mars 19, 2024

L’Hayden T.01 – Le Secret d’Eli – Julie Muller Volb

Auteur : Julie Muller Volb

Editeur : France Loisirs

Genre : Fantasy

Résumé :

Depuis le décès de son père, Mila vit sous la tutelle de sa sœur, Elisabeth, qui gère une maison d’hôtes. Alors que de mystérieux incendies ravagent plusieurs établissements de la ville, Mila fait connaissance avec un charmant pompier, Jeremiah, qui se trouve être leur pensionnaire. Troublée par ce jeune homme qui souffle avec elle le chaud et le froid, Mila voit aussi se multiplier autour d’elle des faits étranges. Une prétendue amie de sa sœur qui débarque blessée et en danger, des tatouages trop ressemblants pour que ce soit le fruit du hasard, et bientôt le départ précipité d’Eli, sans explications… Aidée par son ami Liam, Mila mène l’enquête et ses investigations la conduisent jusqu’à un saule rose, lieu de passage vers un monde surprenant et surnaturel. Confrontée à tous les dangers, Mila découvre alors d’inimaginables secrets à propos de sa famille.

Avis :

Le prix de l’Imaginaire nous a dévoilés, il y a peu, son nouveau vainqueur ! Après Edwen le monde des Faës en 2016, c’est au tour de L’Hayden de nous être conté et, sans le cacher, c’est plutôt une déception. Les éditions Nouvelles Plumes nous avait habitués à des lectures vraiment enrichissantes, originales bien que parfois attendues à certains moments, très rythmées et intéressantes. L’Hayden, quant à lui, est long à se mettre en place et est même ennuyeux dans sa première partie (du début du livre aux pages 140 environ) : on ne voit pas où l’auteure veut en venir, on ne sait toujours pas quel est le thème ni quels sont les fondements de l’intrigue, il ne se passe pas grand-chose et on suit simplement les personnages dans leur vie quotidienne sans que des informations vraiment croustillantes nous tombent dessus.

Poser les personnages et les situations de chacun de manière calme peut être vu comme une première partie agréable et apaisante. Cependant, certains lecteurs avides d’aventures se sentiront vite lassés et abandonneront peut-être même L’Hayden pour se plonger dans un autre imaginaire plus foisonnant et plus vivifiant. Le lecteur passionné et chevronné continuera tout de même pour  essayer de comprendre et en espérant qu’il se passera enfin quelque chose à un moment donné. Ce qui finit par arriver.

Cette première réelle phase d’actions qui marque le début de l’histoire en tant que telle, est longue à lire et met en avant des personnages agaçants et clichés. Effectivement, des brutes épaisses sans cervelle apparaissent au fil des mots et illustrent parfaitement les méchants ridicules que l’on a souvent trop rencontrés au cours de nos lectures d’antan. Même si ce genre de personnages peut encore faire rire, ils finissent par disparaître progressivement des romans pour adultes qui se veulent plus réalistes et moins stéréotypés. Dans ce roman, les réflexions des acolytes stupides ne font pas spécialement sourire tant elles sont attendues et ordinaires. Cette phase est au final peu passionnante : on sait très bien quelle sera sa finalité et le nombre de pages pour enfin nous y mener finit vraiment par frustrer.

Mila, le personnage principal, peut plaire comme déplaire, il n’y a pas de demi-mesure. La narration est à la première personne, ce qui nous fait être constamment dans ses pensées et questionnements, et ces derniers se font nombreux. La jeune fille semble être constamment dans l’émotion et n’apparaît pas vraiment comme une personne réfléchie. On la sent surexcitée, curieuse, capricieuse et ses réactions exaspèrent par moment, notamment celles liées à ses sentiments amoureux ou celles  en corrélation avec elle-même. On la sent en manque de confiance, se dévalorisant à la moindre occasion, et cela ne serait pas gênant si Mila réfléchissait plus souvent avant d’agir ou de parler. On a beaucoup de mal à s’attacher à elle : son caractère n’a pas été exploré en profondeur et son hyperactivité débordante ne laisse voir d’elle que son côté immature alors qu’elle a beaucoup plus à offrir. Son âge (17 ans) n’a rien à voir avec tout ceci. Des romans adolescents tels qu’Hunger Games ou Harry Potter, amènent des réflexions et des points de vue plus aboutis et plus captivants, avec des personnages au charme et au charisme indéniables.

Son histoire d’amour avec Jeremiah est peu touchante tant on ne sent pas pleinement la teneur des émotions qui les submergent quand ils sont ensemble. Ils semblent tout à la fois proches et éloignés, comme si une barrière invisible les empêchait de s’atteindre l’un l’autre. De plus, toutes les retenues physiques qu’ils s’infligent continuellement ne sont même pas compréhensibles. On a plus la sensation d’être en face d’une histoire d’amour de collège plutôt que celle d’une fin de lycée.

Les autres personnages ne sont pas non plus spécialement attachants. Le lecteur ne les atteint qu’en surface et cela ne permet pas une immersion complète. Le livre ne prend pas le temps de présenter en profondeur les personnalités d’Elizabeth, de Wilbert ou de Liam, ce qui est bien dommage.

L’originalité de ce roman repose principalement sur l’univers d’Hayden. Les créatures et paysages qu’il préserve sont vraiment magiques et pleins de fantaisie comme on aime. Cependant, la description de ses lieux, coutumes, et habitants, manquent cruellement de vie. Les informations ne nous sont données que par l’intermédiaire d’un personnage, en réponse aux multiples questions de Mila, et non en liaison avec l’action ou une découverte particulière. Cette façon de faire limite les interactions avec l’univers et met une distance entre le lecteur et l’imaginaire créé. Les informations données sont tout de même passionnantes et on veut rapidement en savoir plus.

Les actions et intrigues du roman ne sont pas très originales. Les méchants apparaissent trop stéréotypés et peu développés, les dénouements semblent parfois trop simples et donnés d’avance et l’histoire manque de réalisme. Les scènes d’actions nous sont flouées de par le point de vue de Mila, clairement pas combattante, et certains passages sont inutilement longs.

L’Hayden est un monde riche qui mérite que l’on s’intéresse davantage à lui. Néanmoins, il manque cruellement de réalisme et de profondeur, à tel point que l’on a la sensation que seuls les personnages principaux peuplent ce monde alors que de nombreux autres êtres sont sensés y vivre.

Note : 10/20

Par Lildrille

Lildrille

Passionnée d’imaginaire et d’évasion depuis longtemps, écrire et lire sont mes activités favorites. Dans un monde souvent sombre, m'évader et fournir du rêve sont mes objectifs. Suivez-moi en tant qu'auteure ici : https://www.2passions1dream.com/. Et en tant que chroniqueuse aussi là : https://simplement.pro/u/Lildrille.

Voir tous les articles de Lildrille →

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.