avril 19, 2024

American Nightmare 3: Elections

Titre Original : The Purge : Election Year

De: James DeMonaco

Avec Frank Grillo, Elizabeth Mitchell, Mykelti Williamson, Jospeh Julian Soria

Année: 2016

Pays: Etats-Unis

Genre: Thriller

Résumé:

Une sénatrice américaine se lance dans la course à l’élection présidentielle en proposant l’arrêt total de la Purge annuelle. Ses opposants profitent alors d’une nouvelle édition de cette journée où tous les crimes sont permis pour la traquer et la tuer…

Avis:

Il y a quatre ans maintenant, sortait sur les écrans American Nightmare, un film d’horreur qui lorgnait vers le thriller sous la forme d’un home invasion avec pour sujet principal une purge annuelle. En gros, chaque année, durant 12 heures, le meurtre est autorisé aux States et tout le monde peut se laisser aller à buter qui il a envie sans craindre les foudres de la justice. Succès surprenant malgré un film assez moyen, le réalisateur et les producteurs de chez Blumhouse y voient là une manne providentielle et une potentielle saga cinématographique. Un an plus tard sortait un deuxième volet, partant sur la même thématique, mais offrant un message plus politique, plus acerbe et surtout, avec des phases d’action prenante et un Frank Grillo parfait dans un rôle badass. Montrant que les politiques du pays géraient cette purge et souffrait d’une immunité, ce deuxième volet avait eu la bonne idée de mettre du fond dans un film qui en avait grandement besoin. Du coup, en quoi pouvait bien servir un troisième volet?

Concrètement, à rien. Et cela se voit rapidement sur ce troisième opus qui va avoir du mal à rajouter des choses à raconter tant tout a déjà été dit. On retrouve donc un message politique fort tournant autour de cette purge annuelle et on aura droit à un Frank Grillo qui va devoir protéger une sénatrice voulant devenir présidente et interdire la Purge. Bien évidemment, sa vie va être mise en danger par ses adversaires politiques et la lutte pour la survie va être âpre entre les tarés dans les rues et les mercenaires engagés par les pro-purges. James DeMonaco va essayer d’inclure dans son histoire un début de mythologie autour de cette nuit avec des factions mises en place pour aider les blessés et présentant des sanctuaires construits pour aider les victimes de cette purge. On retrouvera aussi un message religieux au sein du film, avec une sorte de secte, la NFFA, qui représente tous les vieux bourges adeptes de la purge, leur permettant de buter du pauvre à tout va. Si cela aurait pu être une bonne idée, le réalisateur n’arrive pas à donner du poids à son propos.

Un propos qui n’est pas forcément douteux, mais qui reste très manichéen et bien-pensant. En effet, le film ne montre que les riches contre les pauvres, les politiques contre la plèbe et l’ensemble est vraiment très caricatural sans jamais apporter de grandes réflexions, confortant le spectateur dans sa haine du puissant et sa jalousie de celui qui a tout. Cependant, le but d’un film comme American Nightmare, c’est d’amener une réflexion sur la nature humaine et sa profonde noirceur. Ainsi, le film doit dégouter le spectateur de cette purge, il doit amener le spectateur à réfléchir sur un tel système et donc provoquer comme une injustice au sein du métrage. Ce qui ne sera pas fait. L’exemple le plus flagrant, c’est lorsque l’une des héroïnes va buter des adolescentes qui se prennent pour des gangsters et le spectateur va prendre un plaisir malsain devant cette scène. Or, pour que ce soit vraiment efficace, il aurait fallu que cette scène soit injuste, tuant des nanas innocentes ou en échec sur leur parcours. Sauf qu’encore une fois, le spectacle est presque jouissif, flattant les bas instincts du spectateur. Ce n’est peut-être pas le but du film, qui doit se voir comme un divertissement, mais il est facile de voir la maladresse de son créateur qui justifie presque les actes de la purge.

On retrouvera aussi des moments assez clichés tout le long, notamment en ce qui concerne la communauté noire. En effet, il semblerait que James DeMonaco confonde pauvre et riche avec blanc et noir. S’il est totalement louable d’éviter le whitewashing et de mettre en avant des personnages bons de couleur noire (surtout en période Donald Trump), le film n’évite pas les poncifs du genre, avec les pauvres blacks généreux et les méchants riches blancs. Tout comme la relation entre Frank Grillo et Elizabeth Mitchell qui fait presque buddy movie, se sortant toujours du mauvais pas grâce à l’autre. Alors en l’état, le film fonctionne parce qu’il est très nerveux et qu’il n’arrête pas une seule seconde, mais il faut dire que le film rate complètement son premier but, celui de faire peur ou de créer de la tension.

Il ne faut pas oublier que American Nightmare est censé être une licence horrifique et en ce sens, il doit créer de la tension. Dans ce film, on est plus proche du thriller à tendance actionner, sans réel volonté de créer une ambiance dangereuse. Les seuls moments réellement tendus sont lorsque le héros se retrouve seul dehors avec la sénatrice et qu’il n’y a personne autour d’eux, avec un silence morbide. Malheureusement, ces fulgurances sont bien trop rares pour pleinement convaincre, tout comme les moments un peu plus dérangeants, qui sont vite expédiés comme cette guillotine dans une ruelle ou encore cette femme qui regarde son mari brûler. Certes, ce n’est pas le propos principal du film, mais il manque clairement une ambiance soignée, montrant à quel point cette nuit est un cauchemar de tous les instants, présentant des dangers à chaque coin de rue. Il manque donc la peur et c’est dommage car les personnages de Frank Grillo et d’Elizabeth Mitchell sont relativement attachants et bénéficient d’un background intéressant, contrairement aux autres personnages. Enfin, les enjeux sont assez maigres et le film tourne un peu en rond, faisant d’incessants allers-retours entre deux lieux identiques.

Au final, American Nightmare: Elections est un film assez moyen qui ne réinvente en rien la licence qui fête aujourd’hui ses quatre ans. Profondément cliché et n’arrivant jamais à approfondir son mythe, ce troisième épisode est décevant sur bien des plans même s’il n’ennuie jamais grâce à un rythme soutenu et deux personnages principaux attachants et badass. Un film sympathique au demeurant, même s’il est perclus de maladresses et qui n’arrive pas au niveau du deuxième film, qui avait réussi l’exploit d’être plus réussi que le premier, changeant complètement de sous-genre. Bref, un film qui annonce en plus un quatrième métrage, mais on se demande bien de quoi il va pouvoir parler.

Note: 12/20

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Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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