mars 29, 2024

Troupe 52 – Nick Cutter

Auteur : Nick Cutter

Editeur : J’ai Lu

Genre : Horreur

Résumé :

Une fois par an, le chef scout Tim Riggs emmène un groupe d’adolescents sur Falstaff Island, en pleine nature canadienne, pour trois jours de camping. Et rien de tel qu’une bonne histoire de fantômes et le crépitement d’un feu de joie pour faire le bonheur de la joyeuse troupe. Mais lorsqu’un individu émacié, qui semble tout droit sorti d’un film d’horreur, débarque sur leur camp, réclamant de la nourriture, le séjour vire au cauchemar. L’homme n’a pas seulement faim. Il est malade. Un malade comme ils n’en ont jamais vu… et dangereux avec ça. Coupée du reste du monde, la troupe va devoir affronter une situation bien plus terrible que toutes les histoires inventées autour du feu. Pour survivre, ils devront combattre leurs peurs, les éléments, et se confronter à leur pire ennemi, eux-mêmes.

Avis :

La publicité, que ce soit au cinéma ou maintenant dans la littérature, c’est toujours à double tranchant. Soit c’est mensonger afin de vendre un maximum de bouquins en utilisant le nom de certains auteurs connus, soit c’est vraiment utilisé à bon escient. Avec Troupe 52 de Nick Cutter (qui est un pseudonyme), on se trouve devant un cas très particulier, puisque la pub utilise deux noms incroyables, Stephen King que l’on ne présente plus et qui aurait dit que ce livre l’a terrifié, ainsi que Brest Easton Ellis (American Psycho), qui parle aussi d’un grand livre d’horreur. La méfiance est donc de rigueur, mais nous ne sommes jamais à l’abri d’une bonne surprise. Est-ce le cas avec Troupe 52 ?

L’histoire se déroule sur une île déserte, pas très loin de North Point, une petite bourgade située au nord des Etats-Unis. Cette île inhabitée abrite un refuge de scouts où Tim Riggs, chef des scouts et médecin du village, accueille cinq adolescents de quatorze ans pour un petit weekend nature. Seulement, le premier jour, un bateau accoste l’île et à son bord en sort un homme extrêmement maigre et qui a très très faim. Le début du cauchemar commence pour Tim et ses scouts, puisqu’il semblerait que l’homme soit infecté par un ver solitaire génétiquement modifié et très vorace. Voilà le pitch de base qui pourrait ressembler à n’importe quelle série Z. Sauf que Nick Cutter va avoir l’intelligence de baser son récit non pas sur les effets gores (même s’il y en a et on reviendra dessus), mais plutôt sur la survie, l’entraide et la coopération entre scouts.

Avec ce drame, les protagonistes de l’histoire, qui seront rapidement délaissés par leur chef, vont devoir trouver de la nourriture, faire face à une tornade et surtout à des vers qui se reproduisent vite et qui ont tendance à être relativement fourbes. Le récit est très dynamique. On rentre rapidement dans le vif du sujet et les chapitres sont assez courts pour permettre une mise en action immédiate. Cela a pour but de rendre la lecture addictive et Nick Cutter possède un talent indéniable. Et ce qui pourrait ressembler à une histoire grotesque devient rapidement une histoire horrifique plausible et vraiment effrayante. Mais elle est efficace car l’auteur prend le temps de présenter chacun de ses personnages, de leur donner une identité et de ressentir de l’empathie pour certains d’entre eux. Alors oui, on rentre parfois dans des canons du genre, des clichés sur pattes, mais les évènements vont renverser les rôles et l’un d’entre eux va sortir du lot. On aura donc plaisir à suivre Kent, le meneur, le champion de football et dont le père est shérif, Ephraïm et ses coups de colère, Max, qui tempère tout le monde, Newton, le geek du groupe et qui doit faire face à toutes les moqueries à cause de son surpoids, et enfin Shelley, l’énigmatique adolescent qui prend plaisir à torturer les animaux. Tous ces protagonistes vont avoir droit à leur chapitre où on va en savoir plus sur eux, leur passé et leur passif, expliquant du coup leur mentalité et leur façon d’être.

Mais au-delà de ça, l’histoire est efficace car elle met en exergue nos craintes à tous, celle d’être infecté par quelque chose d’incurable et de quasiment invisible. Les vers sont partout et l’un des personnages va s’en servir pour faire le mal, offrant en plus une dimension psychologique à l’ensemble. D’ailleurs, par bien des aspects, nous ne sommes pas loin parfois de la paranoïa d’un The Thing par exemple. Et le roman joue donc sur plusieurs tableaux. En premier lieu l’infection et cette peur indéfectible de ce qui est invisible et dangereux, puis sur cette manipulation psychologique qui donnera lieu à des séquences gores et dérangeantes. Car si les vers sont dégueulasses, Nick Cutter ne va pas hésiter un seul instant pour produire des paragraphes d’une grande cruauté qui peuvent heurter. Le meurtre d’un chaton, par exemple, sera très cruel et presque insoutenable dans la précision de la description. Tout comme par la suite les supplices infligés à un scout qui se croit infecté. Bref, le roman est très cru, très rentre-dedans et il ne fait pas dans la demi-mesure. On trouvera aussi un aspect assez intéressant sur l’armée et les laboratoires pharmaceutiques. L’auteur en profite pour glisser quelques critiques d’un système qui profite des gens et qui n’a que faire de la perte de vies humaines, tant qu’il y a du profit et la possibilité de se faire un maximum d’argent, que ce soit pour créer une arme biologique ou un produit amincissant.

Au final, Troupe 52 est un roman très prenant et vraiment réussi. Mettant en scène de jeunes adolescents, l’auteur ne va pas pour autant adoucir son propos, bien au contraire, il va aller jusqu’au bout de son concept pour créer une peur sourde chez le lecteur. A la fois psychologique et purement violent, voire gore, Troupe 52 ne laisse pas indifférent, en plus d’être bien écrit et très dynamique. Bref, la publicité que l’on peut voir dessus n’est pas mensongère pour un sou et on se retrouve avec un excellent livre d’horreur dans les mains qui risque de filer des cauchemars à bien des âmes sensibles.

Note : 18/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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