avril 19, 2024

Sweet Home

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De : Rafa Martinez

Avec Ingrid Garcia Jonsson, Bruno Sevilla, Oriol Tarrida, Eduardo Lloveras

Année : 2016

Pays : Espagne, Pologne

Genre : Horreur

Résumé :

Chaque année, en Espagne, il y a plus de 50 000 expulsions.
85 % sont réalisées pacifiquement.
13% par la force.
Et 2%, en utilisant d’autres méthodes…

Avis :

Il fut un temps, dans les années 70, où l’Espagne s’amusait à recopier ses amis britanniques et italiens pour fournir des films d’horreur gothiques parfois plaisants et parfois complètement à la ramasse. Puis ce fut un long chemin de croix pour le cinéma de genre dans le pays ibérique, qui a connu des réalisateurs dont l’horreur n’était pas la tasse de thé. Fort heureusement, le genre a su se relever avec des noms comme Alejandro Amenabar, Jaume Balaguero et Paco Plaza ou encore Alex de la Iglesia. Et depuis le début des années 2000 on peut compter sur des sorties régulières, au ciné ou en DTV, de films d’horreur hispaniques de plus ou moins bonne qualité. S’ancrant plus facilement dans le sous-genre de l’épouvante avec des films de fantômes tels que L’Orphelinat ou Les Autres, les cinéastes espagnols aiment aussi mettre en avant des infectés avec [Rec] ou encore des sorcières délirantes comme Les Sorcières de Zugarramurdi. Mais Rafa Martinez signe avec Sweet Home, dont c’est le premier film, un retour à quelque chose de plus binaire, le slasher movie.

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Car sous ses allures de film gore et trash avec un tueur masqué, le film s’impose presque comme un retour aux sources d’un genre aujourd’hui dévolu. Sweet Home ne fait pas les choses à moitié et n’essaye de tromper son spectateur sur la marchandise, offrant rapidement un film nerveux et tendu avec des situations difficiles pour les protagonistes. Ainsi, si le film démarre comme une chronique sociale sur fond de pauvreté et de logements insalubres, Rafa Martinez va en profiter pour jeter un mauvais sort à un couple qui se trouve au mauvais endroit, au mauvais moment. On se retrouve donc avec une première partie qui tient plus du Home Invasion que du slasher, avec une bande de trois gars qui vont essayer de se débarrasser du couple gênant, puisque ce dernier vient d’être témoin d’un assassinat. Sans être mirobolant, le film livre son lot de tension, de course-poursuite et de manipulation pour sauver sa peau. Jusque-là, il n’y a rien de spécial dans le film, si ce n’est un rythme soutenu et une mise en scène nerveuse mais lisible.

Le film va gagner en puissance dans sa seconde moitié. En effet, Rafa Martinez transforme son métrage en slasher trash et gore avec l’arrivée d’un psychopathe auquel il manque une pointe de charisme. Il faut dire que la tenue de dératiseur n’est pas le meilleur costume badass du moment. Quoiqu’il en soit, le film devient plus violent et la menace est réelle. D’ailleurs, le réalisateur n’a que peu d’empathie pour ses personnages, qu’il livre avec le minimum syndical. C’est peut-être une faiblesse, car on ne craint pas vraiment pour eux, notamment pour le couple qui se pose beaucoup trop de questions sur le devenir de l’homme, et le film a beaucoup de mal à nous faire ressentir de l’empathie pour ses protagonistes. Ceci dit, le cahier des charges reste remplit en ce qui concerne la partie horreur frontale, avec quelques scènes salaces, comme ce crâne cryogénisé puis détruit à coups de marteau ou encore le coup du moteur qui tombe de plusieurs étages et écrase une tête de façon violente. Le film ne fait pas dans la dentelle et cela change un peu des films d’épouvante qui ne se basent que sur du scare jump pour susciter de l’effroi. On soulignera aussi l’ambiance du métrage qui s’amuse beaucoup avec le jaune, donnant un aspect presque maladif et malsain.

Malgré tout, Sweet Home se détache de ses compatriotes par un message social assez fort dont il va se servir pour appuyer la psychologie d’au moins un des personnages mais aussi le fond global de l’histoire. Il faut savoir qu’en Espagne, il y a de forts taux d’expulsion afin de restructurer certains immeubles et que parfois, la force n’est pas suffisante pour faire partir les gens. S’appuyant sur cet état de fait, le réalisateur pose un constat aberrant sur une société qui n’hésite pas à tuer les plus faibles par des hommes de main travaillant pour les agences immobilières afin d’obtenir un immeuble entier à rénover. Si le film part un peu en eau de boudin par la suite avec son tueur psychotique et mutique, la base démontre que le film d’horreur peut aussi partir d’un constat sociétal et offrir une certaine réflexion sur les agissements de certains grands pontes richissimes. On retrouve aussi une petite portée psychologique avec le personnage de l’homme du couple, qui éprouve un énorme blocage psychologique, que ce soit pour se lancer dans une démarche artistique ou pour trouver du boulot, et ce blocage va revenir durant le film, montrant qu’il faut vraiment aller de l’avant pour s’en sortir et que l’on a rien (voire pire) si l’on ne se secoue pas un peu. C’est peut-être mineur dans le film, mais cela montre qu’il y a un réel travail d’écriture dans Sweet Home.

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Au final, Sweet Home est un premier film qui n’est pas si mal que ça. Si on peut lui reprocher quelques facilités scénaristiques et des moments incohérents comme le fait que le couple soit complètement bloqué dans cet immeuble sans issue possible, on ne peut pas enlever au film sa générosité dans le gore et dans les séquences tendues. Film assez binaire dans sa construction, Rafa Martinez éprouve tout de même le besoin de mettre un fond social dans son film, ce qui lui permet de se démarquer des autres pour offrir un film d’horreur finalement efficace.

Note : 14/20

[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=SyKqSa3lK1w[/youtube]

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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