avril 23, 2024

Zombillénium

De : Arthur De Pins et Alexis Ducord

Avec les Voix de Emmanuel Curtil, Kelly Marot, Alexis Tomassian, Mat Bastard

Année : 2017

Pays : France

Genre : Animation

Résumé :

Dans le parc d’attractions d’épouvante Zombillénium, les monstres ont le blues. Non seulement, zombies, vampires, loups garous et autres démons sont de vrais monstres dont l’âme appartient au Diable à jamais, mais en plus ils sont fatigués de leur job, fatigués de devoir divertir des humains consuméristes, voyeuristes et égoïstes, bref, fatigués de la vie de bureau en général, surtout quand celle-ci est partie pour durer une éternité… Jusqu’à l’arrivée d’Hector, un humain, contrôleur des normes de sécurité, déterminé à fermer l’établissement. Francis, le Vampire qui dirige le Parc, n’a pas le choix : il doit le mordre pour préserver leur secret. Muté en drôle de monstre, séparé de sa fille Lucie, et coincé dans le parc, Hector broie du noir… Et s’il devenait finalement la nouvelle attraction phare de Zombillénium ?

Avis :

Adapter de la bande-dessinée franco-belge semble tenir du suicide artistique. Il faut dire qu’entre Lucky Luke, Les Aventures de Spirou et Fantasio, Boule et Bill, Benoît Brisefer et j’en passe, nous ne sommes pas forcément gâtés. Et on oublie aussi Les Profs, parce que là, c’est le niveau zéro du cinéma.  Alors qu’est-ce qui fait qu’en bande-dessinée, ça cartonne et pas forcément sur un écran. La réponse est toute simple, les intrigues ne tiennent pas le route lorsqu’elles sont retranscrites pour le cinoche, soit elles sont trop naïves, soit elles dénigrent complètement le produit de base. Mais tout n’est pas à jeter dans ces adaptations. Il existe malgré tout certains résistants, comme par exemple Astérix et Obélix Mission Cléopâtre, mais le cinéma d’animation pourrait être salutaire. En atteste ce Zombillénium qui est à la base une série d’Arthur de Pins, génial dessinateur et scénariste. Son travail sur la série Péchés Mignons, qui parle de sexe avec des dessins enfantins tout en rondeur, est un exemple parfait d’une certaine maturité et d’un savoir-faire à nul autre pareil. En lui laissant la réalisation de Zombillénium, qui est son deuxième bébé, la production a fait un choix ingénieux.

Car Zombillénium aurait pu paraître inadaptable. L’histoire parle de monstres (zombies, vampires, loups-garous, squelettes, etc…) travaillant dans un parc d’attractions au nord de la France. Malheureusement, le parc est en désuétude et les gens « normaux » ne viennent plus prendre leur dose de peur. Sauf pour une attraction où un vampire sexy fait des apparitions. Lorsque Hector Sax décide de faire fermer le parc, il est tué par le gérant, un vampire et devient donc un employé du parc. Malheureusement, avec la crise, les vampires décrètent que les zombies doivent retourner en enfer et que le parc doit être exclusivement réservé aux vampires. Une guerre syndicale s’engage alors. Car oui, sous ses aspects bon enfant et tout mignon, Zombillénium possède de nombreux niveaux de lecture et si les enfants se régaleront du rythme et des aventures du métrage, les adultes auront leur petite dose de messages, ce qui fait de ce film une belle réussite.

La première chose qui frappe, c’est l’animation. Nous sommes loin des standards de chez Disney et consorts et c’est tant mieux. Zombillénium a une patte graphique certaine qui titille la rétine et qui lui offre un cachet unique. Si les décors peuvent sembler vides au tout début, il ne faut pas oublier que nous sommes dans le Nord de la France et proche du plat pays. Du coup, ce vide donne plus d’ampleur au parc qui va devenir le lieu principal de l’action. Et ce qui est étonnant avec ces graphismes, c’est que les humains font très monstrueux et que les monstres vont très joviaux. C’est-à-dire qu’il y a une sorte d’inversion des rôles qui s’opère et qui n’est pas anodine. A la façon d’un Guillermo Del Toro, la volonté est de montrer la monstruosité de l’humain, notamment avec ce vieillard qui tire sur ce qu’il ne connait (et lui fait forcément peur), et l’humanité des monstres, avec nos préoccupations habituels, comme le chômage ou la pénibilité du travail par exemple.

En dehors de ça, le plus important dans ce film, c’est cette volonté de créer deux, voire trois, niveaux de lecture. Le film est très riche en thématiques, que ce soit pour les enfants, comme pour les adultes, et c’est de plus en plus rare de nos jours. Bien évidemment, on va retrouver une relation père/fille très importante, surtout vers la fin, où le père prend conscience de son amour pour sa fille. Si ce thème est suffisamment rabattu, il donne une touche d’émotion au métrage. Pour les plus jeunes, le film s’évertue à démontrer qu’il ne faut pas avoir peur de l’inconnu, mais apprendre à le connaître pour le jauger. Et que le physique n’est en rien important dans les relations. Les vampires en sont l’exemple flagrant, puisque malgré leur notoriété et leur grande beauté, ils sont les grands méchants de l’histoire, arrogants et racistes. Bref, nos chères têtes blondes auront du grain à moudre, tout comme les adultes. Et c’est là un point fort du métrage, puisque certains thèmes ciblent particulièrement les parents. Entre les démarches syndicales (The Working Dead), le message politique, l’envers du décor quand on bosse dans un parc d’attractions ou encore les conditions de certains rebuts de la société, on a de quoi faire et tout cela a un réel écho à notre société.

Au final, Zombiellénium est une très belle réussite, aussi bien pour les enfants que pour les adultes. Entre une patte graphique atypique, une histoire à la fois touchante et intelligente et surtout plusieurs niveaux de lecture, avoir laissé le projet dans les mains de son créateur était la plus prodigieuse des idées. Alors certes, le film est très court mais il peut constituer une bonne entrée en la matière dans l’univers des monstres, sans pour autant effrayer. Bref, une jolie surprise, qui plus est, très rock n’roll avec une bande son qui s’essaye même au métal et au punk avec la voix de Mat Bastard, le chanteur de Skip the Use.

Note : 17/20

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Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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