mars 28, 2024

La Conjuration Primitive – Maxime Chattam

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Résumé :

Et si seul le Mal pouvait combattre le Mal ?

Une véritable épidémie de meurtres ravage la France. Plus que des rituels, les scènes de crimes sont un langage. Et les morts semblent se répondre d’un endroit à l’autre. Plusieurs tueurs sont-ils à l’œuvre ? Se connaissent-ils ? Et si c’était un jeu ?

Mais très vite, l’hexagone ne leur suffit plus : l’Europe entière devient l’enjeu de leur monstrueuse compétition.

Pour essayer de mettre fin à cette escalade dans l’horreur, une brigade de gendarmerie pas tout à fait comme les autres et un célèbre profiler, appelé en renfort pour tenter de comprendre.

De Paris à Québec en passant par la Pologne et l’Ecosse, Maxime Chattam nous plonge dans cette terrifiante Conjuration primitive, qui explore les pires déviances de la nature humaine. Une mécanique impeccable. Un thriller glaçant, à ne pas mettre entre toutes les mains !

Avis :

La sortie d’un nouveau livre de Maxime Chattam, c’est toujours un moment que l’on attend avec impatience. Non seulement l’auteur est prolifique (en moyenne deux livres par an), mais il ne déçoit jamais quoiqu’une minorité puisse en penser. Rarement un écrivain est parvenu à alterner les genres avec une telle maîtrise des mots. Entre deux volets de sa saga Autre-Monde, nous voilà plonger à nouveau dans un univers sombre, impitoyable et délétère : le nôtre.

À l’origine, la sortie de La conjuration primitive était prévue pour le printemps 2012. Mais cette première version ne convenant pas à son géniteur, elle fut repoussée pour un remaniement. Une attente peut-être douloureuse qui aura néanmoins conduit sur l’un des thrillers les plus aboutis de ces dernières années. L’histoire débute en France où une vague de meurtres ébranle l’hexagone. Il n’y a pas un, mais plusieurs tueurs qui signent leurs crimes du même symbole mystérieux : *e. La brigade de gendarmerie en charge de l’enquête est rapidement dépassée par les événements. Pour ce faire, elle requiert l’assistance d’un profiler à la réputation émérite.

Outre le fait de dépeindre comme jamais notre époque et notre société, La conjuration primitive est un retour aux sources et se révèle plus ou moins liée à La trilogie du mal. En effet, les investigations sont orchestrées sur une ligne directrice palpitante qui monte crescendo. La pandémie de crime suit la même logique que son homologue virale. Des cas isolés, que l’on peut contenir, mais qui, sans un traitement rapide, se répandent comme une traînée de poudre. De fait, la multiplication des assassinats gagne en intensité, en perversion. L’histoire ne cessera de hisser la violence vers les sommets du concevable, mais sombre le lecteur dans des abysses insondables, là où se terre le mal, où la nature humaine se révèle dans toute sa noirceur.

Pour cela, le style d’écriture est, comme toujours, irréprochable. Maxime Chattam n’utilise pas les mots, ils sont une extension de lui-même pour matérialiser son imaginaire. On dénote un contraste entre la description des scènes horrifiques et l’emploi d’un vocabulaire « joyeux » (« Les insectes festoient »). Il en émane un décalage presque dérangeant dans le simple fait que l’on puisse trouver un plaisir aux pires ignominies (ce qui est repoussant pour le commun des mortels ne l’est pas forcément pour les serial-killers). Chaque phrase est judicieusement placée là où il faut, sans jamais en faire trop. L’équilibre narration/dialogues est impeccable. Le récit ne souffre d’aucune longueur et même les introspections ou les réflexions plus abstraites s’avèrent nécessaires pour une meilleure compréhension.

La psychologie des personnages se retrouve grandie de cette profondeur sous-jacente. Les caractères sont dissemblables et néanmoins complémentaires pour former un ensemble crédible et homogène qui se fond parfaitement dans l’intrigue. À vrai dire, ce serait plutôt l’inverse. Les protagonistes créent l’histoire. À cela, les séquences de profilage s’implémentent parfaitement et ne sont, à aucuns moments, redondants ou laborieux. La conjuration primitive, c’est aussi un panel d’individus écorchés par la vie, par la société. Cette parenthèse de leur existence n’est autre que l’aboutissement d’un dessein pénible et sans espoir.

Au final, nous sommes en présence d’un des romans les plus marquants de ces dernières années. La violence graphique (du même niveau que La promesse des ténèbres ou In tenebris) rivalise avec les idées qu’elles sous-tendent. Celles-ci sont nettement plus inquiétantes (dérangeantes ?) dans leur finalité. La conjuration primitive est un thriller de premier ordre avec tous les ingrédients pour en faire un indispensable au sein de votre bibliothèque. Maxime Chattam n’est pas seulement un grand auteur. Il est avant tout un témoin de son époque. Un témoin qui décrit sans complaisance ce qu’il voit de notre réalité et où cela nous mène-t-il. Un style percutant au service d’une intrigue géniale et rythmée.

N.B. Une petite surprise apparaît dans les dernières pages du roman.

 Note : 19/20

Par Dante

Note de Mickey: 19/20

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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