mars 19, 2024

Le Cri – Nicolas Beuglet

De : Nicolas Beuglet

Editeur : XO Edition

Genre : Thriller

Résumé :

Hôpital psychiatrique de Gaustad, Oslo. À l’aube d’une nuit glaciale, le corps d’un patient est retrouvé étranglé dans sa cellule, la bouche ouverte dans un hurlement muet. Dépêchée sur place, la troublante inspectrice Sarah Geringën le sent aussitôt : cette affaire ne ressemble à aucune autre…
Et les énigmes se succèdent : pourquoi la victime a-t-elle une cicatrice formant le nombre 488 sur le front ? Que signifient ces dessins indéchiffrables sur le mur de sa cellule ? Pourquoi le personnel de l’hôpital semble si peu à l’aise avec l’identité de cet homme interné à Gaustad depuis plus de trente ans ?
Pour Sarah, c’est le début d’une enquête terrifiante qui la mène de Londres à l’île de l’Ascension, des mines du Minnesota aux hauteurs du vieux Nice.
Soumise à un compte à rebours implacable, Sarah va lier son destin à celui d’un journaliste d’investigation français, Christopher, et découvrir, en exhumant des dossiers de la CIA, une vérité vertigineuse sur l’une des questions qui hante chacun d’entre nous : la vie après la mort…
Et la réponse, enfouie dans des laboratoires ultrasecrets, pourrait bien affoler plus encore que la question !

Avis :

Si les thrillers rivalisent d’inventivité pour donner une connotation étrange, voire paranormale, lors des premières pages, il est moins facile de parvenir à un équilibre au fil de la trame pour entretenir le mystère et l’expliquer d’une manière rationnelle. Pour cela, il faut jouer sur le rythme, les protagonistes et une narration fluide afin d’entretenir une progression non moins tendue. Autrement dit, obtenir un bon roman est loin d’être évident quand il s’agit de mettre en pratique ces éléments. Derrière un titre aussi sobre qu’évocateur, Le cri semble s’inscrire dans cette ligne de livres qu’on ne voit pas arriver et qui intrigue de par son entame et les thématiques qu’il brasse.

On connaît Nicolas Beuglet sous le nom Nicolas Sker. Il y a cinq ans, l’auteur nous desservait Le premier crâne, thriller ésotérique fort appréciable qui, déjà, faisait montre d’une certaine efficacité dans le sens de l’écriture et de la mise en scène. Ici, il n’est pas question de se pencher sur une énigme séculaire (quoique…), mais sur un décès au sein d’un hôpital psychiatrique. L’entame évoque un polar nordique où les rigueurs du climat se confrontent à des caractères tout aussi rudes et implacables. Pendant une première partie assez oppressante, le cadre et le contexte évoquent Puzzle de Franck Thilliez. D’ailleurs, la comparaison avec cet auteur incontournable et loin d’être anodine.

Le ton employé, l’atmosphère générale et, surtout, cette manière d’intriquer la science aux investigations rappelle l’œuvre de son confrère. Qu’on ne s’y trompe pas, il ne s’agit nullement d’un ersatz des Experts où la débauche de moyens technologiques est prépondérante. Non, il est ici question d’explorer certains projets secrets ou d’user de dernières découvertes afin de justifier la teneur même du roman. Il en ressort des interrogations et des révélations qui accentuent le suspense et l’originalité de l’histoire. La transition entre la psychanalyse et la physique peut paraître abrupte, mais, au fil des pages, elle trouve une réelle continuité via une documentation dense et fournie sur des théories et des faits saisissants.

Dès lors, le récit change d’échelle pour passer d’un thriller presque intimiste à un jeu de pistes international qui fonctionne comme un compte à rebours. D’ailleurs, les contraintes narratives et les enjeux appuient cette impression. La variété du cadre permet d’explorer bon nombre de lieux méconnus du grand public tel que l’île de l’Ascension ou Gaustad. Dommage que la dernière ligne droite ne s’épanche pas plus sur les mines du Minnesota ou que le vieux Nice survienne tardivement. De contrées oubliées en des endroits inaccessibles ou tenus secrets, cette diversité souligne la maîtrise de l’auteur à dépeindre des environnements aux antipodes.

Les descriptions, elles, se révèlent parfaitement cohérentes et ne prennent pas le pas sur d’autres aspects de l’intrigue, comme la caractérisation et les relations entre les différents intervenants. C’est dans des réactions mesurées et une collaboration plus ou moins volontaire que ceux-ci évoluent. Il en découle des portraits vraisemblables, suffisamment émaillés de défauts et de contradictions pour les crédibiliser sans sombrer dans des redites propres au genre. En somme, l’élément central de tout bon roman est ici respecté pour soutenir la trame.

Au final, Le cri est un thriller surprenant. Son entame auréolée d’une aura angoissante précède à une progression nerveuse qui ne faiblira qu’en de rares instants. Style efficace, sujets originaux et bien développés, une variété des lieux au rendez-vous, personnages cohérents… Outre les ingrédients indispensables à une histoire maîtrisée, Nicolas Beuglet explore le genre et ses thématiques de manière à divertir, mais aussi à sensibiliser son lectorat. Pour ce faire, l’on découvre certaines pistes de réflexion sur la science (et, par extension, la religion) en filigrane des investigations et des révélations disséminées çà et là. Une incursion convaincante.

Note : 16/20

Par Dante

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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