avril 20, 2024

Ten Years After – A Sting in the Tale

Avis :

On dit souvent que c’est dans les vieux pots que l’on fait les meilleures confitures. Et malgré la chute du disque et l’apparition en masse de jeunes groupes voulant se tailler la part du lion, certains groupes plus anciens essayent tant bien que mal de survivre dans ce monde sauvage. Si on met de côté les tauliers du genre comme Metallica ou encore AC/DC qui peuvent être considérés comme des papys du rock ou du métal, d’autres groupes, encore plus anciens, continuent de jouer et de sortir des albums. C’est le cas par exemple de Ten Years After. Et cela ne nous rajeunit pas. Fondé au début des années 60 par la rencontre du guitariste Alvin Lee et de Leo Lyons qui s’occupait de la basse, le groupe connais un véritable essor durant le Woodstock de 1969. Suite à une prestation de folie, le groupe gagne en reconnaissance et l’album Cricklewood Green, le cinquième, sorti en 1970, devient un énorme succès. Manque de pot, le groupe se sépare cinq ans plus tard, mais continue, durant les années 80, à se regrouper pour faire quelques concerts et même sortir un album. Rien ne laissait présager que le groupe allait continuer à faire des disques, et pourtant, malgré de nombreux changements de line-up, Ten Years After existe encore, tourne et enregistre, comme le prouve ce douzième album qui annonce un changement de chanteur/guitariste et de bassiste. Alors à quoi avons-nous affaire ?

Le skeud débute avec Land of the Vandals et cela annonce directement le changement de direction du groupe. Nous ne sommes plus dans du blues rock classique, mais bel et bien dans une sorte de rock sudiste, faisant immédiatement référence à Lynyrd Skynyrd. Est-ce un mal ? Clairement non. Ce premier morceau accroche l’oreille, laisse entendre une belle voix granuleuse, une guitare qui maîtrise parfaitement son sujet, un clavier un peu discret mais qui ne demande qu’à éclater et une jolie ligne de basse. Un premier titre efficace, qui donne rapidement envie de bouger avec son côté groovy et chaud et cela fait vraiment plaisir de voir un groupe, qui accuse pourtant plus de cinquante ans d’existence, de prendre des risques, au point de se mettre des fans de la première heure à dos. Et du bon vieux gros rock puissant, le groupe en mettra quelques exemples dans cet album, avec par exemple Retired Hurt, qui tarde un peu à se réveiller, mais qui en met plein les oreilles durant le refrain et qui offre un titre finalement touchant et où chaque instrument trouve parfaitement sa place. On peut aussi citer le classique mais fort sympathique Suranne Suranne, qui renoue avec un rock bluesy intemporel qui fonctionne toujours. Encore une fois, on ne peut qu’être admiratif devant le talent des musiciens, même lorsqu’ils font le minimum.

Pour autant, le groupe ne se repose pas sur ses lauriers et propose quelques pistes très travaillées et d’une belle mélancolie. On peut évoquer le morceau blues Miss Constable, qui laisse beaucoup plus de place au clavier et qui possède un rythme assez lent, presque funky, laissant aussi une belle ouverture pour la voix du nouveau chanteur Marcus Bonfanti. Mais ce sera surtout le morceau suivant qui marquera les esprits. Avec Up in Smoke, le groupe place une ballade sudiste sublime, qui touche au plus profond, malgré, il est vrai, un classicisme un peu facile et qui peut décevoir les puristes. Cependant, c’est très bien exécuté et il faut être de mauvaise foi pour ne pas être touché par ce titre. Cette émotion, on la retrouve sur d’autres pistes, comme par exemple Stoned Alone, qui joue plus sur la mélancolie, mais qui le fait de manière parfaite. C’est doux, c’est beau et cela évoque le bon son des années 70. D’autant plus que c’est sur ce morceau que le chanteur fait un bel étalage de sa voix et c’est juste parfait. Alors oui, tout n’est pas parfait dans cet album et on pourrait même dire qu’il est trop classique. Mais il faut être sacrément couillu pour pondre, en 2017, un album assez ancré dans les années 70, avec tout ce qui englobe le rock, à savoir une gratte bien entendu, mais surtout un clavier omniprésent et une volonté de ne pas se plier à la mode ou aux fans.

Au final, A Sting in the Tale est un excellent album de pur rock à tendance blues. Ten Years After prouve avec cette galette à quel point les années 70 manquent cruellement dans leur insouciance et leur inventivité, ne se pliant à aucun code, hormis celui de se faire plaisir sans oublier les amateurs de musique. Ce douzième album est d’une grande classe, alternant les morceaux rock avec des titres plus blues et ne cédant pas aux cloches de la modernité. Un disque intemporel qui fait du bien en 2017.

  1. Land of the Vandals
  2. Iron Horse
  3. Miss Constable
  4. Up in Smoke
  5. Retired Hurt
  6. Suranne Suranne
  7. Stoned Alone
  8. Two Lost Souls
  9. Diamond Girl
  10. Last Night of the Bottle
  11. Guitar Hero
  12. Silverspoon Lady

Note : 18/20

[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=muBwPjg_9yk[/youtube]

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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