avril 25, 2024

1984

De : Michael Radford

Avec John Hurt, Richard Burton, Suzanna Hamilton, Cyril Cusack

Année : 1984

Pays : Angleterre

Genre : Science-Fiction

Résumé :

Manipulant et contrôlant les moindres détails de la vie de ses sujets, Big Brother est le chef spirituel d’Oceania, l’un des trois Etats dont la capitale est Londres. Le bureaucrate Winston Smith travaille dans l’un des départements. Mais un jour il tombe amoureux de Julia, ce qui est un crime. Tous les deux vont tenter de s’échapper, mais dans ce monde cauchemardesque divisé en trois, tout être qui se révolte est brisé.

Avis :

Excellent et trop peu connu réalisateur anglais, originaire de l’Inde, Michael Radford a commencé sa carrière de cinéaste dans un domaine engagé puisque ses premiers films ont bien souvent eu des airs de critiques. Si son premier, « Les Cœurs captifs« , est oublié et introuvable aujourd’hui, les suivants ont marqué et demeurent des pièces de valeur dans la filmographie du réalisateur.

Adapté du roman éponyme de George Orwell, Michael Radford livre là un film effroyable qui fait froid dans le dos. Film d’anticipation, critique virulente des médias, mais aussi de la politique, avec ce film Michael Radford ne fait pas dans la demi-mesure. Prenant, passionnant, bouleversant, terrifiant, pertinent, « 1984 » est dur, pousse à la réflexion et en même temps offre un vrai plaisir de cinéma, avec notamment une ambiance et des décors parfaits. Bref, une belle claque.

Big Brother, c’est l’homme qui dirige d’une main-forte et répressive Océania. Le pays est en guerre contre bien d’autres nations, et dans le pays, pour éviter tout débordement et autres rebellions, les habitants sont surveillés en permanence et les règles imposées par Big Brother sont strictes. Ainsi, la libre pensée et le libre abrite n’existent plus, tout comme l’amour et les sentiments, si ce n’est l’amour envers le dirigeant d’Océania.

Winston Smith est un bureaucrate parmi tant d’autres, sauf que lui, sans vraiment le savoir, aspire à autre chose et surtout plus de choix de penser. Un jour, Winston tombe amoureux de Julia, ce qui est un crime absolu.

« V pour Vendetta« , « Brazil« , « Equilibrium« , sont tous tirés ou inspirés du roman de George Orwell. Bien sûr, à cette petite liste, il faut rajouter toutes les adaptations du roman, dont celle de Michael Radford est la cinquième.

Pour son deuxième film, Michael Radford a décidé de frapper un grand coup et s’aventure dans un film aussi complexe que casse-gueule tant on pouvait craindre des excès et des caricatures. Mais aussi casse-gueule qu’était le projet, le cinéaste remporte son pari haut la main en nous entraînant dans un film radical et oppressant.

« 1984 » est un film dense, riche, varié, qui ne laissera personne indifférent. C’est un film qui s’enferme dans son monde, comme il piège ses habitants dans une société punitive qui restreint tout. Mais si le film est renfermé sur lui-même, Michael Radford aura aussi su le rendre accessible. Certes contemplatif et lent, il n’en est pas moins prenant, et même perturbant. Avec ce film, Michael Radford pose des réflexions sur les influences, la soumission, la consommation, la liberté de penser et le libre-arbitre. Le film interroge sur les sentiments et l’homme, et surtout l’ignorance de la société, allant jusqu’à tenir des propos difficiles, voire inimaginables, ce qui les rend d’autant plus terrifiants.

Le film est donc tenu par un scénario extraordinaire qui a le souci de la description, Michael Radford s’attarde (sans trop en faire) sur cette société de surveillés. D’ailleurs, la mise en scène va dans ce sens, puisqu’on a l’impression en permanence que les personnages sont observés de loin, et si l’on extrapole plus encore, le film donne la sensation désagréable que les habitants seraient surveillés par nous tant le cinéaste pousse un voyeurisme oppressant et malsain dans ses choix de mise en scène.

Le film est donc tenu par un scénario qui fait office de bombe, mais ce « 1984 » éblouit encore plus, car le fond s’allie à la forme. Avec « 1984« , bienvenue dans un pays ravagé, détruit et oppressé. Décors et ambiance sont aussi hypnotiques qu’ils font froid dans le dos. De plus, Michael Radford nous a réservé une belle tension qui tient tout au long et parcourt son film de scènes folles. On pense bien entendu à l’ouverture du film ou encore la dernière demi-heure. « 1984 » dégage aussi une certaine poésie tragique, offrant une romance bouleversante et deux amants si beaux. Deux amants tenus par John Hurt et Suzanna Hamilton. On notera aussi parmi les comédiens l’immense Richard Burton dans un dernier rôle (le comédien est mort un mois après la fin du tournage) énigmatique qu’il embrasse à bras le corps.

Enfin, notons que le score de tout le film a été co-composé par le groupe Eurythmics et là encore, c’est une belle réussite, offrant des sons étranges et fascinants qui habillent et soulignent comme il le faut le film et les émotions des personnages.

Bref, je ne serais dire si le film de Michael Radford est une bonne adaptation de livre de George Orwell, mais en terme de cinéma, de plaisir et de réflexion, ce « 1984 » est une œuvre forte, puissante et extrêmement intéressante. Intelligente dans son fond, magnifique et dérangeante dans sa forme et tenu par des comédiens incroyables, le film est riche et ne dévoile pas toutes ses subtilités, ses messages et ses critiques au premier coup d’œil.

Note : 17,5/20

[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=Z4rBDUJTnNU[/youtube]

Par Cinéted

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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