mars 29, 2024

Patients – Parce que le Handicap n’est pas une Limite

De : Grand Corps Malade et Mehdi Idir

Avec Pablo Pauly, Soufiane Guerrab, Moussa Mansaly, Nailia Harzoune

Année : 2017

Pays : France

Genre : Drame, Comédie

Résumé :

Se laver, s’habiller, marcher, jouer au basket, voici ce que Ben ne peut plus faire à son arrivée dans un centre de rééducation suite à un grave accident. Ses nouveaux amis sont tétras, paras, traumas crâniens…. Bref, toute la crème du handicap. Ensemble ils vont apprendre la patience. Ils vont résister, se vanner, s’engueuler, se séduire mais surtout trouver l’énergie pour réapprendre à vivre. Patients est l’histoire d’une renaissance, d’un voyage chaotique fait de victoires et de défaites, de larmes et d’éclats de rire, mais surtout de rencontres : on ne guérit pas seul.

Avis :

Grand Corps Malade est un artiste qu’on a découvert par les mots en 2006 avec un très beau premier album « Midi 20 » et un Slam qui marquera les esprits avec « Les voyages en train« . Depuis, Fabien Marsaud, qui se fait appeler Grand Corps Malade, n’a plus quitté la scène. Cinq albums en douze ans de carrière et des concerts à n’en plus finir.

Ce Grand Corps Malade n’est pas un nom choisi au hasard, et Fabien Marsaud va l’expliquer dans son livre « Patients » sorti en 2012. Un livre qui revient sur son parcours.

Et c’est ce livre justement qu’il adapte avec Mehdi Idir cinq ans plus tard pour un premier film bluffant, tout en émotion et en humour.

Alors qu’on n’attendait pas Grand Corps Malade derrière une caméra, le slammeur a surpris tout le monde en livrant une bande-annonce pleine d’humour, sur un sujet grave, le handicap. Et la surprise va se prolonger bien plus loin, car ce premier film s’avère être une magnifique réussite. Une réussite qui vous fera passer par tout un tas d’émotions. Une réussite qui vous fera sourire, voire même rire, alors que le tout est grave, mais la bienveillance des deux réalisateurs, l’autodérision de son scénario et de ses comédiens ou encore le naturel et la pudeur de ce film, font de « Patients » un petit bijou qui fait du bien.

Ben a vingt ans et se voyait prof de sport. Mais ce rêve se trouve brisé après un plongeon dans une piscine pas assez remplie. Ben a vingt ans et vient de se casser les cervicales. Le diagnostic lui apprend qu’il est tétraplégique incomplet. De ce grand corps, aujourd’hui malade, Ben ne peut bouger que sa tête, ses épaules, un peu ses mains et ses orteils du pied gauche. À la place d’être effondré, Ben se fixe comme adjectif de rejouer au basket. Là, dans les couloirs du centre de rééducation, après les efforts chez le kiné, Ben découvre aussi un nouveau monde. Le monde des handicapés et le monde de la patience. Un monde fait de petites victoires, un monde fait de souffrances, mais aussi de rires, de larmes, de vannes et de drague. Et c’est là que Ben, avec de nouveaux amis, va réapprendre à vivre.

La surprise de cette fin Février, c’est bien ce film. « Patients » est un film émouvant et envoûtant. Un film très drôle, d’une simplicité et d’une pudeur déconcertante. « Patients » est un film où résonne la sincérité à chaque instant. En adaptant son livre pour le grand écran, Grand Corps Malade et Mehdi Idir nous offre une odyssée de la reconstruction humaine. Une odyssée qui saura vous prendre aux tripes et vous touchez au plus profond.

Sans aucun misérabilisme ou pathos, les deux réalisateurs allument une lanterne sur un monde qui est inconnu pour beaucoup et c’est de la plus belle des manières qu’ils nous le font découvrir. D’ailleurs, on ne s’attend vraiment pas à rigoler autant devant un film comme ça.

« Patients » est un film qui est aussi dur qu’il va être tendre. « Patients » est un film qui est aussi drôle qu’il va être triste. « Patients » est un film qui résonne d’espoir et d’effort à tout moment. Dotée d’un scénario intelligent et juste, cette odyssée de la reconstruction est tout simplement prenante. Les deux réalisateurs ont su trouver le ton pour rendre la vie de ces patients géniale à suivre. On arpente avec beaucoup de plaisir cet établissement, ce « chez eux » forcé, que chacun d’entre eux auraient préféré ne pas connaitre.

Magnifiquement écrit, le contraire fut étonnant, « Patients« , au détour de vannes qui n’arrêtent pas de fuser, avec énormément de décontraction, va aborder énormément de sujets en plus de la rééducation que suivent les personnages.

« Patients » aborde le regard des autres sur les handicapés, l’amour, le sexe, l’avenir et l’acceptation de ce nouvel état, ou pas. Les deux réalisateurs parlent avec brio de cette rééducation de groupe, de ces petites choses, ces personnes, ces rencontres qui sont autant de petites choses qui aident à avancer sans même s’en rendre compte.

« Patients« , c’est aussi un film qui est très étonnant et très réussi dans sa mise en scène. La caméra des deux réalisateurs donne l’impression de revivre au fur et à mesure que son personnage Ben retrouve sa mobilité. Au départ allongé, c’est petit à petit que Grand Corps Malade et Mehdi Idir agrandissent leur film, un peu comme si la vision de Ben, au fur et à mesure qu’il se rétablit, voit plus loin dans son avenir. Ce parti pris est sublime et contribue là aussi à l’émotion que véhicule ce film.

Pour « l’incarner » et en même temps composer un véritable personnage, les deux réalisateurs ont choisi Pablo Pauly, jeune comédien qui après quelques années de seconds rôles, devient là une belle révélation. Drôle, émouvant, attachant, le comédien fait des merveilles dans la peau de ce patient déterminé au grand corps malade.

Si on retrouve des visages connus comme ceux de Yannick Renier, Dominique Blanc ou Alban Ivanov, on remarquera que les réalisateurs ont surtout fait appel à des comédiens qu’on va prendre plaisir à découvrir. Un casting de jeunes comédiens en devenir, qui ne sont pas vraiment connus et ce choix apporte beaucoup de fraîcheur et renouvelle le paysage du cinéma, ce qui est vraiment bien.

« Patients » est donc une très belle réussite. C’est un film qui fait du bien, même dans les moments les « plus durs », il dégage quelque chose de toujours positif et finalement, on ressort de la salle conquis et en réflexion, car d’un coup, nos petits ennuis face à cette leçon de vie et de courage apparaissent comme dérisoire. Bravo.

Note : 18/20

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Par Cinéted

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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