avril 16, 2024

Fast & Furious 8 – Si, Si, la Famille

Titre Original : The Fate of the Furious

De: F. Gary Gray

Avec Vin Diesel, Dwayne Johnson, Jason Statham, Charlize Theron

Année: 2017

Pays: Etats-Unis, France, Samoa, Angleterre, Canada

Genre : Action

Résumé :

Maintenant que Dom et Letty sont en lune de miel, que Brian et Mia se sont rangés et que le reste de l’équipe a été disculpé, la bande de globetrotteurs retrouve un semblant de vie normale. Mais quand une mystérieuse femme entraîne Dom dans le monde de la criminalité, ce dernier ne pourra éviter de trahir ses proches qui vont faire face à des épreuves qu’ils n’avaient jamais rencontrées jusqu’alors.

Des rivages de Cuba au rues de New York en passant par les plaines gelées de la mer arctique de Barrents, notre équipe va sillonner le globe pour tenter d’empêcher une anarchiste de déchaîner un chaos mondial et de ramener à la maison l’homme qui a fait d’eux une famille.

Avis :

Quand des producteurs hollywoodiens tiennent un filon doré, ils ne le lâchent plus et l’usent jusqu’à la corde pour en tirer un maximum de bénéfices. Et si l’horreur a souvent tendance à tourner en rond avec des sagas qui vont de mal en pis, certaines licences d’action ne sont pas en reste. Il faut dire que Fast & Furious marche depuis ses débuts, et il serait bien dommage pour les rentiers de Los Angeles de voir cette manne monétaire foutre le camp. Ainsi donc, après 16 ans de bons et loyaux services, Fast & Furious continue de hanter nos écrans noirs et arrive au huitième épisode. Un épisode particulier puisqu’il est censé ouvrir une nouvelle trilogie, les trois premiers (excepté le Tokyo Drift qui est vu comme un spin-off) et les trois suivants étant perçus comme deux trilogies distinctes, et de ce fait, il relance la saga sur de nouveaux objectifs et surtout une intrigue un peu plus poussée. Est-ce vrai ? Allons-nous voir un spectacle à la fois généreux et intelligent ? La réponse est non, car si le spectacle est au rendez-vous, la bêtise s’immisce de plus en plus dans la licence, flattant le spectateur bouffeur de pop-corn, mais dénuant son propos de tout élan dramatique.

La première chose qui frappe au tout début du film, c’est le remplissage. En effet, se voulant plus long que les précédents opus, Fast & Furious 8 se permet de faire de rapides présentations de Dom à Cuba ou encore de Hobbs s’occupant d’une équipe de foot junior, sans que cela ait un impact sur les enjeux dramatiques du film ou encore sur l’intrigue en elle-même. On sent que cela n’est fait que pour complaire le fan de course de bagnoles et de nanas à moitié à poil. En ce sens, on retrouve tous les poncifs du genre dès le début, avec des gros plans en ralenti sur de petits culs ou encore des mecs machos qui roulent des mécaniques devant des paires de nichons refaits en extase. Continuant son apologie du vide, la licence ne prend pas de risque et montre bien qu’elle est là pour satisfaire les bas instincts masculins. Bien évidemment, la gente féminine ne sera pas en reste, pouvant voir les combats de coqs de certains personnages ou encore la montagne de muscle de Dwayne Johnson, ayant pris 9 kg de masse musculaire pour le rôle.

Et c’est là que le film loupe complètement le coche, n’arrivant jamais à creuser un peu plus ses personnages, les anciens comme les nouveaux arrivants. Ainsi donc, on veut nous faire croire que Dom a trahi sa famille, mais on va bien vite savoir et comprendre ce qu’il en est vraiment. Les autres personnages de son équipe ne sont que des pions, certains essayant de faire de l’humour et d’autres étant plus spécialisés dans le piratage informatique. Des personnages interchangeables qui ont la chance d’être suivi depuis plus d’une dizaine d’années sans pour autant prendre des ampleurs folles. Fort heureusement, il y a une certaine cohésion au sein de cette équipe qui fait que cela marche à peu près. On sent que les acteurs s’amusent, notamment Jason Statham et Dwayne Johnson, et c’est peut-être là que le film réussit à accrocher son spectateur, malgré la vacuité des backgrounds. Scott Eastwood en sera un exemple flagrant, ne servant pas à grand-chose au final. Et c’est aussi le cas de la bad girl, puisque Charlize Theron est monolithique, inexpressive au possible, et on n’aura guère que son joli minois pour se faire plaisir.

