mars 19, 2024

Le Souper des Maléfices – Christophe Arleston

Auteur : Christophe Arleston

Editeur : J’ai Lu

Genre : Fantasy

Résumé :

Les agents de Slarance ont tous été assassinés. Dernière d’entre eux, Zéphyrelle se voit confier sa première mission par le dynarque : mettre à jour les trafics qui empoisonnent la cité et déstabilisent son économie avec l’importation d’un blé étrange… Une dangereuse enquête la conduit du monde des tavernes à matelots aux plus feutrés cabinets du pouvoir. Mais l’intervention inattendue d’un cuisinier amoureux et de son grimoire de recettes magiques va compliquer l’affaire.

Avis :

Dans le monde de la Bande-Dessinée, Christophe Arleston est connu comme le loup blanc. Il faut dire que son travail de scénariste sur des séries aussi cultes que Lanfeust de Troy, Trolls de Troy, Les Naufragés d’Ythaq ou encore Les Forêts d’Opale, fut remarqué et qu’il a acquis une certaine notoriété dans le milieu, en plus d’une carte blanche chez les éditions Soleil. Mais quand on regarde la qualité de ces albums sur la durée (hormis Lanfeust qui a eu l’intelligence de s’arrêter au bout de huit tomes), on voit bien que certaines choses ne collent pas et que parfois, on frôle l’indigestion. Et c’est assez drôle de parler d’une maladie gastrique quand on évoque Le Souper des Maléfices, puisque c’est un roman que nous propose là Christophe Arleston et qu’il parle de cuisine, entre autre. Cependant, le travail sur un roman est totalement différent d’un travail de scénariste de BD et est-ce que l’auteur réussit le passage entre les deux ?

Le Souper des Maléfices ne change pas tellement de l’univers dont nous a habitués l’auteur. On nage en pleine fantasy, soit une sorte de Moyen-Age fantasmé avec ce qu’il faut d’assassins, de bestioles étranges, de magiciens, d’alchimistes ou encore de machines improbables. D’ailleurs, l’univers de ce roman est assez générique et pourrait parfaitement d’insérer dans un univers comme celui de Troy. On retrouve tous les ingrédients chers à l’écrivain et une tonalité qui montre bien sa patte. Ainsi, nous sommes en plein dans un roman bourré d’humour et de références drôles, qui arrivent souvent à point nommé. Et c’est un grand changement avec son travail sur la BD puisque Christophe Arleston tombait souvent à plat dans ses vignettes alors qu’ici, il tombe souvent juste et l’ensemble est vraiment très amusant. Entre des dialogues de sourd, des situations grotesques ou encore des moments gênants entre scène de sexe et passage derrière les fourneaux, l’auteur n’oublie rien, tente tout et ça marche.

D’ailleurs, la principale force de ce récit, c’est clairement les personnages qui sont tous attachants et créent une forte empathie avec le lecteur. Zéphyrelle est une jeune femme intrépide, qui mène l’enquête tambour battant et qui s’amuse d’un rien. Le seul reproche que l’on pourrait lui faire, c’est qu’on n’a pas peur pour elle, même dans les situations les plus cocasses. Fanalpe quant à lui, est un cuisinier hors pair qui va tomber follement amoureux d’une garce qui se dit être la nièce d’une dynarque dominant la cité de Slarance. Ce personnage est très fort, souvent drôle dans sa démence amoureuse, mais là aussi, on pourrait lui faire un léger reproche, il se sort de tous les mauvais coups malgré son statut de cuistot. Néanmoins, ce duo fonctionne à merveille et on aime suivre leurs aventures, tout d’abord séparément, puis ensemble. Le seul petit point noir qui vient entacher le tableau, c’est qu’il manque un vrai méchant charismatique. Dans ce roman, on ne sait jamais qui c’est, puisque cela nous est révélé qu’à la fin, un peu à la façon d’un policier, mais il manque certains antagonistes pour enlever le tout.

Par contre, il y a un point qui est tout simplement génial dans ce roman, c’est son intrigue. Il ne faut pas s’attendre à des hordes de gobelins, des dragons ou encore des combats dantesques contre des armées ennemies. Le Souper des Maléfices est beaucoup plus fin que cela puisqu’il parle d’un ennemi intérieur qui a choisi d’affamer la population ou de lui faire boire une bière infecte qui tue les habitants à petit feu. Le fait de ne point faire de fantasy dite ordinaire montre toute l’intelligence de son auteur à produire un récit qui peut devenir angoissant, mais qui reste aussi probable et tout aussi accrocheur. L’enquête que mène Zéphyrelle est toujours intéressante, se relançant sans arrêt, et à quelque part, le repas que veut préparer Fanalpe permet de découvrir de nouvelles choses sur un fait que lui-même ignore. Le duo fonctionne parfaitement, mais par-dessus tout, c’est clairement l’intrigue qui donne des galons à l’histoire. D’autant plus que les références culinaires fusent de partout et que la plume de Christophe Arleston est assez incisive pour marquer le lecteur assez longuement.

Au final, Le Souper des Maléfices est un roman très original et fort plaisant. Refusant de faire un récit classique de Fantasy avec ce qu’il faut de créatures immondes, l’auteur décide de mélanger cuisine et enquête policière pour un résultat aux petits oignons, même s’il manque un méchant plus charismatique ou un retournement de situation moins abrupt. Mais ne faisons pas la fine bouche, ce roman a fort bon goût.

Note : 15/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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