avril 16, 2024

Linkin Park – One More Light

Avis :

Fondé en 1996, Linkin Park est l’une des nombreuses énigmes de la musique contemporaine. Débutant en 2000 avec l’album Hybrid Theory, le groupe arpentait le chemin du métal et du rap avec des choix payants et novateurs pour l’époque. Certifié disque de platine, le groupe entame alors une longue ascension vers des sommets. Meteora ne fera que confirmer tout le bien que l’on pensait du groupe, s’orientant tout de même vers quelque chose de plus électro et essayant d’apporter des variations à un Nu métal qui commence dangereusement à se mordre la queue. C’est alors qu’en 2007 sort Minutes to Midnight et le groupe entame alors une lente mutation. Résolument électro pop, prenant son public à revers, le groupe perd en qualité et les plus mauvaises langues iront jusqu’à dire qu’ils ont succombé aux sirènes mortifères de la maison de disque. Sauf que Linkin Park n’a pas besoin d’argent, surtout avec les ventes phénoménales de leurs deux premiers albums. Alors pourquoi prendre cette orientation, au risque de perdre des fans ? Tout simplement parce que le groupe veut évoluer et qu’il semblerait qu’il n’ait plus rien à dire dans le Nu Métal. Seulement, le groupe va continuer vers un chemin sirupeux et trop conventionnel pour pleinement convaincre par la suite. The Hunting Party, le sixième album du groupe, marque alors un nouveau changement de cap, la formation se voulant plus agressive et retournant à un hard rock plus incisif. Avec l’arrivée de One More Light, on peut se réjouir de revoir le groupe en grande forme. Mais c’est tout autre chose qui va arriver.

Dès l’annonce du premier titre, on se doutait bien que Linkin Park allait encore prendre tout le monde par derrière, en proposant Heavy en duo avec Kiiara. Un morceau court, sans intérêt et qui résonnait comme un énième titre électro pop sans saveur et surtout sans instrumentalisation digne de ce nom. Battle Symphony n’était pas là pour rassurer non plus et c’est alors que surgit des enfers Good Goodbye. Pur morceau mercantile et sans aucune intérêt musical, le titre est un long moment de rap où s’enchaîne trois chanteurs différents sur chaque couplet. Si à la rigueur le titre peut passer une paire de fois pour l’aspect catchy de son refrain et sa facilité de mémorisation, on reste subjugué devant tant de facilités de la part d’un groupe qui avait pourtant beaucoup de talent. Alors volonté de proposer autre chose au sein du groupe dans une nouvelle démarche artistique ou volonté de surfer sur la vague caniculaire pour faire un tube de l’été et engranger des pépettes ? La question est posée.

Ce qui transparait surtout dans cet effort, c’est que le groupe ne s’est vraiment pas foulé pour le produire. Dix pistes, un poil plus d’une demi-heure d’écoute, c’est peu, surtout pour un groupe à la renommée comme Linkin Park. Du coup, entre cette courte durée et les arrangements déjà entendus des milliards de fois à la radio, on peut se demander ce qui a traversé la tête du groupe. Et ce ne sont pas les insertions électro dégueulasses dignes des années 90 qui vont nous réjouir, comme le prouve le premier titre, Nobody Can Save Me (titre évocateur sur le futur du groupe ?) ou encore l’affreux et enfantin Halfway Right qui ressemble à une comptine pour petite fille qui ne trouve pas le sommeil. Et ce n’était pas vraiment la peine de présenter des excuses avec Sorry for Now, un titre minimaliste, qui pourrait passer en boîte de nuit, en début de soirée, pour tenter de chopper une milf bourrée qui se serait égarée dans un gang bang de bonobos. Mais y-a-t-il quelque chose de bien dans cet album ? Non, parce qu’il est vrai que depuis le début de cette chronique, on a tendance à le dézinguer dans tous les sens alors que les non mélomanes, ceux qui écoutent Fun Radio à longueur de journée pensant que les samples informatiques sont de la vraie musique et les DJ des orfèvres, trouveront cet album fort sympathique. Alors il y a bien un morceau agréable, c’est Talking to Myself. Et il n’y a pas de secret, c’est tout simplement parce que c’est le titre le plus entrainant et celui qui utilise les instruments de base de la formation, à savoir une guitare, une basse, une vraie batterie et même des arrangements électro si chers au groupe. Chester Bennington semble d’ailleurs plus habité que sur les autres titres et même si ce n’est pas la panacée, le titre reste sympathique. Mais bon, un titre sur dix, c’est peu. Allez, on peut faire un effort sur Sharp Edges qui peut faire illusion lors d’une kermesse.

Au final, One More Light, le septième et dernier album de Linkin Park, est une amère désillusion et la résultante d’un groupe qui n’a plus rien à dire depuis belle lurette. Si l’espoir avait été ravivé avec The Hunting Party, le groupe s’enterre lui-même avec un album lénifiant, sans intérêt musical et d’une facilité déconcertante. Bref, un album électro pop qui trahit les fans de la première heure et qui s’inscrit comme étant le pire album du groupe, haut la main.

  1. Nobody Can Save Me
  2. Good Goodbye feat Stromzy & Pusha T
  3. Talking to Myself
  4. Battle Symphony
  5. Invisible
  6. Heavy feat Kiiara
  7. Sorry For Now
  8. Halfway Right
  9. One More Light
  10. Sharp Edges

Note: 05/20

[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=phVQZrb2AdA[/youtube]

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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