mars 19, 2024

Touchez pas au Grisbi

De : Jacques Becker

Avec Jean Gabin, René Dary, Lino Ventura, Dora Doll

Année : 1953

Pays : France, Italie

Genre : Policier

Résumé :

Max-le-menteur et Riton viennent de réussir le coup de leur vie : voler 50 millions de francs en lingots d’or à Orly. Avec ce « grisbi », les deux gangsters comptent bien profiter d’une retraite paisible. Mais Riton ne peut s’empêcher de parler du magot à sa maîtresse Josy. L’entraîneuse transmet la précieuse information à Angelo, un trafiquant de drogue avec lequel elle trompe Riton. Angelo kidnappe le vieux truand et demande le « grisbi » à Max comme rançon…

Avis :

Grand réalisateur français, Jacques Becker s’est fait une très belle carrière en peu de temps, puisqu’elle fut brisée par sa mort prématurée à l’âge de cinquante-trois ans. C’est donc en l’espace de seize ans que le réalisateur a laissé au cinéma des comédies, des farces, des films noirs ou encore des drames puissants comme son dernier film « Le trou« , dont il finira le montage peu de temps avant sa mort.

Découvert en salle à l’occasion d’une rétrospective sur Jacques Becker, aujourd’hui, c’est sur l’un de ses films les plus célèbres que je m’arrête, « Touchez pas au grisbi« . Film de gangsters noir par excellence, emmené par un Jean Gabin charismatique au possible, « Touchez pas au grisbi » est une plongée géniale dans une France de l’argot, dans une France du respect, dans une France humaine, aussi chaleureuse que froide. Bref, un classique du polar comme on en fait plus.

Max et Riton ont réussi leur dernier coup à la perfection, il y a un mois maintenant. Ce dernier coup leur a reporté un grisbi de cinquante millions de francs en lingots d’or. Les deux gangsters comptent bien profiter de leurs vieux jours tranquillement. Mais Angelo, un trafiquant de drogue, a des doutes sur les deux hommes et leur magot. Il kidnappe alors Riton et demande à Max le grisbi en rançon.

Attention, coup de cœur. Coup de cœur pour le film lui-même qui est une excellence de cinéma, mais cette fois-ci, c’est un coup de cœur plus précis qui s’avère être aussi passionnant qu’inhabituel et jouissif en même temps. Ce coup de cœur est pour les dialogues, les répliques du film. C’est pour cet argot d’après-guerre, ce langage incroyable et génial dont le film est peint. Ce langage français qu’on n’entend plus et qui apporte un cachet incroyable au film. Ce langage dont né des répliques toutes plus mordantes, pétillantes, et finalement cultes les unes que les autres.

L’intrigue est parfaitement ficelée, et qu’elle est prenante jusqu’au dernier instant. Si l’ambiance vieux polar fonctionne encore à merveille et qu’elle offre de sacrées bonnes scènes, de sacrés bon moments. Les acteurs sont en très grande forme. Jean Gabin est exceptionnel comme toujours. René Dary est incroyable, tout comme Jeanne Moreau qui trouve là un rôle qui lui va comme un gant. On notera que dans ce film, Lino Ventura y fait ses premiers pas devant la caméra, dans un gros rôle, puisque c’est lui « enflure » de l’histoire et au vu du talent du Monsieur, on ne peut que comprendre qu’il ait pu fasciner les cinéastes d’emblée.

Le film raconte à la perfection, l’amitié, la tension, ou encore le respect entre les gangsters. Jacques Becker nous livre un film plein d’humanité, alors même qu’il baigne dans un milieu sombre, ou presque tous les coups sont permis. Cette plongée est fascinante et tendue et comme l’intrigue est très bien tenue, et qu’elle sait garder son suspens jusqu’au bout, alors que le rythme de ce polar est lent, à aucun moment, on ne voit le temps passer.

« Touchez pas au grisbi« , c’est aussi une petite BO jouée à l’harmonica qui apporte beaucoup de nostalgie. Une BO de Jean Wiener, qui résonne comme une ritournelle culte, qu’on reconnaîtra parmi toute tant elle est marquante.

Donc voilà, si tout est très bon, parfait, et immense, si ce polar est la définition même de l’excellence du cinéma français, un cinéma qu’on peine à retrouver aujourd’hui, c’est bien ces dialogues, et ce langage, qui m’ont le plus pris, fasciné, passionné, et même éclaté. On rit devant ces répliques balancées avec tant de bagou, de classe, d’assurance, de désinvolture. Puis des répliques aussi géniales tenues et lancées par des acteurs comme Jean Gabin, en toute non-objectivité, comment ne pas prendre son pied devant ?

« Touchez pas au grisbi » est donc un pur moment de cinéma. C’est un film qui mérite toute l’éloge qu’on lui fait. C’est un film incontournable et obligatoire à toute personne qui aime le cinéma tout court.

Note : 17/20

[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=TmhSqDQ8vpI[/youtube]

Par Cinéted

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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