mars 19, 2024

The Captain – L’Usurpateur

Titre Original : Der Hauptmann

De : Robert Schwentke

Avec Max Hubacher, Milan Peschel, Frederick Lau, Bernd Hölscher

Année: 2018

Pays: Allemagne, France, Pologne

Genre: Guerre

Résumé:

En 1945, le chaos se répand en Allemagne et les armées du III ème Reich commencent à se déliter. Des escadrons de soldats ivres multiplient les exécutions sommaires, sans différencier déserteurs et fantassins ayant perdu leur unité. Pour survivre, un jeune déserteur allemand, Willi Herold, va usurper l’identité d’un capitaine, entraînant dans sa fuite avec lui des soldats pour une mystérieuse «mission spéciale».

Avis:

Réalisateur allemand, diplômé du Columbia Collège Hollywood de Los Angeles, Robert Schwentke est un cinéaste à la carrière singulière. Débutant dans le thriller, avec des films comme « Tattoo« , ou « Flight Plan » (thriller plus que recommandable avec Jodie Foster sorti en 2005), Robert Schwentke s’est peu à peu laissé avoir par le système hollywoodien. S’il réalise avec un bon panache le premier « Red« , ses films suivants ne vont être que déception, pour ne pas dire plus quand il hérite de la franchise « Divergente« . Franchise si merdique (il faut le dire) qu’elle fut même abandonnée par les studios avant son terme.

Lassé de ces échecs, Robert Schwentke est parti loin de Los Angeles et c’est en Allemagne qu’on le retrouve après deux ans d’absence. Deux ans et un retour aux sources qui lui aura été plus que bénéfique, puisque ce retour se fait avec ce film aussi fracassant qu’il est discret. Revenant sur un fait réel, avec « The Captain, l’usurpateur« , Robert Schwentke livre ici tout simplement son meilleur film. Un film incroyable, brutal, d’une violence infinie. Un film d’une puissance dévastatrice qui mettra très mal à l’aise son spectateur. Le choc est aussi fascinant qu’il est passionnant, tant il bouscule ce que l’on a pu voir sur la Seconde Guerre mondiale. Des retours comme celui-là, on n’en a pas vu énormément. Et des retours comme celui-là confirment bien qu’Hollywood, même s’il tient de vrais auteurs pour les commandes de Blockbusters, ne les laisse vraiment pas agir, car si « Divergente » avait eu cette tête-là, la franchise aurait été incroyable.

Avril 1945, quinze jours avant la fin de la guerre, le chaos se répand sur l’Allemagne du IIIe Reich. Les soldats désertent de plus en plus. Un jeune caporal de vingt ans, déserteur lui-même, va alors usurper l’identité d’un Capitaine, pour simplement essayer de survivre. Pour cela, il doit entrer dans la peau d’un Capitaine et alors qu’il se constitue une petite armée personnelle de déserteurs, il va peu à peu se laisser enfermer et piéger dans ce rôle, au point de lui-même commettre des crimes de guerre d’une atrocité sans nom…

« The Captain, l’usurpateur« , c’est la petite claque qu’on n’attendait pas et qui nous vient tout droit d’Allemagne. Visuellement épatant, esthétiquement magnifique, et nous invitant (si l’on peut appeler ça comme ça) à découvrir une des plus sombres histoires qui ont parcourues la Seconde Guerre mondiale, Robert Schwentke nous surprend pour le meilleur au point où l’on peut se demander si l’homme qui a réalisé ce film est le même que celui qui a sévi sur « Divergente« , tant les films sont aux antipodes les uns des autres.

Revenant sur un fait qui est loin d’être connu chez nous (je ne serais le dire de l’autre côté du Rhin), Robert Schwentke nous plonge et nous étouffe dans une Allemagne à feu et à sang, qui ne va pas tarder à rendre les armes. Le contexte est lourd et difficile, et l’intrigue que met ici en lumière le cinéaste va nous tenir les tripes les deux heures que dure le film.

« The Captain ... » est un film qui va mettre nos sentiments et nos convictions à mal. Tout commence avec un jeune homme courant comme un dératé à travers les champs, essayant par tous les moyens de ne pas se faire fusiller par une milice allemande. Ce jeune homme est un déserteur et l’histoire que nous raconte Robert Schwentke va alors faire passer ce jeune homme presque innocent, du camp des victimes, à celui de bourreau. Le sujet est passionnant, Robert Schwentke joue très bien, en début de film, avec la frontière entre la survie et la folie furieuse. Le personnage fait des choix extrêmes qui poussent à une certaine réflexion. Difficile de se mettre à cette place affreuse. Puis tout en douceur, au fur et à mesure des choix, l’intrigue se fait plus dure, plus violente, plus injuste, aussi touchante qu’insupportable. Peu à peu la folie s’empare des personnages et nos sentiments commencent alors à s’entrechoquer, tant le cinéaste arrive à nous mettre puissamment mal à l’aise.

Plus justement, ce film et cette affreuse histoire est l’occasion pour le réalisateur d’aborder la guerre, et comment cette dernière agit sur un homme. Où est la limite entre le bien et le mal ? Et surtout jusqu’où peut-on aller pour survivre ou inversement ? Le poids du mensonge et sa libération. Bref des sujets forts, qui sont ici partagés avec la plus féroce des radicalités et en même temps, la plus « tendre » des émotions, car malgré le malaise et les horreurs, « The Captain … » est tenu par un comédien impressionnant de justesse, Max Hubacher. Le jeune homme arrive à la perfection à faire sombrer son personnage.

« The Captain … », comme je le disais plus haut, est un film qui met terriblement mal à l’aise et ce malaise est aussi renforcé par une mise en scène incroyable. Une mise en scène qui a de la gueule, parcourue d’images fortes. Une mise en scène qui s’avère d’ors et déjà l’une des meilleures de Robert Schwentke.

Ce film est une redoutable plongée dans un monde sans vie, dans lequel le choix du noir et blanc ne fait que renforcer cette idée. Âpre, violent, spontané, on reste soufflé par la violence de plusieurs scènes, que ce soit dans leurs propos, leurs visuels ou encore ce qu’elles ne montrent pas. Robert Schwentke a souvent recours à la suggestion, un choix particulier et payant, qui renforce l’horreur des choix du personnage ou plus simplement l’horreur de la guerre.

Puis enfin, il est impossible après ce film de ne pas saluer le travail sur les effets spéciaux, et l’artifice, comme il est impossible d’oublier la sublime BO de Martin Todsharow.

Sorti dans moins d’une trentaine de salles, « The Captain, l’usurpateur » est une discrétion qui mériterait bien plus de lumière. En quittant Hollywood, Robert Schwentke retrouve sa superbe et nous offre un film bluffant, qui a la fâcheuse tendance à occuper nos pensées un bon bout de temps après sa projection.

Note : 16,5/20

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Par Cinéted

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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