avril 18, 2024

Psykup – Ctrl+Alt+Fuck

Avis :

Il est toujours délicat d’écrire sur un groupe de métal français, car si le genre est peu représenté, il a le mérite d’exister mais d’être très mal mis en avant. Certains groupes de Black ne trouvent d’ailleurs jamais le chemin des bacs et il faut farfouiller le net pour trouver quelques pépites et le seul moyen d’en parler, c’est de faire quelques papiers parmi les sites spécialisés. Néanmoins, d’autres groupes arrivent à faire parler d’eux, que ce soit grâce aux textes, comme pour Lofofora ou Tagada Jones, ou encore par un genre inédit et parfaitement assumé, en atteste Psykup, que l’on peut qualifier de vieux briscards de la scène métallique française, puisque la formation existe depuis le milieu des années 90. Originaire de Toulouse, le groupe conquit rapidement les foules avec un style particulier qu’ils aiment à nommer Autruche Core, sorte de mélange de System of a Down avec des breaks incessants et un univers déjanté particulier. Mais Psykup, c’est aussi neuf ans d’absence, le temps de prendre le large, de participer à d’autres aventures (Rufus Bellefleur pour Julien Cassarino, chanteur et guitariste du groupe par exemple). Cependant, le groupe a largement manqué à ses fans et Ctrl+Alt+Fuck est le quatrième effort du groupe, offrant un skeud puissant, varié et d’une efficacité rare.

L’album commence avec Violent Brazilian Massage et le moins que l’on puisse dire, c’est que le groupe envoie la purée dès le premier titre. Puissant, martyrisant une batterie qui tabasse comme rarement dans le métal français, le groupe semble en grande forme et le prouve avec ce premier morceau annonciateur d’une tempête de riffs ravageurs. Ce qui sera le cas et il faudra s’attendre à certains passages ravageurs, à l’image de Ssanta Clauss (Write me a Letter), qui est certainement l’un des titres les plus terrassants. On pourra y voir parfois une certaine exagération, mais le groupe arrive toujours à rattraper l’auditeur avec des variations pertinentes et drôles, à l’image de la conclusion du morceau, hilarant et presque reposant. Parmi les morceaux les plus rudes, on peut aussi évoquer Champoo the Planet qui, malgré des élocutions funk et une basse très présente, envoie des riffs ultra puissants qui pulvérisent tout sur leur passage. D’ailleurs, ce titre sera à l’image du groupe, jouant toujours avec la limite entre le burlesque et le violent trashcore, trouvant un équilibre fragile mais parfaitement maîtrisé. Fuck Me ‘Til the End of Times est d’ailleurs dans ce titre, avec un growl surpuissant et d’une efficacité redoutable. Le morceau semble sortir d’un groupe de Death/Black et cela prouve toute la palette artistique du groupe qui ne fait pas dans la demi-mesure. On peut aussi citer The Intelligence parmi les titres rudes, même si celui-ci marque moins, car il est moins varié et possède un refrain catchy mais noyé dans des riffs trop marqués.

Mais Ctrl+Alt+Fuck n’est pas que ça et le groupe prouve par plusieurs titres qu’il peut provoquer des mélanges inattendus et d’une puissance salvatrice. A titre d’exemple, Cooler Than God est une expérimentation réussie, sorte de mélange de Big Band Jazz avec un metalcore ultra agressif et l’ensemble se marie à merveille. Et même si on a déjà pu entendre cela avec le Diablo Swing Orchestra, l’un des seuls groupes à manier le Jazz Métal (avec une voix féminine par contre), Psykup ne fait pas dans la récupération et propose vraiment quelque chose d’original, de couillu et parfaitement mise en scène. Et le jargon du cinéma pourrait s’appliquer à d’autres morceaux, comme The Long Ride Home, un titre divisé en deux pistes qui s’inspire du western pour fournir deux pièces inédites et d’une variation hallucinante. La première est une sorte d’introduction qui mélange allègrement les riffs lourds du métal avec une guitare sèche qui fleure bon la poussière du désert et les piquants des cactus. On s’immerge rapidement dans un environnement très marqué, qui sera plus bruyant dans la seconde partie. Véritable coup de maître dans les breaks et les variations, The Long Ride Home (Sundown) est une conclusion dantesque et idéale.

Au final, Ctrl+Alt+Fuck, le quatrième et dernier album en date de Psykup, est une véritable machine de guerre qui n’hésite jamais à envoyer le pâté pour parvenir à surprendre son public sur des ruptures plus douces ou alors bien plus violentes. Brassant différents genres sans jamais se perdre dans son crédo, le groupe offre ce qui pourrait être son meilleur album à ce jour, redorant le blason du métal français et annonçant, on l’espère, un retour fracassant pour les prochaines années. Bref, Psykup semble reparti sur de bons rails et on espère que la machine n’est pas prête de s’arrêter à nouveau.

  1. Violent Brazilian Massage
  2. We Will Win This War
  3. Ssanta Clauss (Write me a Lettre)
  4. Shampoo the Planet
  5. Fuck Me ‘Til the End of Times
  6. Cooler Than God
  7. The Intelligence
  8. Crisis on Today
  9. The Long Ride Home (Sunrise)
  10. The Long Ride Home (Sundown)

Note: 17/20

[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=1qOZV8UF_H4[/youtube]

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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