mars 19, 2024

Les Egouts de Los Angeles – Michael Connelly

9782020235259

Auteur : Michael Connelly

Editeur : Points

Genre : Polar

Résumé :

Né d’un père inconnu et d’une mère qui se prostituait, l’inspecteur Harry (Hieronimus) Bosch – comme le peintre – voudrait bien oublier la guerre du Vietnam où il nettoyait des galeries souterraines creusées par le Viêt-Cong.
Malheureusement pour lui, l’un de ses anciens collègues, Billy Meadows, a été assassiné dans une canalisation d’écoulement des eaux de pluie d’Hollywood. Le meurtre étant lié à une affaire de braquage, il faudra bien que, secondé et manipulé par la belle Eleanor Wish, agent très spécial du FBI, il affronte à nouveau sa peur.

Avis :

Au même titre que New York, Los Angeles est l’une des villes les plus emblématiques des États-Unis. Pour sa démesure, sa manière d’entretenir le rêve américain, mais aussi pour sa criminalité, cette insidieuse incursion dans ce qu’il y a de pire et de pourri dans nos sociétés consuméristes. Un discours d’actualité déjà présent voilà plus de vingt ans. C’est tout naturellement que Michael Connelly a saisi le potentiel de la cité des anges pour des intrigues policières et, surtout, pour son premier roman. Il n’est sans doute pas le premier dans ce cas de figure, mais force est de reconnaître que le recul permet de mieux comprendre le succès qu’on lui connaît.

Dès les premières pages, on plonge dans les bas-fonds de Los Angeles. Découverte d’un cadavre dans un endroit inattendu et isolé (qui explique en partie le titre du livre), premier pas dans l’enquête, premières fausses pistes. Il en découle une évidente linéarité pour perdurer sur la longueur et maintenir le suspense à son plus haut niveau. Malgré cela, l’histoire parvient à jouer de son apparente simplicité pour mieux nous entraîner sur les traces d’une affaire qu’on explore à la manière de poupées gigognes. Ce n’est pas dans les plus grosses ficelles qu’on dénouera le cœur du problème, mais dans des détails anodins ou des découvertes inattendues.

L’auteur maîtrise parfaitement son sujet en évoluant constamment sur le fil du rasoir. Certes, il est parfois difficile d’ignorer certains poncifs relatifs au genre, mais l’ensemble demeure très bien construit. Méticuleuses, soignées et patientes, les investigations brassent plusieurs thématiques via le passé des protagonistes. La guerre du Vietnam et ses conséquences sur le retour au pays des vétérans, le crime organisé (notamment ce qui a trait à la corruption ou aux braquages de banques), ces deux éléments sont les piliers qui soutiennent le roman. À travers eux, on voit évoluer les faits et, bien entendu, les personnages principaux dans une progression emballante à plus d’un titre.

Outre la manière dont Michael Connelly instille l’attente et la curiosité chez le lecteur, il fait montre d’une incroyable lucidité quant à sa vision du polar. Sa parfaite compréhension du genre et des références qui le précèdent ne l’empêchent nullement de s’en affranchir. Il parvient à trouver un équilibre entre un développement assez traditionnel (ambiance lourde, intrigue à tiroir et révélations pertinentes) et une approche très moderne qui n’a rien à envier aux meilleurs thrillers. Preuve en est avec les méthodes d’investigations de la LAPD. On songe notamment à l’émergence de l’outil informatique en complément des habituels procédés de déductions, d’interrogatoires et de témoignages.

Ce premier ouvrage est aussi l’occasion de poser les bases de son personnage fétiche : Harry Bosch. S’il peut véhiculer certains clichés qu’on trouve de plus en plus handicapants aujourd’hui (le type bourru un peu porté sur la bouteille, par exemple), on découvre un individu intéressant à plus d’un titre. Entre les contradictions qu’on peut noter et les ambiguïtés qu’il nourrit au fil des pages, Michael Connelly donne ici naissance à une figure des plus emblématiques dans le paysage policier de ces deux dernières décennies. Pour donner le change, les intervenants secondaires ne sont pas en reste et jouissent de personnalités aussi distinctes que réalistes, même pour les plus modestes d’entre eux.

Au final, Les égouts de Los Angeles est un premier roman saisissant tant il excelle au niveau d’une bonne histoire, du suspense ou de l’atmosphère que dégage chaque chapitre, chaque lieu visité. Michael Connelly nous dépeint une enquête minutieuse et surprenante (l’on se laisse prendre au jeu jusqu’à son terme) dans un Los Angeles criant de vérité. Entraînant et nerveux, voilà une intrigue policière brute de décoffrage qui offre un aperçu déjà très complet de ce que proposera par la suite son géniteur. Bien écrit et bien construit, ce livre pose les bases de son univers tout en faisant preuve d’une certaine rigueur dans l’appréhension du polar.

Note : 17/20

Par Dante

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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