avril 16, 2024

Alien 3

De : David Fincher

Avec Sigourney Weaver, Charles Dance, Charles S. Dutton, Lance Henriksen

Année : 1992

Pays : Etats-Unis

Genre : Science-Fiction, Horreur

Résumé :

Seule survivante d’un carnage sur une planète lointaine, Ripley s’échoue sur Fiorina 161, planète oubliée de l’univers, balayée par des vents puissants. Une communauté d’une vingtaine d’hommes y vit. Violeurs, assassins, infanticides, ce sont les plus dangereux détenus de droits communs de l’univers. L’arrivée de Ripley va les confronter à un danger qui sera plus fort qu’eux.

Avis :

Dans la carrière d’un réalisateur, il y a toujours des films que ce dernier aime moins, voire pas du tout. Des films qu’ils détestent tant qu’ils sont presque tentés de les renier. Parmi les réalisateurs qui ont des désaccords avec eux-mêmes, on retrouve David Fincher. Enfin, quand on dit avec lui-même, ce n’est pas tout à fait vrai. Alien 3 est son premier long-métrage car il s’est fait repérer avec des clips et son travail comme assistant dans les effets spéciaux pour Indiana Jones et le Temple Maudit. Cependant, le cinéaste n’a jamais renié son désaccord avec la Fox concernant la version du film, allant jusqu’à claquer la porte du projet bien avant le montage, tout en ayant terminé les prises de vue. Et en règle générale, quand une réalisation se déroule comme cela, c’est que le film n’est pas jouasse, privant le cinéaste de toute idée créatrice et prise de risque. Il faut comprendre qu’il y a beaucoup d’argent en jeu, la saga Alien étant devenue l’une des plus lucratives du septième art. Alors qu’en est-il aujourd’hui de ce film qui souffle ses 25 années ?

Si on a tendance à dire que le quatrième volet, signé Jean-Pierre Jeunet (dont l’analyse viendra bien assez tôt), est le plus faiblard de tous, il ne faut pas oublier la version cinéma de ce troisième opus. Dès le départ, le film sent le réchauffé, ou tout du moins, la note d’intention faite pour satisfaire les fans. D’ailleurs, dans le script original, il ne devait pas y avoir d’alien, et c’est une volonté du studio d’inclure une bestiole pour satisfaire les fans, demandant ainsi à Walter Hill de réécrire le scénario. Du coup, l’arrivée de l’alien dans le caisson de survie demeure assez obscure et il faudra regarder la version longue (de quasiment 30 minutes en plus) pour avoir quelques éléments de réponse, ou une explication plus ou moins logique. Mais ce n’est pas la seule chose dérangeante dans cet opus. Les relations entre les personnages ne sont pas vraiment abouties et certaines choses sont de l’ordre de l’inexplicable. Pour ne citer qu’un seul exemple, il est difficilement concevable que Ripley, qui sort tout juste de son caisson de survie et apprend la mort brutale de ses compères, tombe presque immédiatement dans le lit d’un médecin au sein d’une prison pour violeurs et tueurs. Il y a vraiment un souci de temps dans ce métrage, le réalisateur voulant certainement faire des interactions logiques, mais le studio a préféré l’action à la réflexion.

Une action qui sera moindre par rapport à l’opus précédent, mais qui sera pourtant bien présente. Dès le départ, l’alien apparait, dans un format différent, plus animal, et il va faire des victimes au fur et à mesure de ses pérégrinations dans la prison. Mais là encore, le but n’est pas vraiment atteint. Les couloirs se ressemblent tous et il manque une ambiance très marquée dans ce film. Si le cinéaste arrive à créer une certaine tension grâce à une teinte jaunâtre et des décors presque bioorganiques (qui seront enrichis par de l’hémoglobine et même des morceaux de corps humain), l’identité du film n’est pas au rendez-vous et on comprend pourquoi Fincher a quitté le projet avant le montage, geste lourd de conséquence quand on sait que c’était son tout premier film. Néanmoins, la mise en scène du jeune cinéaste sera à l’image de ce qu’il est aujourd’hui, avec des moments assez couillus, notamment sur la fin quand il prend le parti de filmer ce que voit l’alien, ou encore des plans très proches lorsqu’il y a des courses poursuites. Il est juste dommage que les effets spéciaux numériques aient pris si cher. Les apparitions de l’alien lors de ses mouvements ou encore quand il est en plan éloigné sont tout simplement horrible, avec une incrustation qui n’a plus lieu d’exister aujourd’hui. C’est assez marrant car les gros plans avec un personnage dans le costume ou les animatronics sont très réussis et certains choix sont discutables.

Fort heureusement, l’ensemble du film se rattrape sur des plans iconiques (la fameuse scène où l’alien se rapproche de Ripley pour lui siffler à la figure), mais aussi et surtout sur le propos et l’univers présenté. David Fincher est fasciné par la société moderne et sa décadence, une thématique qui va le poursuivre dans de nombreux films, et il va peaufiner un microcosme dans lequel la religion n’est qu’une excuse pour de nombreux criminels. Sous couvert de la croyance, ces hommes pensent devenir bons, mais ce n’est absolument pas le cas, car il suffit de placer une femme au milieu du troupeau et c’est le chaos. En plus de placer cette religion étrange au sein du film, accentuant un sentiment de malaise, le réalisateur va poser tout un tas de questions sur le courage, sur ce que l’on doit faire et il va donc mettre en avant une femme au milieu d’une meute masculine. On retrouvera donc la symbolique du féminisme, mais aussi de la mère porteuse avec la présence d’une reine dans le corps de Ripley, et bien entendu la notion de sacrifice. En filigrane, et surtout sur la fin, on retrouvera cette critique de la société moderne qui fait fi de la nature humaine pour capturer une nouvelle race afin de faire des armes de guerre.

Au final, Alien 3 fait partie des mal aimés (mais peut-être moins que l’opus suivant) de la saga et on peut comprendre pourquoi, puisque la fin laisse dubitatif, notamment sur cette interminable course dans des couloirs identiques avec des prisonniers qui ont tendant à se ressembler. Cependant, ce serait restrictif de juger le film sur des scories qui sont sûrement dues aux choix du studio. David Fincher réalise un film hybride, qui possède de vrais bons moments, mais qui sont proprement bouffés par des soucis d’ellipses temporelles et un montage pas toujours pertinent.

Note : 14/20

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Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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