avril 25, 2024

Moi, Moche et Méchant 3 – Minion mais pas Trop

Titre Original : Despicable Me 3

De : Pierre Coffin, Kyle Balda et Eric Guillon

Avec les Voix de Steve Carell, Kristen Wiig, Trey Parker, Miranda Cosgrove

Année : 2017

Pays : Etats-Unis

Genre : Animation

Résumé :

Alors que Gru, totalement déprimé par sa mise à pied, tente de trouver une nouvelle voie, un mystérieux individu se présente pour l’informer du décès de son père. Dans la foulée, il lui annonce l’existence d’un frère jumeau prénommé Dru qui a exprimé le désir d’une rencontre. Ébranlé par la nouvelle, Gru interroge sa mère qui avoue son secret: après avoir donné naissance à des jumeaux, elle a divorcé en faisant la promesse à son ex-mari de disparaître totalement de sa vie en échange d’un des enfants. Tout en précisant, en substance, qu’elle n’a pas eu son mot à dire et que Gru n’est somme toute qu’un second choix. Si Gru, tout d’abord enthousiasmé à l’idée d’avoir un frère, se rend avec Lucy et les filles dans son île natale, Freedonia, pour rencontrer son jumeau, il déchante vite quand il découvre que Dru est nettement supérieur à lui, et ce en tout point. Là où Gru est un misanthrope aussi dépourvu d’emploi que de cheveux, Dru arbore une masse capillaire impressionnante, un charisme naturel et une fortune colossale héritée de son père et de son élevage de cochons. Gru est rapidement miné par un sentiment d’infériorité, quand Dru lui révèle sa faille: leur père n’a jamais vu en lui l’étoffe d’un méchant, et de ce fait ne l’a pas formé dans cette direction qui est pourtant la marque de fabrique de la famille. Avec son aide, ils pourraient à eux deux perpétuer la tradition familiale.

Gru se sent alors investi d’un rôle de «grand frère» et lui livre les secrets de l’utilisation des gadgets ultra-sophistiqués de leur père avec l’intention d’en profiter pour mettre hors d’état de nuire l’insaisissable Balthazar Bratt. Mais cette alliance se voit sérieusement menacée par un cas aggravé de rivalité gémellaire qui va vite les dépasser et les handicaper face à un ennemi à l’envergure encore inégalée.

Avis :

Ce n’est un secret pour personne, Moi, Moche et Méchant ainsi que le film Les Minions, sont une manne financière incroyable pour les studios de chez Illumination. En effet, si le premier film a engrangé plus de 540 millions de dollars de recette, la suite double presque la mise et le spin-off a carrément dépassé le milliard de dollars de recette. Des chiffres vertigineux qui laissent à penser que Gru et ses compagnons n’ont pas fini d’envahir nos écrans de cinéma, pour la plus grande joie des enfants. Pour autant, ce succès semble plutôt mérité, car les deux premiers Moi, Moche et Méchant sont de petits bijoux du cinéma d’animation et offrent surtout des scénarios intelligents et brassant des thèmes difficiles comme l’adoption, la méchanceté et l’amour paternel. Quoiqu’on en dise, ces deux films sont de vraies réussites. Seul le spin-off a un peu déçu, certains n’y voyant qu’une note d’intention pour gagner encore plus d’argent, ce qui c’est bien vérifié par la suite. Maintenant, faire de l’argent est une chose. Proposer un vrai film avec un fond solide, c’est une autre paire de manches. Et force est de constater que ce troisième opus tourne un peu en rond, trouve quelques thématiques sympathiques, mais pêche par un fil rouge mollasson et quelques raccourcis assez décevants.

Le film débute de manière explosive. En effet, on nous présente le destin funeste et triste d’un garçon qui fut star d’une émission télévisée dans laquelle il jouait quelqu’un de méchant. Mais arrivé à la puberté, il est viré car son programme ne marche plus. Il devient alors un vrai super méchant au look ringard, complètement bloqué dans les années 80/90. Alors qu’il tente de voler un énorme diamant, il se fait avoir par Gru, qui récupère le diamant mais qui n’arrive pas à arrêter le méchant Balthazar Bratt. Gru et Lucy se font alors licencier par la nouvelle patronne de leur entreprise, une arriviste m’as-tu vu, et Gru va découvrir qu’il possède un frère jumeau. L’occasion alors de faire connaissance avec Dru. Très clairement, le départ est tonitruant. L’action est omniprésente, les idées fusent et après avoir vécu les années 60/70 avec Les Minions, on passe une décennie pour assister à un méchant kitsch mais finalement attachant. D’entrée de jeu, le film pose un thème majeur, la télévision et ses méfaits. Le méchant est monté de toute pièce pour un show télévisé et ce vilain est en quelque sorte un pur produit d’Hollywood. Une critique acerbe donc d’un système qui brise les hommes à partir du moment où ils ne rapportent plus rien. Une première thématique complexe pour les enfants, mais qui sera amenée avec dynamisme et un humour réussi.

