avril 19, 2024

Prophets of Rage – Prophets of Rage

Avis :

Faire un supergroupe est toujours délicat, car il n’est pas dit que l’osmose entre membres de divers groupes trouve une certaine résonance. Si en règle générale cela donne des formations plutôt sympathiques comme Chickenfoot ou Them Crooked Vultures, on est jamais à l’abri d’un accident industriel. Concernant Prophets of Rage, les premiers sons sortis étaient plutôt réjouissants, voire carrément enthousiasmants, tant le groupe dégageait une volonté de faire bouger les foules autant que les mentalités. Car il ne faut pas oublier que le groupe s’est formé suite à l’élection de Donald Trump et qu’il se veut révolutionnaire. Sous l’impulsion de Chuck D de Public Enemy et de B-Real de Cypress Hill, le groupe sera complété par le DJ de Public Enemy et par tous les membres du groupe de Rage Against the Machine (sauf Zack de la Rocha qui déclina poliment l’invitation). Bref, tous les ingrédients furent réunis pour fournir une machine de guerre incroyable, une batterie rechargée à bloc qui ne connaîtra jamais de baisse de tension et ce premier skeud était attendu au tournant par de nombreux fans. Le résultat est-il à la hauteur de nos espérances ? Les premiers échos mitigés sont-ils justifiés ? Pour nous, la réponse est clairement non. Car avec ce premier album éponyme, Prophets of Rage nous rappelle un temps révolu, où la musique devait signifier quelque chose et pas seulement faire bouger les foules d’incultes.

Le skeud débute avec Radical Eyes qui pose les bases de ce que sera l’album dans sa globalité. C’est-à-dire un rapport très étroit avec le passif de Rage Against the Machine, aussi  bien dans la rythmique que dans le rap du chant, et cette sublime alternance entre couplet entrainant et refrain surpuissant, d’une grande simplicité, mais prenant directement aux tripes. Le titre rentre très rapidement en tête et s’avère d’une efficacité incroyable, donnant inévitablement envie de sauter dans tous les sens. Unfuck the World, qui suit ce titre, fait partie des meilleurs choses de cet album. Avec une légère intro qui n’est pas sans rappeler Killing in the Name, le morceau gagne en puissance et offre encore une fois un refrain d’une redoutable efficacité, offrant ainsi un morceau mémorable et qui véhicule en plus des valeurs universelles, telles que le refus de tout racisme et la volonté d’éduquer tout le monde. Parmi les morceaux les plus marquants, on peut aussi citer Hail to the Chief, qui est un titre pour la paix durable et universelle et qui peut se targuer d’une guitare omniprésente et maîtrisée, comme seul sait le faire Tom Morello. Enfin, il est très difficile de passer outre les trois derniers morceaux de l’album que sont Who Owns Who, Hands Up et Smashit, trois titres surpuissants, entrainants et dotés d’une ligne de basse à tomber et de solos de guitare absolument dantesques. Bref, trois hits en puissance qui permettent de terminer l’album avec un certain goût de reviens-y.

Alors on pourrait faire un petit reproche à l’album, c’est de se reposer un peu sur ses lauriers et sur les différentes fanbases existantes. Mais le groupe propose tout de même des morceaux qui sortent de l’ordinaire et qui fait sortir la formation de sa zone de confort. On peut par exemple parler de Legalize Me qui est titre plutôt rock avec une voix transformée et qui s’éloigne des standards du groupe, sans jamais perdre de vue une rythmique puissante et entrainante. On peut aussi parler de Take me Higher et son début hispanique, et qui va se poursuivre dans une sorte de funk complètement décomplexée mais qui accroche immédiatement malgré son incongruité au sein d’un tel album. Mais comme c’est techniquement irréprochable et qu’en plus de cela, le titre est résolument dansant, l’ensemble marche parfaitement. Par contre, certains titres sont un poil moins forts et on pense notamment à l’interlude Counteroffensive qui ne sert à rien, ou encore à Fired a Shot, qui ment un peu sur sa volonté, promettant une envolée de puissance, mais qui s’épuise rapidement, ou encore Living on the 110 qui manque de moments accrocheurs et qui donc marque moins les mémoires. Cependant, c’est bien peu de choses quand on regarde la qualité globale de cet album.

Au final, le premier album de Prophets of Rage tient toutes ses promesses et peut-être même plus. Politique à mort, nerveux à souhait et parfaitement maîtrisé dans sa playlist, le supergroupe offre un skeud quasiment parfait qui nous évoque bien évidemment les années RATM, mais à quelque part, offre aussi un peu de nouveauté dans un paysage assez morose, entre album conventionnel et morceaux qui n’ont aucun intérêt de réflexion. Bref, Prophets of Rage livre certainement l’un des albums de l’année.

  1. Radical Eyes
  2. Unfuck the World
  3. Legalize Me
  4. Living on the 110
  5. The Counteroffensive
  6. Hail to the Chief
  7. Take me Higher
  8. Strength in Numbers
  9. Fired a Shot
  10. Who Owns Who
  11. Hands Up
  12. Smashit

Note : 18/20

[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=6ad4MH7fMLs[/youtube]

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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