mars 29, 2024

Poesia Sin Fin

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De : Alejandro Jodorowsky

Avec Adan Jodorowsky, Pamela Flores, Brontis Jodorowsky, Leandro Taub

Année : 2016

Pays : France, Chili

Genre : Fantastique, Biopic

Résumé :

Dans l’effervescence de la capitale chilienne Santiago, pendant les années 1940 et 50, « Alejandrito » Jodorowsky, âgé d’une vingtaine d’années, décide de devenir poète contre la volonté de sa famille. Il est  introduit dans le cœur de la bohème artistique et intellectuelle de l’époque et y rencontre Enrique Lihn, Stella Diaz, Nicanor Parra et tant d’autres jeunes poètes prometteurs et anonymes qui deviendront les maîtres de la littérature moderne de l’Amérique Latine. Immergé dans cet univers d’expérimentation poétique, il vit à leurs côtés comme peu avant eux avaient osé le faire : sensuellement, authentiquement, follement.

Avis :

Après une pause de plus d’une vingtaine d’années, Alejandro Jodorowsky s’est lancé dans ce que l’on pourrait appeler ses mémoires fantasmées. En 2013, il présente « La Danza de la Realidad« , un film qui nous contait l’enfance de Jodorowsky au Chili. À quatre-vingt-sept ans, Jodorowsky continue sur sa lancée et nous revient avec « Poesía Sin Fin » qui n’est ni plus ni moins que la suite directe de « La Danza de la Realidad« .

Après vient en toute logique l’adolescence et le jeune adulte et c’est là que Jodorowsky a décidé d’arrêter sa caméra. « Poesía Sin Fin » est un film pile dans la lignée de « La Danza de la Realidad« . Encore une fois, Alejandro Jodorowsky nous entraîne dans un monde fait de poésie et d’artisanat, à la découverte d’un artiste qui se construit peu à peu. Et si « La Danza de la Realidad » était un film dur, « Poesía Sin Fin » sera un film bien plus touchant, notamment dans ses regrets.

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Le jeune Alejandro a quitté Tocopilla avec ses parents pour aller s’installer à Santiago. Son père le rêve médecin, mais le jeune homme veut devenir poète. Étant source de discordes, le jeune homme quitte alors sa famille. Il fréquente le milieu artiste, devient très ami avec le poète Enrique Lihn. Petit à petit, le jeune Alejandro se forme et tombe littéralement amoureux de la poésie.

Il est très difficile de parler d’un film d’Alejandro Jodorowsky tant le cinéma du bonhomme est unique, et son nouveau film ne va pas déroger à cette règle. On ira même jusqu’à dire que « Poesía Sin Fin » est un film qui porte son nom à la perfection. Poétique et onirique, le nouveau film de Jodorowsky est une plongée fascinante, aussi burlesque qu’absurde et belle, dans un Chili des années 40 fantasmé par son réalisateur.

Après l’enfance, le réalisateur a décidé de s’arrêter sur un bout de son adolescence et une grosse partie sur sa vingtaine. L’adolescence et le jeune adulte sont deux parties importantes et cruciales de la vie et ce deuxième film de l’autobiographie fantasmé de Jodorowsky nous le monte très bien. Après avoir subi les violences d’un père et être rentré dans le « clou » pour faire plaisir, dans ce film, le jeune Jodo va alors se rebeller et partir à la découverte de lui-même. Ce deuxième film est donc un parcours initiatique à travers un Santiago aussi étrange que magnifique pour aller chercher le poète enfoui au fond de lui.

Tout comme son film précédent, « Poesía Sin Fin » reprend tous les thèmes visuels et scénaristiques qui sont chers au cinéaste et il les fait s’entremêler à sa propre histoire. On est ravi de retrouver le casting original, on est encore plus ravi de trouver d’autres personnages fantastiques qui croisent la route de Jodorowsky. Le scénario est délicieux, même si parfois il peut déranger aussi. Jodoroswky y décrit et montre des scènes qui peuvent mettre mal à l’aise et paraître en trop. Le scénario décrit aussi très bien cette recherche de soi, cette quête de liberté et d’amour, puis cette fougue qui brûle en son personnage. Le film est en permanence sur le fil entre la comédie absurde et déjantée et le drame plus profond et finalement en jouant sur ces deux fronts, Jodorowsky offre des sensations belles et inédites. On est touché par ses réflexions, par ses amitiés, par ses amours. On appréciera aussi que le réalisateur ait laissé de la naïveté à son personnage.

« Poesia sin fin » est plus touchant que « La Danza de la Realidad » notamment pour sa fin où Jodorowsky aborde les regrets, les remords et surtout le pardon. Comme tout ce que fait Jodorowsky est réfléchi et creusé, on peut en déduire que lui-même jeune dans le film précédent n’avait pas encore le recul pour pardonner à son père sa dureté, et il va le faire ici de manière très touchante. Et c’est peut-être cette émotion qui manque à son film précédent.

« Poesia sin fin« , c’est aussi une mise en scène de folie qui déborde d’imagination. Quand on découvre un film comme celui-là, on se dit que le réalisateur pousse encore plus loin ses limites. Bourré de détails, d’inventions, d’artisanat, Jodorowsky nous offre un grand spectacle qui n’hésite presque plus. Avec ce film, Jodorowsky va jusqu’au bout de son style, de ses idées et  qu’importe si elles ne fonctionnent pas (oui, le film n’est pas parfait non plus). Jodoroswky invente, essaie, et s’il se plante, ce n’est pas grave, car c’est bien plus ambitieux et mieux écrit, même dans son raté, que bon nombre de films qui sortent chaque année.

On retrouve tout le casting original pour ce film et autant dire qu’ils sont tous aussi bons que dans « La Danza de la Realidad« . Mais qui dit suite, dit aussi nouveaux personnages et nouveaux acteurs. Si l’on retrouve bien Jeremias Herskovits en jeune Jodorowsky pour la partie sur l’adolescence, c’est Adan Jodorowsky, le petit-fils du réalisateur qui va l’incarner une fois adulte et le jeune homme s’en sort parfaitement, arrivant à être l’alter ego de son grand-père. Il nous communique si bien l’amour qui brûle au fond de lui. À noter que c’est aussi lui qui compose la BO du film. On notera aussi une prestation incroyable de charisme de la part de Julia Avedano qui crève littéralement l’écran. La femme aux cheveux rouges, c’est elle.

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« Poesia sin fin » est donc une œuvre surprenante et prenante d’un réalisateur tout aussi surprenant et prenant. Alejandro Jodorowsky continue sa thérapie en imprimant son histoire et qu’importe si cela peut apparaître narcissique, car à quatre-vingt-sept ans, Alejandro Jodorowsky n’a jamais été autant en forme et son cinéma est bel et bien l’un des plus beaux qui soit et surtout bien plus novateur que beaucoup d’autres réalisateurs et ça, sans avoir le budget d’un blockbuster. Bref, Alejandro Jodorowsky est un poète sans fin.

Note : 16/20

[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=OuG5TMC_HFo[/youtube]

Par Cinéted

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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