Par la suite, le film va parler de la gémellité, mais aussi et surtout de la relation entre deux frères qui se découvrent au fur et à mesure de l’histoire. Le point intéressant, c’est que tout différencie Gru et Dru, l’un voulant ce que l’autre a. De cette dualité va bien entendu ressortir des conflits mais aussi et surtout beaucoup d’amour, présentant finalement Gru comme un grand frère protecteur et Dru comme un grand enfant inconscient. Le problème, c’est que cette thématique est assez classique et que le film n’évite les écueils, avec un Gru qui tient de son père qu’il n’a jamais connu et un Dru qui tient de sa mère qu’il n’a jamais connue. L’ensemble est assez prédictif, et on ne sera guère surpris par le déroulement du métrage. D’ailleurs, le film s’essaye dans d’autres thèmes assez complexes, comme la volonté d’être une bonne mère adoptive, mais le problème, c’est que tout cela est survolé et qu’il suffit de deux actions pour Lucy afin de devenir une maman exemplaire pour les trois filles. C’est un peu léger et en plus de cela, il y a un moment qui prête au racisme, lorsqu’une maman que l’on suppose gitane force presque Margaux à se marier à son fils et Lucy la violente quelque peu, déclenchant les remerciements de la petite. Un moment assez gênant et clairement pas drôle.

D’ailleurs, parlons-en des petites filles. Alors qu’elles étaient le centre de l’intrigue du premier et un élément important du deuxième, dans ce troisième métrage, elles sont relayées au second plan, n’apportant clairement rien à l’intrigue et encore moins à l’évolution des personnages. En fait, elles n’interviennent qu’à peu de reprises, une première fois pour poser un délire sur la petite Agnès qui va croire aux licornes et une deuxième fois pour appuyer un climax sur la fin. C’est très peu. Sauf qu’elles ne sont pas les seules à souffrir du manque de rigueur dans l’écriture. Les minions ne sont plus aussi importants qu’auparavant. S’ils demeurent les éléments humoristiques du métrage, leur prestation ne sert quasiment à rien, notamment au sein de l’intrigue, puisqu’on les verra démissionner, puis partir en prison à la suite d’un télé-crochet (certainement le moment le plus amusant du film). C’est assez triste de voir cela, d’autant plus que leurs séquences cassent le rythme et sont parfois incongrues, comme le moment où ils construisent une machine pour s’échapper de prison. Et que dire du professeur Nefario, prisonnier dans la carbonite et donc absent du métrage, éliminant un personnage facilement.

Enfin, il y a un dernier élément assez gênant dans le film, c’est son humour. Alors on sait que cela ne vole pas bien haut et que beaucoup de gags sont visuels ou à base de vocabulaire amusant, mais là, on tombe clairement dans le pipi/caca et les blagues de mauvais goût sur les fesses ou les seins. Même le moment chanté rappelant La Nouvelle Star fait écho aux pets et aux excréments avec des jets de rouleaux de papier toilette. On sait pertinemment que c’est cela qui fait rire les enfants, mais c’est tout de même dommage de ne pas chercher quelque chose de plus intelligent, de plus fin. Même dans la relation entre Gru et son frère, on se retrouve toujours avec des vannes portant sur le postérieur, notamment lorsqu’ils veulent infiltrer le repaire du méchant et que Dru manque de se faire piquer les fesses pour une stalagmite. En fait, il manque l’innocence et la nouveauté des premiers et surtout, il manque un scénario digne de ce nom, puisque sans les insertions des minions ou des petites, l’intrigue ne durerait que 40 minutes au grand max.

Au final, Moi, Moche et Méchant 3 est une petite déception. Si les thèmes traités ne sont pas évidents et sortent du lot par rapport à d’autres films d’animation ciblant un public jeune, ce troisième opus se perd un petit peu dans la facilité et la vulgarité, n’arrivant pas à rendre la relation entre les deux frères attachantes et présentant un grand méchant qui ne l’est pas tant que ça. Il reste un jolie BO et des références aux années 80/90 assez sympathiques, ainsi que quelques moments assez marrants, mais c’est bien peu de choses.

Note : 10/20

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Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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