mars 19, 2024

Wild Fell – Michael Rowe

Auteur : Michael Rowe

Editeur : Bragelonne

Genre : Horreur

Résumé :

Sur les rives désolées de Blackmore Island, Wild Fell tombe en ruine. La vieille demeure a résisté aux assauts des saisons depuis plus d’un siècle et gardé ses terribles secrets. Depuis cent ans, les habitants locaux prient pour que les ténèbres piégées à l’intérieur de Wild Fell y restent. Jameson a acheté la propriété avec l’intention d’y prendre un nouveau départ. Mais l’entité qui l’attend dans la maison est fidèle aux ombres qui y règnent. Elle a attendu Jameson toute sa vie… ou même plus longtemps.

Avis :

Quand on évoque les grands récits de fantômes ou de maisons hantées, on songe à des atmosphères prégnantes, une galerie de personnages inoubliables, ainsi que d’autres éléments notables qui restent ancrés dans les mémoires. Parfois, certaines histoires tendent à imposer un rythme volontairement lent ou contemplatif pour développer leur propos. En soi, ce n’est pas un mal. Il s’agit même d’une composante nécessaire pour jouer sur l’aspect psychologique de l’intrigue. Et la peur ? Certains romans en sont dépourvus, mais ce n’est pas pour autant qu’ils sont ratés. Leurs atouts se situant dans une narration sensible, un contexte émotionnel particulier. Pourtant, tous ces aspects évoqués brillent par leur absence dans Wild Fell.

On pourrait s’attarder sur une structure peu encline à une bonne évolution. Malgré la faible épaisseur du livre (moins de 300 pages), l’intrigue se montre d’une rare complaisance dans l’exposition des faits. Une quarantaine de pages pour dépeindre une vulgaire noyade précèdent des élans nostalgiques qui viennent gangréner la suite du récit. Sans que l’on sache trop pourquoi, le narrateur évoque ses souvenirs d’enfance, ses frasques avec sa meilleure amie, ses altercations avec ses camarades de colo… De contradictions en situations ennuyeuses, on se détache progressivement de l’histoire. Hormis la volonté d’endormir la vigilance du lecteur et de marcher sur les plates-bandes de certaines histoires de Stephen King (Ça ou Stand by me), il n’y a aucune finalité à ressasser ces événements.

De plus, le style est lourd à plus d’un titre. Des phrases rallongées artificiellement par des précisions tout aussi dispensables. Des tournures grotesques. Des descriptions laborieuses et passablement interminables. Et n’oublions pas quelques absurdités littéraires qui tendent vers la prose poétique, mais dont le seul effet demeure un grand point d’interrogation qui flotte dans notre tête. Un exemple ? Le plus flagrant reste cette manière ridicule de dépeindre la fatigue du protagoniste et que ce même épuisement l’empêche de se souvenir qu’il s’endort. Outre la lourdeur d’une telle remarque et son absence totale d’intérêt, personne ne conserve pareille réminiscence à l’esprit, car l’on en est tout bonnement incapable. Il aurait été plus censé d’axer ce passage sur l’oubli du rêve ou l’incapacité à délimiter la frontière du réel de l’imaginaire.

Bref, le roman se ponctue constamment de ces petits détails agaçants qui, à défaut d’imagination et de réel talent, viennent sortir le lecteur de sa torpeur. Car, entre-temps, il faut patienter au deux tiers de l’histoire pour entrer dans le vif du sujet. Enfin, presque. Il s’agit seulement d’un premier contact avec la maison. L’on espère que malgré les nombreuses errances évoquées jusque-là, la centaine de pages restantes sera en mesure de rattraper cette évolution léthargique. On peut s’attrister que les raisons de notre vaillant personnage soient légitimées par quelques sombres non-dits de son passé, même s’il s’est largement étendu dessus. En vérité, l’auteur demeure volontairement évasif pour brouiller les pistes.

Et quelles pistes ! De prétextes fallacieux en anecdotes sorties de nulle part, Jameson enquête sur une maison dont il ignore tout. Encore une fois, l’absence de motivations et le fait d’enchaîner les séquences avec une incohérence sans commune mesure anéantit le peu d’espérance qu’on pouvait placer en ce livre. Et n’escomptez pas quelques manifestations paranormales pour rehausser l’ensemble. Une vague impression d’être observé, des fenêtres qui se ferment seules, des cauchemars érotiques… Cet amoncellement d’inepties débouche sur un dénouement proprement ridicule. Cela finit de rendre la totalité de cet ouvrage aussi vain qu’absurde avec son lot d’illogismes et de facilités qu’il entraîne dans son sillage.

Au final, Wild Fell est une œuvre honteuse, proche de l’escroquerie. Derrière les belles paroles d’illustres auteurs et sa couverture remarquable (l’originale comme la française), le roman de Michael Rowe se révèle d’une vacuité insondable. Des dialogues redondants et sans vie, des situations inutiles qui s’enlisent, un personnage principal benêt et transparent, une écriture pesante et jamais dans le ton… C’est bien simple, on ne ressent qu’un profond agacement à tourner les pages, dont on devine que la suivante est encore plus soporifique et pénible que la précédente. Et ce n’est pas les tragédies dépeintes en bout de course qui attendrira cette impression de s’être fait flouer depuis le début. Si c’est là un « futur classique » ou « un roman fantastique de première classe », la littérature fantastique peut en effet trembler, mais pour la médiocrité omnipotente qui émane de cet ouvrage et les critiques élogieuses dont il bénéficie.

Note : 04/20

Par Dante

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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