avril 19, 2024

Bone Tomahawk

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De : S. Craig Zahler

Avec Kurt Russell, Patrick Wilson, Matthew Fox, Richard Jenkins

Année: 2016

Pays: Etats-Unis

Genre : Western, Horreur

Résumé :

1850 – quelque part entre le Texas et le Nouveau Mexique. Dans la paisible ville de Bright Hope, une mystérieuse horde d’Indiens en quête de vengeance kidnappent plusieurs personnes. Le shérif local accompagné de quelques hommes se lance alors à leur poursuite pour tenter de les sauver…

Avis :

Le western est un genre qui est aujourd’hui tombé un peu en désuétude. Si l’on retrouve quelques sorties de temps à autre au cinéma, ce sont bien souvent des remakes et il y a peu d’idées originales à se mettre sous la dent. Car entre True Grit des frères Coen, 3h10 Pour Yuma de James Mangold ou encore Les Sept Mercenaires d’Antoine Fuqua, on ne peut pas dire que le western sente le renouveau. Et pourtant, il arrive parfois que l’on tombe sur la surprise qui faire changer les choses. Sorte d’enfant hybride entre un western aride et un film d’horreur teinté de survival, Bone Tomahawk est la bonne surprise de cette année, puisqu’il allie à merveille deux genres qui ont fait les beaux jours des biseux de tout genre. Scénario original partant d’une idée toute bête et d’une narration linéaire, le premier film de S. Craig Zahler est finalement une bonne surprise qui sera injustement privée de salles obscures.

BONE TOMAHAWK

Démarrant comme un western âpre et violent sur deux bandits de grand chemin qui égorgent des voyageurs pour piquer leurs affaires, Bone Tomahawk ne va pas laisser planer le doute sur ses intentions, fournir quelque chose de nouveau, d’agressif et de particulièrement frontal. Cependant, le film va prendre son temps pour présenter ses personnages ainsi que leur caractère respectif. Après une entame posant une ambiance lugubre sur un peuple indien cannibale, le film se déroule comme un bon vieux western d’antan, avec des personnages à la psychologie bien installée. Ainsi on aura droit au shérif bien bad ass qui aime tirer des balles dans les jambes des malfrats, un assistant vieillissant mais loyal et attachant, un gardien de troupeau aimant mais blessé à la jambe et enfin un dandy qui se traine une réputation sulfureuse de tueur d’indiens. Un petit monde hétéroclite qui va devoir cohabiter pour réussir une mission de sauvetage. C’est à partir de là que le film tombe dans le pur western comme on en fait plus maintenant.

Avec de longues séquences de discussion et de marche dans un désert aride, le réalisateur va en profiter pour mettre en avant les relations entre le quatuor qui part à la rescousse de la femme de l’un d’eux. Si cela peut paraître parfois longuet, c’est que le film ne rentre pas dans les codes du film d’horreur contemporain, préférant prendre son temps pour bien insister sur ses personnages. C’est ainsi qu’une relation se crée et que l’on va se prendre d’affection pour eux, ne voulant pas les voir mourir. Même le plus détestable de tous (Matthew Fox est surprenant dans son rôle) sera intéressant et mettra en avant des objectifs loyaux et valables. Alors il est vrai que parfois cela tire un peu sur la corde, mais le réalisateur en profite aussi pour installer une ambiance de plus en plus lugubre. En effet, le groupe marche au gré des sifflets indiens, ce qui permet de mettre en avant une tension palpable et un danger encore sans visage. Et c’est certainement là-dessus que le cinéaste frappe fort, en faisant peu de choses, mais en les faisant de manière à ce que le spectateur ressente la peur des protagonistes. Et cela est bien entendu dû à l’empathie que l’on ressent pour ce groupe et notamment à un Patrick Wilson diminué mais motivé par un amour sans faille pour sauver sa femme.

C’est dans sa deuxième partie que le film change complètement de tonalité et va à fond dans l’horreur, aussi bien visuelle que psychologique. Se référant à des films comme La Colline a des Yeux, le film vrille vers le survival et le gore frontal sans trop se poser de questions. Il faut dire que le peuple indien est d’une violence inouïe et que sur le plan visuel, S. Craig Zahler a voulu frapper un grand coup. Et c’est entre massacre au tomahawk et gunfight que l’affaire va se régler entre deux fulgurances gorasses qui risquent fort de faire détourner les yeux des plus sensibles. Posant ainsi un regard cru sur une peuplade cannibale, on pense immédiatement à Cannibal Holocaust de Ruggero Deodato, mais aussi au récent Green Inferno d’Eli Roth et le film se laisse aller à des imageries crues, violentes, sans concessions, affichant la cruauté d’un peuple plus proche de l’animal que de l’homme. Complètement assumé du début à la fin, le film se mute en horreur en un claquement de doigt, lorsque les personnages passent par un couloir dans la vallée des affamés et c’est sûrement ce tournant brutal qui va faire le succès du film. D’autant plus que le réalisateur s’amuse à brouiller les pistes, évoquant des choses qui ne seront finalement pas utiles (la dynamite par exemple, trompant ainsi un spectateur qui ne sait pas sur quel pied danser pour voir son personnage principal se sortir de la mouise.

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Au final, Bone Tomahawk est un film très malin, jouant parfaitement sur deux genres et offrant au spectateur l’espoir d’un renouveau du western. Avec des personnages simples mais solides, des situations finalement téléphonées mais maîtrisées et un casting absolument parfait (et incroyable pour un premier film, puisque le réalisateur n’a scénarisé auparavant que The Incident d’Alexandre Courtès), le film s’avère être une excellente surprise d’un réalisateur à suivre de très près, d’autant plus qu’il devrait réaliser le nouveau Puppet Master. Bref, un film parfois un peu longuet, mais qui tient toutes ses promesses et qui ne s’embêtent pas avec des atours inutiles afin d’aller au plus direct, au plus frontal. Bone Tomahawk, c’est sale, c’est violent, ça suinte mais c’est aussi très respectueux des deux genres qu’il visite, et c’est bien là l’essentiel.

Note : 15/20

[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=0ZbwtHi-KSE[/youtube]

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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