. Pire que cela, le rapport entre les deux personnages principaux est maladroit. La transition entre les moments sans intérêt et les affrontements demeure brutale et surfaite. De plus, ce n’est qu’à mi-parcours que la montée en puissance se met en branle pour précipiter une succession de péripéties, là encore, sans grande inventivité.

Cela sans compter que le cadre et, par extension, l’isolement qu’il génère ne sont jamais exploités à leur juste valeur. Malgré la taille de la propriété, on reste confiné aux pièces principales de la demeure et l’on effectue que de trop rares incursions à l’extérieur. Qu’en est-il de la grange évoquée en amont et jamais visitée ? Les raccourcis géographiques sont légion. Ils se cantonnent à exposer rapidement la vallée alentour, puis les espaces boisés. Bref, la progression est aussi terne que le développement du scénario. On serait même enclin à considérer le cadre comme un vague prétexte sans grande conséquence pour théâtraliser outre mesure la finalité des événements.

Il est vrai que la dernière ligne droite offre une double lecture assez habile de l’histoire. Certes, l’amateur de thrillers ne se laissera pas flouer longtemps par la teneur réelle du contexte. Les indices pour résoudre l’énigme initiale (non présentée comme tel) se remarquent aisément, notamment dans certaines réparties ou l’angle d’approche de situations précises. L’effort reste néanmoins appréciable. Les ultimes explications apportent un nouvel éclairage sur l’intrigue. Ce choix narratif sauve le film du naufrage par une mise en abîme inventive et audacieuse, même si elle a déjà pu être employée auparavant par d’autres cinéastes ou écrivains.

Au final, Black Butterfly est un thriller moyen qui pâtit d’une progression lénifiante et conventionnelle. Les sensations propres au huis clos sont absentes, la confrontation des deux protagonistes laborieuse et l’environnement mal exploité. Exception faite d’un dénouement salvateur qui rehausse à minima le niveau, il n’y a aucune subtilité dans le traitement d’un contexte qui se dégrade sans aucune finesse. Pour cela, il aurait fallu revoir un grand nombre de passages et jouer sur l’ambiguïté des circonstances. Qualité pourtant présente dans son dernier quart d’heure. L’intrigue ne trouvant que tardivement sa voie. Un thriller qui a du mal à sortir des sentiers battus.

Note : 11/20

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Par Dante

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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