avril 16, 2024

Le Salaire de la Peur

De : Henri-Georges Clouzot

Avec Yves Montand, Charles Vanel, Peter Van Eyck, Folco Lulli

Année : 1952

Pays : France, Italie

Genre : Aventure, Action, Thriller

Résumé :

En Amérique Centrale, une compagnie pétrolière propose une grosse somme d’argent à qui acceptera de conduire deux camions chargés de nitroglycérine sur 500 kilomètres de pistes afin d’éteindre un incendie dans un puits de pétrole. Quatre aventuriers sont choisis et entament un voyage long et très dangereux…

Avis :

Il y a deux ans, un certain « Sorcerer » d’un certain William Friedkin a été réhabilité pour notre plus grand plaisir. Chef d’œuvre maudit de la carrière du réalisateur américain, il faut savoir que son « Sorcerer » était le remake du « … salaire de la peur » de Henri-Georges Clouzot. Mais avant Friedkin, Henri-Georges Clouzot avait déjà eu le droit à un autre remake moins connu encore, puisqu’en 1958, Howard W. Koch en a fait une adaptation avec « Violent Road« .

Mais aujourd’hui, fini de parler des remakes, même si on vous conseille grandement le film de William Friedkin. Non, aujourd’hui, c’est bien sûr de son original dont je vais vous parler, car la version d’Henri-Georges Clouzot est elle aussi un véritable bijou de cinéma.

Tendu comme il se doit, Henri-Georges Clouzot nous livre-là un film incroyable qui nous tient pendant deux heures et demi en tension, alors même que l’on en connait déjà la fin. Un vrai tour de force, qui en prime n’a pas vraiment vieilli.

En Amérique centrale, une station pétrolière vient de s’enflammer et l’incident est incontrôlable. Le seul moyen d’arrêter le feu est de provoquer une explosion qui ensevelirait les flammes. Le moyen le plus simple est d’utiliser la nitroglycérine que la société possède. Le problème, c’est qu’elle se trouve à cinq cent kilomètres de l’incendie et que ladite société n’a pas de transport sûr pour le produit. Le manager offre donc une forte somme d’argent à plusieurs hommes pour transporter la nitro en camion à travers les routes dangereuses de la région.

« Le salaire de la peur » est une aventure aussi passionnante qu’elle est cauchemardesque pour ses personnages. Divisé en deux grandes parties, Henri-Georges Clouzot nous livre là un film fleuve qui va prendre le temps d’exposer sa situation, ses personnages et cet appât du gain qui les attire.

La première partie est un petit modèle de réussite, notamment dans l’ambiance poisseuse et misérable. D’emblée, le réalisateur nous immerge dans le quotidien de ses personnages et il va prendre tout le temps dont il a besoin pour nous les présenter. On appréciera la spontanéité des personnages, même si certains, dans leurs réactions, sont assez antipathiques. Mais bon, il faut aussi recontextualiser le film, et même si ce sentiment antipathique se répète plusieurs fois dans le film (notamment la relation entre Yves Montand et Vera Clouzot), on lui pardonnera facilement face à toutes les qualités que le film détient. Des qualités qui l’amèneront peu à peu vers le chef d’œuvre lui aussi.

Puis arrive la seconde partie, qui va être d’une tension incroyable. Chaque scène est un danger qu’on ressent à tout instant. Henri-Georges Clouzot nous enferme dans un film impitoyable qui deviendra presque étouffant.

Cette seconde partie explore le danger et l’homme face à celui-ci et le réalisateur nous fait vraiment survivre avec ces personnages (Clouzot filme tellement bien la peur et la tension sur leur visage). Chacun d’eux vient de loin, et chacun d’eux a la même motivation, celle de se sortir de la situation dans laquelle leurs propres choix les ont emmenés et chacun d’entre eux, même les plus antipathiques, deviendra alors touchant. On se surprend à espérer leur réussite, on se surprend à retenir notre souffle à chaque bosse, comme eux-mêmes le font. Bref, Henri-George Clouzot a vraiment tout compris au cinéma et sait comme tenir son public et l’on reste éblouit, quand on sait que le film convole doucement vers ses soixante-dix ans.

Ce cauchemar palpitant, on va le vivre en compagnie de grands acteurs qu’Henri-George Clouzot a parfaitement su diriger. Même si, personnellement, j’ai trouvé Yves Montand plutôt antipathique à plus d’une reprise, l’acteur reste incroyable dans son rôle, arrivant à être touchant. Et sa dernière scène est tout à fait exceptionnelle. Pour lui tenir compagnie, on pourra compter sur l’excellent Charles Vanel, qui trouve là un rôle magnifique, et l’un des plus touchants du film. « Le salaire de la peur« , c’est aussi l’amusant Folco Lulli ou encore les sublimes yeux de Vera Clouzot.

Henri-George Clouzot est l’un des plus grands réalisateurs qu’on ait connu qui nous laisse un héritage fabuleux et c’est un pur plaisir de découvrir peu à peu ses films. « Le salaire de la peur » est un très grand film, aussi prenant qu’intelligent dans la peinture qu’il fait de ces hommes ou du contexte dans lequel se trouve le pays où se déroule l’intrigue. C’est un film qui offre un spectacle qui demeure encore fascinant malgré son grand âge, ainsi qu’un superbe film qui interroge sur la nature de l’homme, sur ses choix et ses peurs.

Note : 18,5/20

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Par Cinéted

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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