mars 19, 2024

Hellraiser – Clive Barker

Hellraiser-de-Clive-Barker

Résumé :

Il avait enfin résolu le puzzle de la boîte de Lemarchand.
Il se tenait sur le seuil d’un nouveau monde de sensations exacerbées. D’ici quelques instants, les Cénobites – qui ont passé l’éternité à la recherche de la sensualité ultime – seraient là. Ils allaient pouvoir lui révéler les secrets les plus sombres qui le transformeraient pour toujours.
Mais avec les plaisirs les plus exquis viendront une douleur sans pareille. Afin d’échapper à ses tortionnaires, et de retourner dans son monde, il allait avoir besoin de l’aide de sa belle-sœur, Julia, la femme qui l’aimait. Mais par-dessus tout, il allait avoir besoin de sang…

Avis :

Il est parfois des auteurs qui ne nécessitent aucune présentation tant leur renommée est grande, même pour ceux qui ne s’intéressent pas à leur œuvre. Leur simple nom évoque foultitudes d’images dans l’esprit des lecteurs ou des spectateurs. Au même  titre que  Stephen King ou Graham Masterton, Clive Barker fait figure d’incontournables parmi les inconditionnels de la culture horrifique. À la fois romancier, dramaturge, peintre et réalisateur, l’homme aux multiples talents nous a desservi de véritables références en la matière. Nous sommes ici pour nous poser sur l’une d’entre elles : Hellraiser.

Bien que la pièce maîtresse de son œuvre ait avant tout marqué les cinéphiles avec l’auto-adaptation en 1987, Hellraiser est à l’origine un court roman d’un peu plus de 150 pages, comme quoi, il n’est nul besoin de pavé pour s’imposer. Il suffit d’un concept novateur et d’un talent de conteur indéniable pour créer une histoire immersive et prenante. Pourtant, il aura fallu vingt longues années pour que Hellraiser soit enfin traduit en français. On ne reviendra pas sur les méandres insondables de l’édition pour tarder à nous offrir ce petit bijou. Aussi, penchons-nous sur ce qui nous intéresse. La réputation du livre le précédant, est-il à la hauteur des fantasmes tordus qui occupent notre esprit ?

Tout débute avec l’histoire de Frank, un homme en quête de plaisirs nouveaux, qui percent les secrets d’un mystérieux cube et rencontrent des créatures terrifiantes : les cénobites. Il disparaît sans laisser de traces et Rory, son jeune frère, emménage avec Julia, sa compagne. C’est alors que Frank parvient à communiquer avec Julia et lui réclame des sacrifices pour récupérer son corps… Hellraiser est avant tout un roman d’ambiance où, bizarrement, le cœur de l’intrigue (les cénobites et leur monde de souffrances) occupe une place presque secondaire. Un peu comme si cette histoire était la pièce d’un puzzle, ce que ne manqueront pas d’exploiter des producteurs peu scrupuleux avec de trop nombreuses suites (la saga compte à ce jour 9 films).

De prime abord, l’on songe que le récit n’est pas forcément surprenant dans sa finalité. On croit deviner ce qu’il adviendra lors du dénouement, mais Clive Barker happe le lecteur grâce à une force narrative exceptionnelle. D’une part, l’on retrouve tous les ingrédients de son univers macabre. Du gore, de l’érotisme, de la souffrance. Mélangez le tout et vous obtiendrez un cocktail savoureux, dérangeant, un brin masochiste. L’auteur capte l’attention en exploitant des thèmes qui interpellent, à savoir l’horreur et le sexe. Cela peut paraître basique, mais il les magnifie pour créer des œuvres uniques.

À côté de cette signature évidente, l’on retiendra des protagonistes à la fois antipathiques et psychologiquement faibles et instables. L’on se plaît à détester ces personnages égoïstes, envieux et insatisfaits de leurs conditions. De fait, on éprouve un plaisir coupable à leur calvaire. La confrontation avec des individus influençables et lâches n’en est que plus délectable. L’on s’interroge alors sur la véritable nature des cénobites. Est-ce des entités maléfiques se complaisant dans un enfer bien réel ou la manifestation de nos démons intérieurs ? Sans doute un peu des deux. Chacun se fera son propre avis. L’auteur laissant libre cours à l’interprétation du lecteur.

Outre le cadre de la vieille demeure à rénover (qui n’est pas sans rappeler les histoires de fantômes), l’atmosphère étouffante est magnifiée par un style d’écriture très particulier. Clive Barker manie les mots avec un talent rare et nous offre des passages poétiques en total contraste avec ce que l’on imagine. L’inspiration des métaphores rivalise d’inventivité avec les « plaisirs » inédits fomentés par les cénobites. En somme, le roman est à la fois un pur moment d’effroi, mais également une belle leçon de littérature (n’en déplaise à certains).

Bref, Hellraiser mérite amplement sa réputation de pièce maîtresse dans l’œuvre de Clive Barker. Grâce à une ambiance angoissante, des personnages marquants (que l’on se plaît à détester), une histoire immersive et un style d’écriture singulier et envoûtant, ce court roman pose les bases d’un univers fantasmé dérangeant, empreint d’érotisme et de souffrances. En somme, Clive Barker exploite les ficelles de l’horreur sans complaisance et avec brio. Un petit bijou qui a sa place dans les incontournables de la culture horrifique.

Note : 17/20

Par Dante

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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