avril 23, 2024

The Invitation

De : Karyn Kusama

Avec Michiel Huisman, Logan Marshall-Green, John Carroll Lynch, Tammy Blanchard

Année: 2016

Pays: Etats-Unis

Genre: Thriller

Résumé:

Par une sombre nuit, Will est invité à un dîner chez son ex-femme et son nouveau mari. Au cours de la soirée, il s’aperçoit que ses hôtes ont d’inquiétantes intentions envers leurs invités.

Avis:

Quand on jette un rapide coup d’œil sur le monde du cinéma horrifique, on se rend vite compte d’un état de fait, les femmes sont clairement en minorité. Très souvent mises dans les métrages d’horreur pour leur plastique et leur façon de crier, les femmes n’ont pas toujours le beau rôle dans le septième art et même si cela est en train de doucement se transformer avec des Rape and Revenge comme I Spit on Your Grave ou plus récemment It Follows, le fénimisme peine à trouver sa place dans le monde de l’hémoglobine. Cela se vérifie même dans les réalisatrices qui n’ont pas le même statut que les hommes et le chemin semble bien plus complexe pour elles. Karyn Kusama fait partie de ces réalisatrices qui ont décidé de mettre en avant la femme, aussi bien dans le sous-texte de leurs films qu’en tant qu’héroïne. Son premier film, Girlfight, avec Michelle Rodriguez dans le rôle d’une boxeuse, était déjà très empreint de féminité, mais c’est avec Jennifer’s Body qu’elle va approfondir ses idées sur les femmes avec une Megan Fox charmante et affamée. On oubliera volontairement Aeon Flux même si encore une fois une femme est en tête d’affiche.

Ce n’est donc pas pour rien qu’après une petite traversée du désert à faire des épisodes de séries, on retrouve la réalisatrice sur un projet comme XX, une anthologie horrifique uniquement réalisée par des femmes. Mais avant cela, elle va faire un petit détour par la case thriller avec The Invitation, un film hybride et étrange qui a fait une petite sensation lors de sa sortie en VOD.

The Invitation raconte les retrouvailles de plusieurs amis qui ne se sont pas vus depuis deux ans à cause d’un drame lors d’un dîner. Parmi tous les couples réunis, on retrouve un couple gay, un couple asiatique dont le compagnon est toujours en retard, mais aussi et surtout deux couples dont l’homme et la femme ne sont plus ensemble et ont refait leur vie avec quelqu’un d’autre. Dans cette réunion, tout est fait pour mettre le spectateur mal à l’aise, que ce soit dans les relations entre personnages, ou encore dans les jeux mis en place lors de la soirée pour ne pas s’ennuyer. En prenant des couples en phase de reconstruction ou ne rentrant pas forcément dans des cases communes, la réalisatrice crée une véritable tension où les enjeux restent véritablement flous. Le problème avec ce genre de personnalités, c’est que le spectateur va avoir du mal à ressentir de l’empathie, de par le trop grand nombre de personnes, mais surtout à cause des crises d’hystérie de certains. Car le protagoniste principal que l’on va suivre n’est rien d’autre que l’ancien mari de celle qui invite, dans son ancienne maison et avec qui il a perdu un fils. De ce fait, tout le travail de background s’effectue sur lui et s’il n’est pas bancal, demeure assez linéaire et parfois agaçant.

Et le problème, c’est que le film ne se repose que sur ça en son début pour créer une tension entre deux personnes dont les relations restent floues. Et c’est un peu maigre, d’autant plus que le personnage principal, qui tire toujours le gueule, laisse sa nana avec des inconnus, se barre souvent dehors pour prendre l’air, est assez pénible. Fort heureusement, la réalisatrice sait manier son petit monde en proposant plusieurs petits climax qui vont faire monter la tension, ou tout du moins laisser des indices sur le retournement de situation qui sabordera la soirée. Mais là encore, c’est à moitié réussi, la faute à une certaine prévisibilité dans les faits. On apprend diverses choses qui ne laissent planer aucun doute et on retrouve même parfois des incohérences, comme dans l’absentéisme d’un personnage qui survient par la suite, détruisant une tension assez palpable. C’est dommage et on a la sensation que Karyn Kusama ne sait plus comment gérer sa montée progressive vers l’horreur.

Un mauvais équilibre que l’on doit à une mauvaise gestion du rythme. Il faut savoir que The Invitation est très lent, qu’il prend son temps pour asseoir son ambiance, mais au bout d’un moment, certaines scènes semblent complètement inutiles, comme le tout début où le couple a un accident avec un coyote. Difficile d’y voir un quelconque symbolisme. C’est d’ailleurs ça qu’il manque dans ce film qui prône, in fine, une façon de faire son deuil en se vengeant des autres, pensant que cela soulagera notre propre mal-être. Un discours qui s’appuie sur une secte invisible mais qui, là non plus, n’arrive pas à créer une tension suffisante pour complaire le spectateur, qui lui, aura deviné depuis longtemps les tenants et les aboutissants du métrage. Le plus blâmant dans tout cela, c’est que la réalisation qui garde un côté très arty américain, genre Sundance, est plutôt pas mal, les acteurs sont relativement juste s’il on excepte le surjeu de Tammy Blanchard, mais surtout la couleur est plutôt en adéquation avec la thématique du film, alternant entre du jaune pâle et un noir presque complet, conférant des allures de giallos à un film qui n’en est pas un.

Reste alors le twist final et le dernier quart du film, où l’on sent clairement que la réalisatrice n’en a plus rien à faire. Non pas que la réalisation soit moins soignée, mais la tension retombe immédiatement, et on sent une incapacité à surprendre le spectateur ou encore à créer une quelconque tension pour les personnages. La faute à un début trop lent et des protagonistes agaçants, mais le film n’arrive pas à tenir sur sa fin, ne trouvant finalement qu’un Deus Ex Machina pour sauver les meubles et quelques personnages. C’est assez décevant car non seulement ce retournement était prévisible, mais en plus de cela, il est expédié rapidement, n’offrant pas vraiment ce que le spectateur était venu chercher. Il aurait été préférable de raccourcir le film, de mettre moins de personnages afin d’approfondir la psychologie de chacun, de créer de l’empathie pour tous et ainsi de dériver par la suite vers un survival sous forme de huis-clos. La toute fin est d’ailleurs peu crédible et renvoie le film à une série B fortement dispensable.

Au final, The Invitation est un film très délicat à approcher. Non pas que le film soit mauvais, puisqu’il possède beaucoup de qualités indéniables et une approche pas si éloignée de Roman Polanski, mais il manque d’équilibre pour pleinement convaincre. Trop lent et relativement prévisible, le film de Karyn Kusama manque de punch et de personnalité même si son intention était totalement louable. Il en ressort donc un film en demi-teinte et assez décevant, surtout sur son dernier quart.

Note: 09/20

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Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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