mars 19, 2024

Toto le Héros

De : Jaco Van Dormael

Avec Michel Bouquet, Jo De Backer, Thomas Godet, Mireille Perrier

Année : 1990

Pays : Belgique, France, Allemagne

Genre : Drame

Résumé :

« C’est l’histoire d’un type à qui il n’est jamais rien arrivé. » Thomas, vieillard vivant dans un hospice, est persuadé que son voisin Alfred Kant et lui ont été échangés à la naissance. Ruminant son amertume, il n’a qu’une obsession : récupérer la vie qui lui a été volée, à n’importe quel prix.

Avis :

Poésie, onirisme et émotion voilà quelques mots qui peuvent définir le cinéma presque unique du belge Jaco van Dormael. Réalisateur aussi admiré que discret, Jaco van Dormael a très peu réalisé, puisqu’en vingt-six ans de carrière, on ne lui compte que quatre films. Mais quels films, quelles expériences entre l’émouvant « Le Huitième Jour« , le rêvé, poétique et métaphysique « Mr. Nobody » et le délirant et sérieux à la fois « Le Tout Nouveau Testament« . Chacun de ses films apporte quelque chose d’inédit et se trouve être un magnifique spectacle de la vie.

Parmi tous ses films, « Toto le héros » est le premier film signé Jaco van Dormael. Joli succès critique à l’époque de sa sortie, le film raflât une caméra d’or au festival de Cannes et un César du meilleur film étranger chez nous. Mais le film laisse un sentiment partagé aujourd’hui. Partagé entre des idées incroyables (comme toujours), mais un montage assez alambiqué et finalement peu d’empathie pour son personnage principal et son histoire qui pousse parfois vers le misérabilisme. « Toto le Héros » se place donc comme une déception, car malgré ses très bonnes idées, il est le film le moins fort de son réalisateur.

Thomas est un vieillard piégé dans un hospice. Aigri et plein de rancune, il est persuadé qu’il a été échangé à la naissance avec son voisin Alfred. Toute sa vie, Thomas a ruminé cette rancœur et il est bien décidé aujourd’hui a tué Alfred pour cette vie et ce bonheur qu’il lui a arraché.

« Toto le héros« , c’est l’opposition de deux sentiments contraires. D’un côté, on sera ébloui par un cinéaste en totale créativité. Un cinéaste qui démontre une envie folle de faire du cinéma autrement et c’est entre poésie pure et lyrisme incroyable que Jaco van Dormael nous propose cette première œuvre.

« Toto le héros » part d’une idée géniale, un homme est persuadé qu’un autre lui a pris sa place à la maternité. Partant de cette trame, le réalisateur nous propose, à travers trois portraits du même homme à différents âges de sa vie, de suivre cette rancœur, ce sentiment d’abandon et cette jalousie incontrôlable pendant près d’une heure et demie. Trois âges aussi fascinants qu’ils vont être inégaux, puisque par exemple, la partie menée par Michel Bouquet sera bien plus ennuyante que celle de l’enfance, où l’on retrouve tout le cinéma de Jaco Van Dormael en quelques scènes. Une partie emmenée par un jeune Thomas Godet incroyable qui crève l’écran à tout instant et se trouve être la seule partie du film vraiment touchante.

Ce qui est étonnant avec « Toto le héros« , c’est la façon qu’a Jaco van Dormael de nous raconter cette histoire qui, malgré ses défauts, reste assez incroyable. Son film est bourré d’inventivité, bourré d’imagination et l’on reste comme bluffé devant la maturité de cette mise en scène qui détient déjà la patte inclassable qu’on adore chez Jaco van Dormael.

Mais comme je le disais plus haut, « Toto le héros« , c’est l’opposition de deux sentiments et de l’autre côté, au-dessus de la rêverie de la mise en scène, au-dessus de l’ingéniosité de la mise en scène, on trouve aussi un film terriblement déprimant. Un film où l’on assiste pendant près d’une heure et demie à la rancœur d’un vieux qui ne fait que cultiver son obsession. Alors en soit le sujet est très intéressant dans son idée, mais le souci, c’est que Jaco van Dormael enferme son personnage dedans et finalement, il n’arrive jamais vraiment à nous toucher avec (sauf la partie dans son enfance). De plus, le film fait des allers/retours incessants entre souvenir et présent et les choix des séquences montées finissent par être approximative. Pourquoi le personnage décide-t-il de se souvenir de ce moment-là précisément ? Parfois, c’est cohérent, mais à d’autres moments, on reste sur nos pourquoi et comme le réalisateur enferme son personnage dans une tristesse et un dégoût absolu, l’empathie qu’on aurait dû ressentir pour lui finit par être quasi inexistante et c’est tellement dommage.

Si je ne regrette pas de m’y être arrêté, car c’est un film intéressant à découvrir pour énormément d’éléments et d’idées, c’est aussi un film devant lequel on s’ennuie, qui touche peu et qui déprime.

Note : 09/20

[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=l4q8jmeCVP0[/youtube]

Par Cinéted

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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