mars 19, 2024

Nous Sommes Là – Michael Marshall

Auteur : Michael Marshall

Editeur : Bragelonne

Genre : Thriller

Résumé :

Lorsque David bouscule un inconnu à New York, ce qu’il entend va changer sa vie pour toujours : Souviens-toi de moi. À présent, des phénomènes étranges ne cessent de se produire, et David ne parvient pas à se départir de l’impression que quelqu’un l’observe. Puis John et sa compagne Kristina viennent en aide à une amie se sentant suivie en permanence. En creusant un peu, ils déterrent quelque chose d’inimaginable. Il existe des êtres cachés dans l’ombre, qui observent, attendent. Prêts à sortir…

Avis :

S’il faut bien reconnaître une qualité à l’œuvre de Michael Marshall, c’est son originalité. Une prise de risques presque constante qui débouche sur des histoires singulières, parfois incomprises, parfois confuses, mais mises en avant par un style percutant et une approche audacieuse. Moins prolifique (et connu) que certains de ses confrères, il n’en demeure pas moins un auteur aux talents multiples qui s’épanouit aussi bien dans la science-fiction, l’horreur ou, en l’occurrence, le thriller. La complexité de ses intrigues tend occasionnellement à perdre son lectorat. Pourtant, c’est cette même complexité qui parvient à générer un suspense permanent propre à entretenir une atmosphère sans commune mesure à ses récits.

Avec Nous sommes là, il reprend des thématiques similaires à celles qui ont fait le succès des Intrus. Le pitch évoque une œuvre paranoïaque qui explore les côtés du quotidien que l’on ne voit pas, à commencer par des présences indiscernables. D’aucuns diraient invisibles ou intangibles. En ce sens, l’entame met en place les tenants de fort belle manière en distillant des éléments susceptibles d’épaissir le mystère initial. Le harcèlement se décline sous la forme de filatures, d’ombres noyées dans l’obscurité, de vagues silhouettes… Bref, tout ce qui peut amener le lecteur à s’engouffrer sur une piste ou une autre. Connaissant l’écrivain et son passif, on devine des intentions sous-jacentes aussi subtiles qu’étonnantes.

Qui plus est, Michael Marshall joue constamment sur le fil du rasoir entre le thriller paranoïaque et le fantastique. Un choix qui n’est pas pour déplaire, mais se veut moins maîtrisé qu’escompté. Au lieu de faire progresser l’histoire et d’emporter le mystère vers de nouvelles sphères de réflexions, le rythme s’englue dans une redondance inopportune. Petit à petit, les scènes empruntent le même schéma. Elles dépeignent un quotidien similaire, et ce, malgré la diversité des points de vue et des protagonistes. Dès lors, on a l’impression que l’ensemble stagne et s’appesantit sur la présence omnipotente de ses êtres qui sont là, qui nous surveillent.

Des discussions stériles, des passages qui s’étirent en longueur ou se montrent curieusement trop bavards, des réflexions plus ou moins profondes sur ce qui définit la réalité, la société… Nous sommes là, c’est également un livre qui propose des intermèdes pas forcément nécessaires pour venir grossir son épaisseur. On côtoie du très bon avec une grande lucidité sur certaines questions, notamment les rêves d’enfance, le pouvoir et la permanence des pensées. Mais on a aussi droit à du moins bon, tel que les considérations sur la vie après la mort. Le manichéisme et le dogmatisme font peur à contempler. En gros, selon nos actions, nous nous rendons au Paradis pour les gentils et en Enfer pour les autres. Ni plus ni moins !

Outre le sentiment d’impuissance qui en émane, la trame s’avère beaucoup moins alambiquée, moins travaillée dans sa forme. Le fond, lui, égrène les révélations sporadiques selon son bon vouloir, multiplie les fausses pistes et équilibre mal les points fondamentaux de l’intrigue. Ceux-ci surviennent rarement dans des moments pertinents. Le fait que l’on sombre dans le fantastique n’est, encore une fois, pas un défaut, mais cet aspect joue davantage sur la facilité des explications, au détriment de motivations autrement plus inquiétantes. Ici, l’étrangeté même de l’ouvrage tient plus à l’alternance des suppositions sur la nature des êtres « invisibles » qu’à leurs véritables desseins.

Au final, Nous sommes là est un roman en demi-teinte, pour ne pas dire décevant. Malgré un excellent départ, un style immersif et quelques bonnes idées, l’intrigue tourne rapidement en rond selon un schéma prédéfini assez simpliste. Le suspense des premières pages cède la place à de curieuses expositions qui tendent à perdre le lecteur. D’abord dans le vocabulaire avec des termes incompréhensibles pour le non-initié. Puis par la mythologie qui se révèle progressivement. Les explications fournies, elles, sont tout aussi discutables, car elles contredisent l’approche rationnelle des premières pages, sans vraiment s’en départir. Michael Marshall nous livre un roman inconstant qui se veut un ersatz peu inspiré des Intrus.

Note : 12/20

Par Dante

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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