Mais outre les personnages, le scénario du film est assez anecdotique. En gros, une méchante terroriste informatique vole des choses avec l’aide de Dom et Hobbs reprend l’équipe de Dom pour les retrouver et les arrêter. Si cela pourrait s’apparenter à un script écrit sur un coin de bock de bières lors d’une soirée arrosée, le déroulement de l’histoire sera sans surprise. Entre des dialogues insipides et une narration classique, F. Gary Gray ne prend aucun risque et certains twists seront soit risibles, soit convenus depuis des lustres. En fait, le film est relativement stupide, mais comme il est généreux en action et que l’ennui ne pointe jamais le bout de son nez, on accepte cela avec le spectacle généreux qui nous est offert. Car ne nous leurrons pas, on va voir Fast & Furious non pas pour la richesse de son histoire, mais surtout pour les cascades et son action non-stop. Et là, on est servi.

Le film se révèle très impressionnant dans sa gestion des courses de voiture et dans les explosions qui s’ensuivent. Très généreux dans sa globalité, le métrage se veut ubuesque par les actions qu’il montre, mais totalement jouissif dans sa gestion des effets et des caméras. On sent une volonté de faire bigger and louder, et même si parfois on frôle le ridicule, comme le final qui est d’une débilité profonde, on sent un réel amour pour ce qui se passe à l’écran. Les voitures explosent, les tôles se froissent, les nouvelles technologies s’invitent, bref, tout y passe et c’est relativement bien foutu. Mais la vraie réussite de ce film réside en une seule séquence, celle où la méchante prend le contrôle de toutes les voitures possédant un démarrage automatique. Durant ce moment, le film prend une autre dimension, totalement inédite au cinéma, le film de zombies mécaniques. D’ailleurs, même elle le dit en prononçant cette simple phrase : bienvenue à Zombieland. On aura alors droit à un déluge de voitures fantômes se ruant sur une cible précise et le moment est relativement glacial. Et il est plus accrocheur que la partie finale avec le sous-marin qui est trop « Waht the Fuck » pour pleinement convaincre. En fait, on sent qu’il y a de l’idée, mais elles sont souvent noyées dans un maelstrom de n’importe quoi.

Enfin, il y a quelque chose qui détruit tout le film, c’est cette propension à faire de l’humour. Dans les faits, le film se veut dramatique par bien des aspects, et notamment sur ce qui arrive à Dom. On aura quelques séquences intimistes qui ne seront présentes que pour faire pleurer dans les chaumières sans grand succès (il ne suffit pas de voir un Vin Diesel verser une larme pour toucher le spectateur) et d’un coup, on aura une vanne ou une situation qui va complètement détruire le climax voulu. Et c’est exactement la même chose lorsque l’équipe est poursuivie par des militaires acariâtres. Se faisant shooter à tout va, on trouve toujours un bonhomme pour sortir une blague ou un jeu de mots pourri, ce qui dédramatise l’intensité de la scène. Il manque vraiment un équilibre au film, qui se ressent dans certains dialogues pas crédibles, et c’est dommage que le film se perde parfois dans des consensus pour plaire à un public décérébré.

Au final, Fast & Furious 8 est un opus qui suit la logique de la saga, allant toujours plus vite et toujours plus fort, au risque de proposer un spectacle qui va beaucoup trop loin dans le délire. Si certaines séquences sont carrément jouissives, d’autres le sont un peu moins et font presque cheap, notamment sur la fin. Il en résulte un film généreux, qui ne ment pas sur sa marchandise, proposant bien un spectacle crétin, mais qui arrive à faire passer la pilule grâce à un casting irréprochable et une honnêteté à toute épreuve.

Note : 12/20

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Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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