avril 19, 2024

The Place Beyond the Pines

De : Derek Cianfrance

Avec Ryan Gosling, Bradley Cooper, Eva Mendes, Dane DeHaan

Année : 2013

Pays : Etats-Unis

Genre : Drame

Résumé :

Cascadeur à moto, Luke est réputé pour son spectaculaire numéro du «globe de la mort». Quand son spectacle itinérant revient à Schenectady, dans l’État de New York, il découvre que Romina, avec qui il avait eu une aventure, vient de donner naissance à son fils… Pour subvenir aux besoins de ceux qui sont désormais sa famille, Luke quitte le spectacle et commet une série de braquages. Chaque fois, ses talents de pilote hors pair lui permettent de s’échapper. Mais Luke va bientôt croiser la route d’un policier ambitieux, Avery Cross, décidé à s’élever rapidement dans sa hiérarchie gangrenée par la corruption. Quinze ans plus tard, le fils de Luke et celui d’Avery se retrouvent face à face, hantés par un passé mystérieux dont ils sont loin de tout savoir…

Avis :

Derek Cianfrance est un réalisateur qui a trouvé son rythme de croisière à partir de son deuxième long-métrage, Blue Valentine. Aimant prendre son temps pour réaliser des œuvres oniriques et qui ne laissent rien au hasard, le cinéaste propose un film tous les trois ans, qui sont souvent bien accueillis par le public comme par la presse. Blue Valentine avait permis de le mettre en lumière pour la première fois et de montrer sa patte fortement reconnaissable. L’homme aime les mélodrames, surtout quand ça touche la famille ou le couple. Et si Blue Valentine mettant en avant un joli couple amoureux, avec The Place Beyond the Pines, qui reste à ce jour son meilleur métrage, le réalisateur s’intéresse surtout à la relation père/fils, mais aussi à un destin immuable, comme si les choses non dites se transmettaient de génération en génération. Revenons donc rapidement sur cette jolie fresque.

Ce qui surprend le plus avec The Place Beyond the Pines, c’est la fluidité du métrage. Se concentrant sur trois destins intimement liés, le film va réussir le tour de force de passer d’un personnage à un autre dans une chronologie logique et avec une aisance qui frôle la perfection. Ainsi donc, on commence l’histoire avec Ryan Gosling dans la peau d’un cascadeur à moto qui va découvrir qu’il a un fils. Il va alors se retirer de son spectacle et essayer de s’occuper de ce fils qu’il n’a jamais connu. Malheureusement, l’argent faisant défaut, il va s’acoquiner avec un marginal et braquer des banques. Ce premier segment est certainement le plus touchant et le plus humain. On va y croiser une palette de personnages en marge de la société qui tentent de survivre et de se faire à ce monde qui va trop vite. Ryan Gosling est poignant dans ce rôle de père paumé qui veut rétablir les choses et certaines séquences sont d’une beauté émotionnelle évocatrice, comme cette photo prise en famille devant un drive-in. Ce segment joue donc sur la relation père/fils, sur la transmission, mais aussi sur ces erreurs du passé qu’il semble bien difficile à rattraper. La réalisation de Derek Cianfrance se fait très proche des personnages afin d’inclure le spectateur au sein de cette relation et au plus près de ce père de famille qui commet l’irréparable pour gâter son fils.

Le deuxième segment sera complètement différent. On va y suivre Avery, un flic qui a les dents très longues. Forcément très proche du premier personnage (pour des raisons que nous ne dirons pas pour ne pas spoiler), ce n’est pas tant la relation père/fils qui est évoquée ici, même si l’on va voir un père qui a du mal à se rapprocher de son fiston bébé et qui va certainement le payer par la suite, mais plutôt une relation d’adulte à adulte dans le cadre du travail. Si Avery est un homme ambitieux, il va aussi prendre des risques en tentant de faire tomber des collègues ripoux. Les émotions seront alors différentes. On va tout d’abord détester ce flic, puis, petit à petit, on va apprendre à l’apprécier, que ce soit pour sa morale (dont un joli duel avec Eva Mendes qui trouve son meilleur rôle) ou pour son honnêteté. Moins fort émotionnellement, cette deuxième partie demeure bien amenée et possède même un petit côté thriller qui n’est pas déplaisant.

La troisième partie, qui se déroule quinze ans plus tard, concerne les enfants des deux premiers protagonistes. On va donc y croiser un jeune un peu à l’écart au lycée, puis un autre qui possède tous les atours de la star de football. Ces deux âmes en peine vont se trouver, souffrant finalement pour une chose identique, l’absence d’un père. Ce que ces jeunes ne savent pas, c’est que l’absence de l’un des deux pères est due à l’autre paternel. Cela va nous sauter aux yeux, et on va voir le cheminement de l’acteur Dane DeHaan (absolument renversant dans ce rôle) pour découvrir la vérité et tenter de rétablir un semblant de justice. C’est sur cette partie que le film tape très fort, renouant avec l’émotion, mais aussi et surtout mettant en avant un message, celui que l’on ne peut rien contre le destin et que les enfants rejouent inlassablement les mêmes erreurs que leurs parents. On aura donc droit à un passage de flambeau pas très reluisant, mais d’une puissance émotive folle, notamment à cause de l’injustice vécue. Et le plus frappant dans tout ça, c’est que ces trois parties sont intimement liées, formant une boucle sans imperfection et montrant toute la prouesse narrative du réalisateur.

Au final, The Place Beyond the Pines est un très grand film, une fresque dramatique à la fois touchante et révoltante, qui tente de sonder l’âme humaine et qui pose des questions intéressantes. Il s’agit d’un film où les rôles sont inversés, avec un bandit qui ne vole que pour faire le bien et un flic qui est prêt à tuer pour monter dans sa hiérarchie, renversant ainsi les icones et changeant notre perception du monde. C’est un film qui prend son temps pour raconter son histoire, essayant d’être au plus proche des personnages pour faire ressentir au mieux des émotions brutes. Bref, c’est un grand film.

Note : 18/20

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Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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