avril 19, 2024

Frère et Sœur

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Titre Original : Die Geschwister

De : Jan Krüger

Avec Vladimir Burlakov, Julius Nitschkoff, Irina Potapenko, Hilmi Sözer

Année :2016

Pays : Allemagne

Genre : Drame

Résumé :

A cheval sur le règlement dans son travail et secret à propos de sa vie privée, Thies est agent immobilier à Berlin. La gentrification a fait son œuvre dans la capitale allemande et les quartiers comme Neukölln sont désormais difficiles d’accès aux classes populaires. C’est le cas de Sonja et Bruno, frère et sœur à la recherche d’un logement, qui se prétendent d’origine polonaise. Séduit par Bruno, Thies loue clandestinement un appartement au jeune homme et à sa sœur. Il laisse exceptionnellement parler ses sentiments et baisse sa garde. Mais qu’en est-il de Sonja et Bruno ? Ne sont-ils pas eux aussi contraints d’être vigilants ?

Avis :

Jan Krüger est un réalisateur allemand qui s’est fait connaitre dès son premier court-métrage « Freunde » qui reçut le Lion d’Or à Venise du meilleur court-métrage. Ayant fait de l’homosexualité une récurrence incontournable de son cinéma, Jan Krüger s’est vite imposé dans le paysage du cinéma indépendant allemand. Réalisateur libre, il prend ainsi son temps pour écrire ses films. « Frère et sœur » est son sixième long métrage en seize ans de carrière.

Pour son nouveau film, Jan Krüger a décidé d’entremêler ses thèmes avec ceux de l’actualité et ainsi se poser en tant qu’observateur des difficultés de certains et des facilités pour d’autres. « Frère et sœur » est un film riche, engagé, tout en gardant une forme de simplicité. Posant beaucoup de questions qui restent ouvertes, le réalisateur pose un regard délicat, et parfois poétique, qui plongera le spectateur dans un Berlin fascinant, aux côtés de personnages qui le sont tout autant.

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Thies est agent immobilier. Solitaire, sa vie est régie par son travail et les coups de main qu’il donne à un ami pour ranger un grand hangar où l’homme vend des vieilleries. Un jour, Thies fait la connaissance de Bruno et sa sœur. Entre les deux garçons, il se passe quelque chose, une certaine attirance et une complicité qui fait que rapidement, les deux hommes commencent une relation. Thies va très vite apprendre que Sonja et Bruno ne sont pas d’Allemagne et qu’ils sont sur le territoire allemand en tout clandestinité. À leur contact, Thies va s’ouvrir et ainsi porter un autre regard sur les étrangers et vivre une expérience qui risque fort bien de le changer.

« Frère et sœur » est une chronique berlinoise aussi douce qu’amère. C’est une chronique pleine de vérité qui aborde avec délicatesse des sujets sensibles. Partagé entre réalisme et poésie, Jan Krüger livre un joli petit film qui pousse à la réflexion et s’avère plus profond qu’il n’en a l’air.

Avec son nouveau film, Jan Krüger aborde donc beaucoup de sujets importants sans pour autant tomber dans un film cliché d’un côté ou « documentaire » de l’autre. « Frère et sœur« , présente une histoire d’amour éphémère et complexe à la fois. Comme toujours, le réalisateur aborde une histoire entre deux hommes qui se trouvent et s’aiment. Le scénario est réfléchi et peut livrer plusieurs niveaux de lecture. Injectant une tension et un mystère, Jan Krüger nous invite à suivre cette aventure berlinoise avec une passion et un vrai fond. Car en plus de sa belle histoire d’amour, Jan Krüger aborde le sujet des sans-papiers et des logements. Ainsi, son film pose la réflexion de l’ouverture à l’étranger. Il réfléchit sur les parcours de chacun, car derrière chaque sans-papier, et plus largement chaque migrant, (même s’il ne l’aborde pas, mais au vu de l’actualité, on est obligé d’y penser), il y a une histoire, un choix, une peur et un espoir et c’est ce que raconte à plusieurs moments le film de Jan Krüger.

Le réalisateur filme et pose ses questions sans pour autant y donner des réponses, ce qui est très bien, car il n’est pas ici pour juger ou se poser en père moralisateur. On pourrait même dire qu’il fait tout l’inverse, semant le trouble parfois, distillant mystère et tension, si bien qu’on peut se poser la question de la pertinence des sentiments de certains des personnages par exemple. Est-on vraiment sûr de la relation que le réalisateur décrit à l’image, car en fin de compte, le film est peuplé d’ambiguïté, de désir ou non, et c’est ce qui en fait sa richesse. Et comme il est bien plus complexe qu’il ne laisse le croire, « Frère et sœur » risque fort bien de ne pas être le même au second visionnage, ou au troisième et ainsi de suite. Bref, il y a quelque chose d’assez fascinant qui se dégage de ces personnages. Des personnages qui sont très bien campés par Vladimir Burlakov et Julius Nitschkoff. Le réalisateur a su capter une belle alchimie entre ces deux acteurs.

« Frère et sœur », c’est aussi une très belle mise en scène. Une mise en scène très simple, qui détient en même temps de vraies envolées poétiques. Jan Krüger démontre un bel œil que ce soit pour des scènes assez banales qu’il embellit, notamment grâce à une belle photographie et une BO électro qui habille le film à la perfection. Ou bien encore pour les scènes plus intimes, dont il arrive à tirer un bel érotisme, tout en pudeur et naturel. Après le scénario, la BO de Birger Clausen est l’un des très gros points forts du film. C’est un véritable régal pour les oreilles.

Malheureusement, « Frère et sœur » n’est pas parfait et il a ses défauts. On pourra lui reprocher une certaine lenteur parfois. On pourra aussi lui reprocher dans un sens sa fin ouverte qui peut en frustrer certains. On peut aussi lui reprocher de s’évader un peu trop, notamment avec le personnage de Marcos. Ou encore, on pourra aussi lui reprocher son mystère et son ambiguïté, car si certains trouveront en ce mystère et cette ambiguïté une force pour le film, d’autres aussi pourront être déroutés, agacés.

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« Frère et sœur« , dans ce qu’il aborde, de par ce qu’il raconte, de par son histoire d’amour, de par son naturel, sa simplicité, mais aussi son onirisme, ou encore ses acteurs, est un bon film. On passe un moment agréable en compagnie de ces personnages, et même si parfois l’on peut être dérouté, on appréciera que le film reparte avec nous de la salle, pour amener du dialogue et du débat.

Note : 14/20

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Par Cinéted

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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