avril 24, 2024

7h58 ce Samedi-là

Titre Original : Before the Devil Knows you are Dead

De: Sidney Lumet

Avec Ethan Hawke, Philip Seymour Hoffman, Marisa Tomei, Albert Finney

Année : 2007

Pays : Etats-Unis

Genre : Thriller

Résumé :

Ce samedi matin-là, dans la banlieue de New York, tout semble normal dans la vie des Hanson. Alors que Charles, le père, passe un test de conduite, sa femme Nanette ouvre la bijouterie familiale. Leur fils aîné, Andy, s’inquiète pour le contrôle fiscal qui débute lundi. Et comme d’habitude, Hank, son frère cadet, se noie dans ses problèmes d’argent.
Mais à 7h58, ce samedi-là, tout va basculer dans la vie des Hanson.

Avis :

« 12 hommes en colères« , « Serpico« , « Un après-midi de chien« , « Network, main basse sur la télévision« , « Le verdict« , « A bout de course« , Sidney Lumet, c’est une vie entière de cinéma. C’est une vie qui part des planches de Broadway, alors qu’il n’est encore qu’un enfant, pour aller jusqu’à un Oscar d’honneur en 2005, pour service rendu au monde du cinéma. Décédé en 2011, Sidney Lumet laisse un héritage inestimable.

Après cinquante ans de réalisation et presque autant de films, Sidney Lumet livre avec « 7h58 ce Samedi-là« , son ultime métrage et quel métrage ! Avec ce dernier film, Sidney Lumet nous livre un très grand film. Un film noir, puissant, tendu et qui s’avère être une remarquable chronique familiale, « 7h58 ce Samedi-là » n’est qu’une montée infernale pour ses personnages, comme pour nos émotions et l’on en ressort soufflé et impressionné par ce cinéma, aussi moderne qu’à l’ancienne. Oui des polars, des thrillers et des drames de cet acabit ne courent plus vraiment nos écrans et c’est bien dommage.

Dans la famille Hanson, les deux fils croulent sous les problèmes. Andy, le grand frère, a une idée qui pourrait les sortir d’affaires et leur permettre de récolter un joli pactole. En effet, leurs parents tiennent une petite bijouterie en ville et il serait très simple de la braquer. Après avoir réussi à convaincre son petit frère, le braquage se passera le samedi matin suivant. Mais alors que tout était simple et joué d’avance, ce samedi matin, à 7h58, tout bascule dans la vie des Hanson.

« 7h58 ce Samedi-là« , c’est la puissance d’un scénario mené et maîtrisé d’une main de maître par un réalisateur qui nous offre son dernier coup d’éclat. Ici, Sidney Lumet filme la nature humaine dans ce qu’elle peut avoir de plus sordide, de plus noire, mais aussi de plus ambiguë. L’idée de départ est en soi déjà très dure, très pessimiste, et Sidney Lumet, avec tout le talent de conteur qu’on lui connaît, va nous livrer un film étouffant, déroutant et bouleversant, qui une fois lancé, ne nous lâchera plus jamais.

Le scénario est comparable à une spirale infernale. Une spirale éclatée dans sa mise en scène, et maintenue à tout instant par son réalisateur. Une spirale dans laquelle personne ne peut en ressortir indemne.

Ce qui est fabuleux avec le scénario de Sidney Lumet, c’est que plus il avance, et plus il est surprenant. Evidemment, on savait bien que tout allait mal tourner pour les deux frères, mais ici, c’est loin des convenances et « 7h58 ce Samedi-là » va crescendo dans l’horreur, la perte de contrôle et l’imprévisible.

Ce qui est fabuleux dans l’écriture, on va le retrouver aussi dans l’épaisseur de ses personnages. Sidney Lumet nous offre des personnages ambigus, névrosés, torturés et surtout incontrôlables. Des personnages, qui en plus d’être tenus par des acteurs prodigieux, sont savoureusement mis en scène, puisque le réalisateur les étoffe au cours d’une mise en scène éclatée qui démontre que Sidney Lumet, quatre-vingt-quatre ans à l’époque, pouvait encore réinventer son cinéma et donner des leçons de narration à bien des réalisateurs.

Une mise en scène qui ne fait que développer les destins de chacun, à travers des avancées ou des retours sur ces derniers instants et ce dernier jour, avant que tout dérape.

On notera l’excellente bande originale de Carter Burwell (compositeur des frères Coen entre autres) qui insuffle à l’histoire de Sidney Lumet une sorte de fatalité. Ces notes discrètes et en même temps si présentes instaurent un sentiment d’impuissance face au drame qui est en train de se jouer à l’écran. Et cette BO approfondit encore un peu plus l’intrigue et le film entier.

Enfin, le dernier atout de « 7h58 ce Samedi-là« , c’est la distribution géniale que Sidney Lumet a réunie. Chaque acteur trouve-là un personnage prodigieux, comme je le disais plus haut. Si l’on sera secoué par Philip Seymour Hoffman, incroyable en manipulateur incontrôlable, et Ethan Hawke, parfait en fils qui voit peu à peu sa vie lui échapper et qu’il n’assume rien, c’est bien l’immense Albert Finney qui va nous tenir et nous bouleverser. Le comédien va nous saisir avec ce rôle magnifiquement triste. Ce rôle complexe et difficile, voué à la haine, à la rancœur, et à la déception. Un rôle puissant avec lequel Sidney Lumet tirera un clap de fin en forme de chef d’œuvre !

« 7h58, ce samedi-là« , c’est l’ultime moment de cinéma d’un cinéaste remarquable. Un film puissant et bouleversant. Un film noir, qui décrit avec pessimisme la nature humaine et la société en générale. Ce dernier tour de manivelle est donc de toute beauté et nous laisse aussi admirateur que quelque peu nostalgique, car des nouveautés Sidney Lumet, on en n’aura plus. Mais bon, il nous reste maintenant cet héritage flamboyant, peuplé d’une cinquantaine de films à découvrir, redécouvrir.

Note : 18/20

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Par Cinéted

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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