mars 29, 2024

Descendance – Graham Masterton

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Auteur : Graham Masterton

Editeur : Bragelonne

Genre : Horreur

Résumé :

1943, l’Europe est dévastée par la guerre. James Falcon, éminent spécialiste des strigoï ; les vampires qui infestaient autrefois les forêts les plus reculées de Valachie, est contacté par le contre-espionnage américain. Sa mission : traquer et éliminer les strigoï qui combattent aux côtés des nazis et déciment les rangs de la Résistance en France, en Belgique et aux Pays-Bas. Mais le plus redoutable d’entre eux, Dorin Duca, lui échappe.
Quatorze ans plus tard, une nouvelle mission l’envoie cette fois en Angleterre, où plusieurs massacres commis dans la banlieue de Londres portent la signature des strigoï, conduits par Dorin Duca, mystérieusement réapparu. James, avec l’aide de Jill, une jeune femme d’une sidérante beauté et maître-chien émérite, dirige les investigations pour mettre fin à ces tueries. Mais il est loin de se douter de la révélation finale…

Avis :

Si l’on ne présente plus le vampire et ce qu’il symbolise pour le fantastique et l’horreur, ses origines sont beaucoup plus opaques qu’escomptées. On n’ignore pas que le folklore roumain y est pour beaucoup, notamment avec la région de la Transylvanie et l’œuvre de Bram Stocker. Pour autant, il faut remonter à des légendes véhiculées au fil des siècles pour que l’on découvre le strigoi. S’il existe bel et bien des disparités entre vampire et strigoi, leur statut d’immortels et leur soif de sang sont deux composantes qui ne facilitent guère leur distinction. Sans se prêter au jeu des sept différences, Descendance parvient-il à trouver le ton juste pour apprécier une énième histoire de créatures aux canines effilées ?

Car il faut bien reconnaître que le sujet a été largement surexploité, quitte à dénaturer son orientation littéraire première avec la bit-lit ou des récits à l’emporte-pièce. Aussi, Graham Masterton s’essaye à un exercice périlleux, quand bien même il jouit d’une excellente réputation. Pour ce faire, l’auteur de Manitou va tout à la fois s’approprier les codes du genre afin de mieux les triturer dans un contexte inattendu. En effet, l’intrigue démarre en pleine Seconde Guerre Mondiale. Un choix pour le moins singulier qui, loin des champs de bataille, offre une atmosphère toute particulière au livre. On oublie les ambiances gothiques ou encore un style moderne et « branché » pour s’enfoncer dans un réalisme autrement plus saisissant que certains délires de seconde zone (cf. Dracula 2001).

Néanmoins, il ne s’agit là que d’une introduction élaborée. La majeure partie de l’histoire se déroule à la fin des années 1950. Si ce changement se révèle nécessaire à la bonne progression de la trame, elle offre un engouement moindre au regard des premières pages parcourues. Non pas que le récit s’essouffle après le premier tiers écoulé, mais il se montrera plus linéaire, car les protagonistes se concentrent sur un unique ennemi. En ce sens, on pourrait résumer Descendance à une simple chasse aux strigois où Londres est le théâtre de cet affrontement. Malgré quelques investigations sur des scènes de crimes (qui pourrait évoquer les polars de l’époque), on demeure bel et bien dans du fantastique.

Certaines lignes peuvent se révéler trop faciles par rapport à ce que l’on aurait pu souhaiter. On songe notamment à la traque de Duca (l’antagoniste) qui connaît des tours et détours qu’on soupçonne d’être uniquement présent pour prolonger le plaisir. À cela s’ajoutent quelques intermèdes pour développer le passif des personnages principaux. James Falcon, le chasseur de strigois, évoque une sorte de Van Helsing avec un penchant évident pour la cruauté, la violence gratuite et le sarcasme. De leur côté, sa comparse et son assistant peuvent s’apparenter respectivement à Mina et Jonathan Harker. Des parallèles éculés certes, mais qui ne manquent pas de se confirmer au cours de la lecture.

Pour le reste, on reconnaît la propension de l’auteur à verser dans le sordide, le tout saupoudré par de généreux flots d’hémoglobines et d’un soupçon de sexe. Sans être novatrices, certaines méthodes de tortures et d’exécutions s’avèrent très explicites dans leur description. De même que la documentation concernant les strigois, leurs caractéristiques, leurs forces et leurs faiblesses, forme une base solide pour construire la trame sur les croyances et légendes roumaines. Une manière assez pertinente d’implanter une réalité sous-jacente à la nôtre dans le but de servir une histoire alternative et cachée en traversant les époques. Efficacité et rigueur sont donc les maîtres mots pour mettre en abîme ce récit.

Malgré la simplicité apparente de son intrigue qui se résume à peu de choses, Descendance offre une histoire de vampires (ou de strigois) nettement plus entraînantes que la plupart des titres (littéraires et cinématographiques) qui sortent actuellement. Avec une indéniable préférence pour l’aspect bestial des créatures de la nuit en délaissant la noblesse de leurs conditions, on jongle entre le traditionnel et une approche contemporaine. Cette dernière se concentre sur les besoins du strigoi et la manière dont il contamine d’autres individus, semblable à une maladie ou à un virus. Dommage qu’il soit passé (presque) inaperçu en pleine période Twilight. Exception faite de quelques errances narratives, Descendance revient aux fondamentaux du genre, sans lésiner sur le gore.

Note : 14/20

Par Dante

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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