avril 23, 2024

Un Cadavre au Dessert

Titre Original : Murder by Death

De : Robert Moore

Avec Eileen Brennan, Truman Capote, James Coco, Peter Falk

Année : 1976

Pays : Etats-Unis

Genre : Comédie, Policier

Résumé :

Lionel Twain convie les cinq meilleurs détectives du monde dans sa demeure pour un petit jeu morbide. En effet, quand sonneront les douze coups de minuit, un meurtre sera perpétré et les enquêteurs devront alors trouver le coupable ! Le gagnant de cet étrange concours remportera la somme de million de dollars…

Avis :

Quand on évoque un crime dans un manoir isolé, on songe soit à un huis clos fantastique, soit à une intrigue policière qui n’est pas sans rappeler des classiques, comme l’œuvre d’Agatha Christie. La qualité du scénario étant primordiale pour se prêter au jeu plaisant du whodunit. Tout l’intérêt réside dans la capacité du spectateur à trouver la clef de l’énigme et donc le coupable ; de préférence avant que le dénouement ne survienne ou que les personnages ne la découvrent. Avec Un Cadavre au dessert, ces fondamentaux sont détournés sous forme d’une comédie policière qui préfère la dérision à la parodie. Un choix judicieux pour ce qui s’impose comme une initiative rare dans le domaine.

Car la démarche n’est pas de reprendre des séquences particulières de métrages sur un thème précis pour former un pastiche de bas étage. Ici, l’aspect humoristique n’est pas prétexte à une intrigue bâclée ou secondaire au regard des situations cocasses en devenir. Autre différence avec des productions où le sexe semble régir les fous rires des spectateurs : l’idée de base. Certes, le contexte et le cadre évoquent Dix petits nègres ou même Cluedo et son adaptation cinématographique ; elle-même pourvue d’un ton comique. Pour autant, il s’agit surtout de la caractérisation des personnages qui tient lieu d’inspiration générale pour le concept initial.

Chaque intervenant convié au manoir est une caricature soignée d’un éminent enquêteur. Les plus flagrants sont bien entendu Hercule Poirot pour Milo Perrier, Miss Marple pour Jessica Marbles ou encore Sam Spade pour Sam Diamond. Les amateurs de polars et de romans noirs remarqueront également la présence d’un ersatz de Nick Charles (Dick Charleston) et, plus exotique, de Charlie Chan avec le truculent Sidney Wang. Bien que pour ce dernier les traits soient trop exagérés et ridicules pour dépeindre un Asiatique. Toujours est-il que cette galerie de portraits hérite surtout de l’éminente réputation de leurs homologues. Quant à leurs compétences, elles sont bien moins probantes pour accentuer le côté incongru de la chose.

Et dans l’absurdité, le film de Robert Moore excelle. L’improbabilité des situations et le sens de la déduction mis à mal donnent lieu à des séquences farfelues parfaitement assumées. Certes, ce n’est pas toujours drôle. Certains éléments vieillissants demeurent relativement anodins, pour ne pas dire naïfs. Pour autant, la finesse des échanges et le simple fait de se concentrer sur son thème principal sans s’égarer font que l’on se prête au jeu avec un entrain non feint. De par son atmosphère un rien désuète et raffinée, ses portraits hauts en couleur et ses dialogues, Un cadavre au dessert évoque davantage une production britannique qu’américaine.

Quant à la progression de l’enquête, elle est bien agencée en proposant suffisamment de variété et de pistes à approfondir pour ne pas s’ennuyer. L’exploration du manoir, l’analyse des indices ou encore les révélations distillées au compte-gouttes… Tout se mêle parfaitement à une succession de quiproquos, de passages loufoques. Le scénario est de qualité, surtout en comparaison de ce qui se fait actuellement dans le domaine. Au regard d’une conclusion à tiroirs (ou à masque) d’une rare extravagance, on pourrait craindre des incohérences. Même dans ces ultimes retournements et détournements de situation, le récit demeure, si tant est que l’on adhère à ce sens de l’humour.

Au final, Un cadavre au dessert s’avance comme une comédie policière exquise. Jouant de mystères et d’absurdités, ce métrage délaye une ambiance farfelue, souvent improbable, mais fidèle à elle-même. Il en émane un charme tout particulier, à condition de se laisser porter par le côté gentillet des blagues. Un aspect comique qui réussit à s’intégrer dans un contexte avant tout sérieux et pragmatique. Le soin apporté à l’histoire et aux personnages demeurent des éléments essentiels dans la bonne appréciation du film. À quelques détails près, tout concourt donc à passer un agréable moment en compagnie d’une comédie un peu plus cérébrale qu’à l’accoutumée.

Note : 14/20

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Par Dante

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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