avril 20, 2024

2046

De : Wong Kar-Wai

Avec Tony Leung Chiu Wai, Gong Li, Takuya Kimura, Faye Wong

Année: 2004

Pays: Hong-Kong

Genre: Drame

Résumé :

Hong Kong, 1966. Dans sa petite chambre d’hôtel, Chow Mo Wan, écrivain en mal d’inspiration, tente de finir un livre de science-fiction situé en 2046. A travers l’écriture, Chow se souvient des femmes qui ont traversé son existence solitaire.
Passionnées, cérébrales ou romantiques, elles ont chacune laissé une trace indélébile dans sa mémoire et nourri son imaginaire. L’une d’entre elles revient constamment hanter son souvenir : Su Li Zhen, la seule qu’il ait sans doute aimée. Elle occupait une chambre voisine de la sienne – la 2046…

Avis :

Immense réalisateur chinois, Wong Kar-Wai passionne les cinéphiles depuis une trentaine d’années. Si le réalisateur a énormément tourné dans les années 90, depuis les années 2000, il se fait plus rare, puisque l’on ne lui compte que quatre films.

Après avoir débuté ce nouveau millénaire avec un film devenu culte, « In the mood for love« , Wong Kar-Wai décide de revenir sur son personnage principal et offre ainsi une « suite » à ce film.

Cinq ans après « In the mood for love, » Wong Kar-Wai prolonge l’existence de Mr Chow Man Wan, toujours impeccablement tenu par Tony Leung.

Avec « In the mood for love« , Wong Kar-Wai nous offrait un bijou de séduction, un poème d’une beauté absolue. Mais avec 2046, un film intense, magnifique, incroyable et d’une maîtrise incroyable, Wong Kar-Wai nous offre son plus beau film. Son film le plus poétique, le plus énigmatique, le plus amoureux, le plus séduisant et élégant. « 2046 » est une leçon de cinéma à lui seul et l’on en ressort autant déboussolé par la poésie, qu’amoureux de la moindre scène.

Pour la plupart des gens, « 2046 » est un roman de science-fiction ultra connu et reconnu, mais pour Mr Chow Man Wan, qui est l’auteur de ce roman, c’est une chambre d’hôtel qu’il a fréquenté en 1962. C’est donc une chambre qui lui rappelle des souvenirs, des émotions, de l’amour. Aujourd’hui, en 1966, Mr Chow Man Wan est de retour, et s’installe dans cet hôtel, dans la chambre d’à côté. La nouvelle locataire de la 2046, une jeune femme qui répond au doux nom de Baing Ling, vend ses charmes au plus offrant. Entre Mr Chow Man Wan et cette jeune femme commence une liaison passionnée, pleine de jeux, mais aussi égoïste, fragile, et même destructrice…

Envoutant, bouleversant, magnifique dans tous les sens du terme, doté de personnages incroyables, doté d’une ambiance affolante et d’une originalité sublime, « 2046 » est un poème parfait. Un poème qui saura vous prendre, vous fasciner et qui ne vous quittera jamais.

« 2046« , c’est un scénario tout en métaphore, qui se développe sur plusieurs paliers et qui parlera surtout d’amour. L’amour fou, l’amour qui a imprégné les âmes et les corps, l’amour qui a fait souffrir, qui a déchiré et abattu, bref, l’amour dans toutes les émotions.

Et avec ce film, Wong Kar-Wai va peindre des portraits magnifiques, dont celui de Mr Chow Man Wan. Sa vie, ou ce qui a été et ce qui sera sa vie, ne sera qu’amour, jeu, séduction, trahison, espoir, frustration, et autant le dire, le réalisateur sait nous le raconter aussi bien en 1966 qu’en 2046. Et sait encore mieux balancer les émotions, les doutes et les peurs, à l’intérieur de son personnage fictif en 2046, à l’intérieur de ce roman qu’il est en train de coucher sur le papier, un peu comme si ce dernier était un exutoire.

Et c’est de manière incroyablement habile que Wong Kar-Wai oscille entre les deux narrations. Prenant le temps de nous plonger dans ces histoires avec une mélancolie palpable. On est passionné par 1966, on adore suivre les frasques et les frustrations de Mr Chow Man Wan. Le film dégage une ambiance incroyable et se fait élégant à tout instant. Les rencontres que Mr Chow Man Wan fait sont toutes nécessaires à l’histoire et apportent tant de beauté à l’ensemble. Et c’est même à travers ces rencontres que Mr Chow Man Wan est de plus en plus touchant et creusé. Bien sûr, on ne pourra que succomber à son histoire avec la jeune prostituée de la chambre 2046. Leur histoire, même si elle finira mal, est l’une des plus belles que Wong Kar-Wai nous ait racontée.

Puis ce film, c’est aussi une projection imaginaire et piégée en 2046. Une projection pleine de science-fiction, de réflexions, et là encore bercée dans une ambiance gigantesque. Wong Kar-Wai dépeint un futur triste et en même temps plein d’espoir et toutes les émotions, les frustrations et les sentiments de son personnage vont alors être mis en images avec énormément de subtilité.

« 2046« , c’est aussi une mise en scène flamboyante qui détient une idée à la minute. Quel film ! Ici, Wong Kar-Wai prolonge l’émotion de son poème avec un visuel tout simplement incroyable. Des plans, tous plus éblouissants les uns que les autres, des couleurs sublimes, des séquences où charme, ambiance et talent ne font qu’un. Un rythme qui n’est que séduction, un rythme qui envoûte, autant que les personnages se séduisent eux-mêmes. « 2046« , c’est une plongée incroyable dans les années 60, tout comme Wong Kar-Wai a parfaitement réussi à nous emporter dans ce futur en dehors de la réalité. Puis comment passer à côté de la bande originale qui est à elle seule un chef d’œuvre de musique, un chef d’œuvre de tragique, d’émotion, de romantisme et encore une fois de séduction et d’élégance. Les notes imprègnent chaque scène comme rarement.

Puis enfin, il y a ce casting incroyable. Wong Kar-Wai a su trouver les talents et l’élégance parfaite pour cette histoire. Énième collaboration avec son acteur fétiche Tony Leung, Wong Kar-Wai réussi à le prolonger tout en le réinventant quelque peu. Bluffant de charisme et de charme, Tony Leung crève l’écran et trouve l’un de ses plus beaux rôles. Un rôle bien plus complexe et torturé qu’il ne le laisse paraitre. On trouvera la talentueuse Zhang Ziyi, qui fait des merveilles. Jamais elle n’avait été filmée ainsi. « 2046« , c’est aussi les magnifiques Carina Lau, Faye Wong. Puis c’est aussi le double imaginaire de Tony Leung en 2046 incarné par Takuya Kimura. On notera aussi la courte présence, mais essentielle, de Maggie Cheung.

D’un esthétisme fou, d’un fantasme cinéphilique bouleversant, on ressort de « 2046 » avec des images plein la tête, mais aussi des mots, des phrases, des sentiments, et même de la musique. « 2046 » hante et poursuit après son générique et l’on a qu’une envie, c’est de s’y replonger.

« 2046 » est donc un chef d’œuvre émotionnel comme on en voit peu. On est bouleversé aussi bien par ces personnages que par cette histoire et comment Wong Kar-Wai a mis en scène cette histoire. Bref, « 2046« , c’est du très grand cinéma !

Note : 20/20

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Par Cinéted

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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