avril 25, 2024

Le Tunnel

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Résumé :

Mami va mourir, les médecins en sont sûrs. La jeune fille est persuadée de voir la mort rôder dans les couloirs de l’hôpital dans lequel elle séjourne. Cette mort qu’elle aperçoit fréquemment, n’est autre que Monsieur Mukoda, un patient qui intéresse les médecins car ses rêves semblent le transporter hors de l’espace et du temps…

Avis :

Reconnu comme un maître du manga d’horreur, Junji Ito publie son premier manga de genre horrifique intitulé « Tomié » en 1987 alors qu’il travaille encore comme technicien dentaire. C’est au début des années 90 qu’il décide de se consacrer pleinement à sa passion pour le manga en devenant auteur et dessinateur à temps complet. C’est avec des nouvelles d’épouvantes comme celles que l’on retrouve dans « Le tunnel » que l’auteur se taillera un nom en parvenant à faire frémir un nombre grandissant de lecteurs. Ce recueil de 5 histoires publiées de novembre 1995 à septembre 1997 rappelle par moments les comics américains « Tales from crypt« , une part de folklore fantastique japonais en plus et l’humour noir en moins car ici on reste sur quelque chose de beaucoup plus sérieux qui sombre dans l’horreur pure, mais avec toujours une chute qui verse dans le nihilisme et l’effroi. La patte graphique de Junji Ito assez particulière reste vraiment travaillée au niveau des expressions des visages des personnages (attitudes, regards) et convient finalement plutôt bien au genre horrifique.

Le premier récit « de longs rêves » prend place dans un hôpital où un étrange patient suivi par les médecins est atteint d’un syndrome très particulier. En effet celui-ci a l’impression de vivre des rêves de plus en plus longs au fil des nuits. Ces escapade hors de l’espace et du temps détériorent son état physique et mental de façon assez terrifiante, son destin va se retrouver lié à celui d’une autre patiente préoccupée par la peur de la mort. Cette première nouvelle qui fait office de mise en bouche est pour le moins originale mais souffre un peu du manque de développement de son sujet car avec seulement une trentaine de pages (l’histoire la plus courte du recueil) le scénario a un peu de mal à prendre toute son ampleur malgré une chute qui reste efficace.

Les choses sérieuses commencent avec « Le tunnel » qui n’a rien à envier aux plus effrayantes histoires de fantômes japonais. Un tunnel hanté depuis un accident dramatique semble attirer de manière surnaturelle et déconcertante certains habitants du village alentour. Goro un jeune garçon dont la mère a disparu à l’intérieur de ce lieu maudit va tenter de percer ce douloureux mystère. L’auteur installe ici une formidable ambiance qui parvient à nous faire ressentir à plusieurs moments un sentiment de malaise. Il est juste dommage d’avoir droit à un final qui manque un peu d’impact vis à vis de ce qui a précédé. Il reste malgré tout un très bon récit et s’établit comme la pierre angulaire du recueil.

« Le buste de bronze » met en scène une vieille femme laide, cruelle et avide de beauté qui cache d’intrigants secrets. Agacée par les commères du quartier qui se moque du buste en bronze censé la représenter car à l’opposé de ce qu’elle reflète (jeune et jolie), la vieille femme va mettre en place sa petite vengeance avec l’aide d’un vieux fondeur d’art. Difficile d’en dire plus sans révéler trop d’éléments de l’intrigue, l’horreur tient également une jolie présence dans cette nouvelle de bel acabit qui suit la lignée de la précédente en terme de qualité.

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On enchaîne avec « Les noiraudes« , petite baisse de régime pour une histoire portée par des éléments qui tanguent plus du côté du fantastique. Des espèces d’oursins volants qu’on appelle les noiraudes se mettent à apparaître un peu partout. Leur particularité et que lorsqu’on les touche celles-ci exclament les pensées de quelqu’un avec sa voix respective, ce qui permet ainsi d’identifier la personne. Bien sur cela va causer pas mal de soucis à la population locale. On a envie de dire que tout ça manque un peu de frissons, il s’agit plus d’explorer la part sombre de l’âme humaine mais au moins l’originalité reste de mise.

Pour clore le recueil, retour à l’horreur pure et dure avec « l’histoire sanglante du village de Shirosuna » dans laquelle un médecin décide de s’installer dans un village frappé par une terrible malédiction. Les habitants ont un comportement et une apparence des plus étranges, le médecin décide d’en savoir plus à ses risques et périls… On tient là le récit le plus sombre du manga avec « le tunnel« , l’atmosphère est quasi irrespirable au milieu de ces villageois à moitié zombies. Même si le récit ne brille pas par son originalité, il a le mérite d’être extrêmement efficace. Le manga se ferme sur une bonne note d’effroi.

En conclusion « Le tunnel » reste une compilation de nouvelles de bonne facture. Sur les 5 récits proposés, 3 sont vraiment bons (« le tunnel« , « le buste de bronze« , « l’histoire sanglante du village de Shirosuna« ) et les 2 autres restent un peu en dessous (« de longs rêves« , « les noiraudes« ). Ce qui est sûr, c’est que les amateurs d’horreur nippone devraient y trouver leur compte. Pour ceux qui souhaitent se plonger un peu plus dans le meilleur de l’œuvre de Junji Ito, « Spirale » (en 3 tomes) et « Gyo » (en 2 tomes) vous sont conseillés.

Note : 14/20

Par Casey Slyback

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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