mars 28, 2024

L’Armée des Morts

Titre Original : Dawn of the Dead

De: Zack Snyder

Avec Sarah Polley, Ving Rhames, Jake Weber, Mekhi Phifer

Année : 2004

Pays : Etats-Unis

Genre : Horreur

Résumé :

Personne ne peut expliquer comment tout cela est arrivé, mais ce matin, le monde n’est plus qu’un immense cauchemar. La population de la planète se résume désormais à une horde de morts vivants assoiffés de sang et lancés à la poursuite des derniers êtres humains encore en vie. Après avoir miraculeusement réussi à s’échapper de son quartier, Ana Clark se barricade avec un petit groupe de survivants dans un centre commercial. André et sa femme enceinte, Michael et Kenneth, officiers de police, vont tout faire pour rester vivants. Alors que dehors, la situation est de pire en pire, à l’intérieur, il faut aussi faire face aux peurs et aux démons de chacun.

Avis :

Qu’est-ce qui définit un remake ? Quand on regarde le film de Zack Snyder, on peut se poser la question. On sait pertinemment qu’un remake, c’est remettre au goût du jour un ancien film, afin qu’il colle plus à son temps et améliore donc le poids du sujet. Sauf que parfois, un film n’a pas besoin d’un remake tant il se suffit à lui-même. Zombie de George A. Romero n’avait pas vraiment besoin d’une remise en beauté, le métrage étant suffisamment équivoque sur sa portée sociale, même aujourd’hui. Société de consommation, bas instincts mis en avant, déshumanisation progressive, tous ces messages étaient déjà forts auparavant et ils le sont encore aujourd’hui. Du coup, L’Armée des Morts pourrait se voir comme un film inutile, essayant vainement de marquer le coup dans une année où le mort-vivant bat son plein (Resident Evil, Undead, 28 Jours Plus Tard, The House of the Dead…). Mais c’était sans compter sur le talent de son réalisateur, qui signe ici son premier film, et qui finalement occulte le côté sociétal pour en faire un film plus explosif, plus bourrin, mais relativement efficace.

L’Armée des Morts souffre, il est vrai, d’un contexte social transparent et vain. Il faut dire que Zack Snyder n’est pas réputé pour être un intellectuel et cela se voit à travers sa caméra. On peut y voir quelques fulgurances comme l’instinct grégaire des zombies qui se rendent au supermarché ou encore les quelques réactions purement égoïstes des personnages pour percevoir la vacuité des humains, mais cela reste en filigrane durant tout le film sans pour autant susciter de la réflexion chez le spectateur. On remarquera d’ailleurs la psychologie de comptoir du cinéaste lorsque le chef de la sécurité, alors fait prisonnier par les occupants du centre commercial à cause de sa paranoïa, s’en remet à un magazine féminin pour comprendre que pour bâtir une relation solide, il faut de la confiance. Cela vulgarise un peu l’œuvre et ne l’aide pas à arriver au niveau du film culte de Romero. Bien au contraire, on trouvera même quelques longueurs lors des discours des protagonistes, racontant leur vie autour d’un dîner, essayant d’apporter une certaine profondeur à certains personnages forts sans que cela impacte sur notre ressenti. Alors oui, CJ est un personnage badass bien qu’un peu con. Oui, Jake Weber campe un homme attachant et crédible, simple, mais on aura du mal à s’attacher à lui, la faute à une relation trop lente avec l’héroïne du film. Bref, le film perd en puissance émotionnelle et intellectuelle par rapport à l’original.

Mais faire un remake, c’est aussi y apposer sa patte pour rendre un certain hommage à l’œuvre d’origine sans pour autant s’effacer, ce que fait très bien Zack Snyder. L’Armée des Morts est un film jouissif qui bénéficie d’un rythme ultra soutenu et de séquences gores qui montrent que les effets de maquillage restent au-dessus du tout numérique. Si certaines explosions font un peu kitsch (le film accumule quand même maintenant plus de treize ans), le reste des effets spéciaux sont toujours aussi bluffants. Les zombies sont bien foutus et les blessures font mal. On appréciera donc le bébé zombie, la grosse femme qui est en train de succomber à ses blessures ou encore la jeune nana qui se fait tronçonner de part en part. Les amoureux de l’hémoglobine en auront pour leur argent. Mais finalement, le plus intéressant n’est pas cela, c’est bien la survie entre les personnages qui prévaut. S’il y a des tensions au sein du groupe, on se prendra d’affection pour certains d’entre eux, dont Ving Rhames ou encore Sarah Polley. Ce n’est pas tant leurs personnages qui nous tiennent en haleine (et on ne sera même pas touchés s’ils meurent dans le film) mais leur psychologie, leur façon de penser et de remonter la pente malgré les horreurs. Snyder arrive à capter différentes métamorphoses psychiques dans son métrage, de l’amoureux transi prêt à tout pour sauver sa femme et son bébé, au chef de la sécurité repenti qui va accepter toute l’aide venue pour sauver ce qui reste d’humanité. Et c’est peut-être là que le film gagne ses galons, en plus d’un rythme effréné et de séquences marquantes (L’accouchement du bébé dans des éclairages bleutés).

Au final, L’Armée des Morts est un film de zombies réussi même s’il n’a de remake que le nom et le lieu, c’est-à-dire le centre commercial. Zack Snyder s’émancipe du premier modèle pour abaisser le message acerbe sur la société de consommation et faire un film plus bas du front mais diablement efficace, gagnant en action et en séquences gores. Bien évidemment, le film de George A. Romero reste bien au-dessus, car il arrive à cumuler le divertissement et la réflexion sur la condition humaine, mais le film de Zack Snyder reste divertissant et a le mérite de rehausser le niveau en matière de zombie durant l’année 2004, qui sera marquée par des films de morts-vivants de piètre qualité, et c’est déjà pas si mal.

Note : 16/20

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Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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