avril 24, 2024

Revenge – Recette du Nanar aux petits oignons

De : Coralie Fargeat

Avec : Matilda Lutz, Kevin Janssens, Vincent Colombe, Guillaume Bouchède

Année : 2018

Pays : France

Genre : Thriller

Résumé :

Trois riches chefs d’entreprise quarantenaires, mariés et bons pères de famille se retrouvent pour leur partie de chasse annuelle dans une zone désertique de canyons. Un moyen pour eux d’évacuer leur stress et d’affirmer leur virilité armes à la main. Mais cette fois, l’un d’eux est venu avec sa jeune maîtresse, une lolita ultra sexy qui attise rapidement la convoitise des deux autres… Les choses dérapent… Dans l’enfer du désert, la jeune femme laissée pour morte reprend vie… Et la partie de chasse se transforme en une impitoyable chasse à l’homme…

Avis :

Bonjour chers amis, bonjour mesdames, bonjour messieurs, et bonjour à vous les enfants.

Aujourd’hui dans La Cuisine des Moustiquaires, nous allons vous enseigner la fabuleuse recette du Nanar aux petits oignons comme la préparait le célèbre chef Bruno Mattei.

 

Pour préparer un bon Nanar aux petits oignons, il vous faut :

 

Une réalisatrice qui s’enorgueillit de participer à la « Nouvelle Vague féministe du cinéma de genre français »

Un récit écrit en 10 minutes sous l’emprise de la drogue

Un personnage principal écrit à la machette qui passe pour une coconne qui a du bol avant de se transformer en Sarah Connor sans aucune raison (par exemple Matilda Lutz de Rings)

Deux acteurs français inconnus jouant en anglais comme des cochons avec moult grimaces

Un acteur belge jouant un américain en français comme un cochon avec un accent invraisemblable (vous prendrez bien garde à le faire tourner entièrement nu gratuitement lors de la scène finale de manière à simplement inverser les pires clichés sexistes des bandes d’exploitation pour éviter de proposer un film progressiste/féministe)

Une bonne louche de photographie dégueulasse issue d’une pub pour parfum

Quelques pincées de gros plans incongrus au ralenti pour donner une touche arty

Plusieurs tranches de plans gores techniquement irréprochables au service de rien

Cinq ou Six grosses poignées de dialogues débiles, d’incohérences et d’aberrations

Trois volumes d’absence de talent pour raconter une histoire

Un zeste de misogynie à se taper la tête contre les murs

Faites d’abord mariner le public en promettant un film différent dans le ton, mais dans la même lignée féminine (et féministe) que le Grave de Julia Ducournau. Vous ferez attention de tenir ce discours de manière légèrement pédante et orgueilleuse pour donner toute sa saveur au fiasco à venir.

Puis, contrez les attentes du spectateur en chauffant votre introduction à tout petit feu et en arrosant régulièrement d’une esthétique clinquante insupportable pour ne pas laisser la préparation prendre de goût. Ajoutez quelques pincées de détails machistes et une scène de fellation avec fessier masculin mais soumission féminine pour faire ressortir l’amertume.

Terminez cette première partie de cuisson par une scène de viol traité de manière banale et esthétique pour en retirer toute l’âcreté. Pour éviter définitivement de pimenter votre sauce, vous pouvez ajouter une lichette de symbolisme débile avec un gros plan au ralenti qui n’en finit pas sur une bouche en train de manger des oursons à la guimauve.

 

Une fois la première partie de la recette terminée, lorsque vous sentez que votre film commence déjà à puer la médiocrité dans toute la cuisine, vous pouvez commencer à ajouter les ingrédients n’importe comment, en alternant soigneusement les effluves outrageusement crétins et les stéréotypes à la fadeur extrême.

Si vous aviez commencé à faire tremper dans votre sous-texte la métaphore d’une pomme à moitié entamée laissée sur un bar, abandonnez-la avant de l’utiliser et préférez-lui la multiplication d’allégories bibliques parsemées sans queue ni tête sur la préparation (exemples : si votre pomme croquée par l’héroïne représentait le péché d’Ève ensuite bannie de l’Eden, crucifiez ensuite symboliquement celle-ci en l’empalant sur un arbuste après une chute de 10 mètres, sans la tuer bien sûr, et faites-lui brûler l’arbuste au briquet en guise de buisson ardent pour qu’elle se libère. Plus tard, vous pourrez aussi créer une scène de « résurrection » dans une grotte après un trip au peyotl – que vous aurez pris garde de faire vous-même pour arriver à écrire un truc pareil)

 

Faites revenir à la poêle les aberrations les plus juteuses pour les rendre croustillantes.

Laissez votre héroïne crapahuter dans le désert, courir, grimper, nager, et se battre avec une branche de part en part du ventre, en perdant des hectolitres de sang, mais sans jamais défaillir ou risquer une infection.

Pour donner un peu de goût à l’aventure, faites-la s’hydrater avec en tout et pour tout une canette de bière pendant 3 jours.

Et pour le côté fumé, faites-la cautériser sa plaie avec la même canette en fer blanc chauffée au feu de bois (vous prendrez bien garde à imprimer de cette façon le logo –à l’endroit- de ladite canette représentant un phénix, afin de donner un sous-texte bien lourd à l’évolution de votre héroïne)

Veillez à ce que votre mixture conserve son goût atroce tout au long de la projection en la faisant régulièrement trop cuire et en changeant anarchiquement l’intensité du feu.

Oubliez la gestion des distances et l’improbabilité de vos séquences, appuyez la fragilité de l’héroïne avec de nouveaux gros plans au ralenti abscons qui montre des fourmis tenter d’échapper aux gouttes de sang qui leur tombent sur le museau, puis transformez-la en commando terminator au gré des besoins du récit, faites durer plus que de raison une scène invraisemblable de morceau de verre profondément enfoncé dans un pied, en insistant bien sur les grimaces ridicules du pire de vos acteurs (Vincent Colombe semble être un bon choix).

Accumulez les plans et les concepts de réalisation tape à l’œil pour alourdir la préparation au fur et à mesure de la cuisson, et terminez par une note de renversement de l’objectification en dépoilant votre acteur principal (si possible un beau gosse comme Kevin Janssens)

 

Servez en alternant vos tranches de gore et de longues plages d’inepties, et saupoudrez du zeste de misogynie en allumant la télé sur une émission de télé-achat lorsque l’héroïne prend le contrôle de la situation.

 

Terminez en arrosant généreusement le tout de sang, quitte à faire perdre 50 litres à vos personnages dans une scène finale que n’aurait pas renié Benny Hill.

 

Vous devriez provoquer à la fois l’hilarité et le dégoût des spectateurs qui se souviendront longtemps, mais pas forcément pour les bonnes raisons, de votre film

 

Note : 15/20 avec des potes, de la bière et des pizzas

Mais 2/20 en vrai

[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=ZrLaJhyJBEo[/youtube]

 

par Corvis.

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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