mars 29, 2024

L’Affaire Dominici

De : Claude Bernard-Aubert

Avec Jean Gabin, Victor Lanoux, Max Amyl, Michel Bertay

Année : 1973

Pays : France, Italie, Espagne

Genre : Drame

Résumé :

Une famille de touristes anglais est massacrée sur une route de Provence. Une enquête est ouverte au terme de laquelle Gaston Dominici, qui habitait une ferme toute proche, est condamné à mort…

Avis :

Réalisateur de tous les travers tant il n’a pas la langue dans sa poche, Claude Bernard-Aubert fut d’abord reporter de guerre pendant l’Indochine, avant de retranscrire une partie de ce qu’il a vu et vécu dans un premier film. Ses premiers films tombent sous le coup de la censure. S’il connaît du succès dans le cinéma dit traditionnel, il faut aussi savoir qu’au milieu des années 70, jusqu’au milieu des années 80, en parallèle, sous le pseudo de Burd Tranbaree, Claude Bernard-Aubert réalisera bons nombres de films pornographiques.

Mais pour l’heure, revenons avec ce qui est l’une de ses œuvres les plus connus, puisque Claude Bernard-Aubert, en 1973, a mis en boite sa vision de la mystérieuse « … affaire Dominici« . Emporté par un Jean Gabin prodigieux, le réalisateur livre là un réquisitoire incroyable contre la justice de ce pays. Un réquisitoire dont André Cayatte peut être jaloux !

« L’affaire Dominici » est un film qui fait froid dans le dos, tant ici, cette vision de l’enquête, enchaîne les manquements, les mensonges et les avis tout fait. Prenant jusqu’à sa scène finale totalement inattendue, « L’affaire Dominici » remue les choses, dénonce, pointe du doigt, pose des questions intéressantes et pousse à la réflexion !

04 Aout 1952, les corps d’une famille anglaise qui campait sur le bord de la route sont retrouvés, froidement abattus à l’arme de guerre. Non loin de là se trouve la ferme de la famille Dominici. Très vite, le commissaire Edmond Sébeille soupçonne la famille Dominici et après un an et demi d’enquête, ce dernier, sans aucune preuve, avec seulement des « qu’en dira-t-on », arrête Gaston Dominici, le patriarche de la famille…

« L’affaire Dominici » est l’une des plus grandes affaires non résolues du siècle précédent. Enormément de rumeurs, encore plus de mensonges et des personnages dignes des meilleurs scénarios, il était presque logique que l’affaire soit portée à l’écran, et finalement, c’est bien plus que ça qui va se produire, puisque la dite affaire n’a de cesse de titiller les curiosités et elle fut portée au cinéma, à la télévision, en série, sur les planches, et l’on trouvera même une BD qui lui est consacrée. Bref, presque une institution, qui si elle trouve ses racines la nuit du 04 Aout 1952, trouvera une sorte de nouveau départ avec ce premier film qui lui est consacré.

Ayant pris le parti de dénoncer toutes les malversations de l’enquête, ainsi que de laver le nom de Gaston Dominici, le film de Claude Bernard-Aubert s’avère captivant de par ce point de vue. Un point de vue qui ne sera peut-être pas le plus objectif, c’est vrai, mais qui a le mérite de soulever de bonnes choses.

S’appuyant sur un excellent scénario, le réalisateur livre là un film qui dénonce, tout en n’oubliant pas de se faire divertissant, intriguant, allant même jusqu’à être théâtral dans sa dernière partie. Le procès est excellent dans ce sens !

Instructif, avec un sentiment de documentaire, « L’affaire Dominici » de Claude Bernard-Aubert intrigue, passionne et surtout n’épargne personne. Tout le monde en prend pour son grade, justice, police, journaliste, média, avocat, et même la famille Dominici. Tenant une ambiance sombre et tendue, le film de Claude Bernard-Aubert laisse entrevoir une urgence à traiter l’enquête. On sent que pour la justice et pour ce commissaire, il y a plus derrière et malgré les incohérences, malgré le manque flagrant de preuve, ainsi que de mobile, tout est fait pour amener à cette solution.

Ce film, c’est comme un livre ouvert où les personnages ont envie de voir et surtout de croire ce qu’ils veulent et finalement, la vérité, s’il y eut vérité un jour, se perd dans les méandres d’un mensonge, qui conduira à un naufrage qui ne laissera aucune solution et réponse. Et c’est d’autant plus plaisant que le film n’a pas vraiment vieilli.

Si l’intrigue et la réalisation de Claude Bernard-Aubert sont excellentes, « L’affaire Dominici« , c’est aussi et surtout Jean Gabin dans la peau du patriarche de la famille et c’est un véritable festival que l’acteur nous offre là. Incroyable, drôle et fragile, naïf, et en même temps mystérieux, un brin inquiétant, l’acteur est bluffant de bout en bout et ne serait-ce que pour lui, le film mérite d’être vu et revu. Gabin est aussi accompagné par un casting de jeunes premiers excellents, desquels on reconnaîtra, Gérard Depardieu, Victor Lanoux, ou encore Jean-Pierre Castaldi. Mention pour Paul Crauchet génial en inspecteur tenace, têtu et obtus.

Je me suis donc pris de passion et d’intérêt à découvrir cette célèbre affaire, à travers un film qui certes, s’il est clairement axé, arrive aussi bien à être constructif, intéressant, cohérent dans son point de vue, divertissant, étonnant (la dernière scène est un point d’honneur à ce réquisitoire) et percutant. Jean Gabin est au-delà du jeu d’acteur dans ce film. Bref, Claude Bernard-Aubert livre donc un bon film, qui pousse à la curiosité sur cette affaire.

Note : 15/20

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Par Cinéted

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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