mars 19, 2024

Texas

texas-3d

De : Tonino Valerii

Avec Giuliano Gemma, Warren Wanders, Fernando Rey, Benito Stefanelli, Van Johnson, José Calvo, Raï Saunders, Antonio Casas, Maria Cuadra

Année : 1969

Pays : Italie

Genre : Western Spaghetti

Durée : 108 mn (version intégrale), 90mn (version coupée)

Musique : Luis E. Bacalov

Résumé :

A la fin de la guerre de Sécession, le président des Etat-Unis échappe à un attentat Sudiste, grâce à Bill Willer (Giuliano Gemma), un ancien soldat Nordiste jugé coupable de trahison et condamné à l’époque par ce même président. Peu de temps après, une nouvelle tentative réussit et tous les soupçons se portent dès lors vers Jack Donovan (Raï Saunders), un noir ancien soldat Nordiste et ami de Bill.

Il prezzo del potere

Avis :

« Texas » … Préférons le titre original « Il prezzo del potere » (le prix du pouvoir) plus instructif et juste quant à son propos. Il s’agît d’un western spaghetti assez éloigné des scénarios classiques du genre.

Tonino Valerii (« Mon nom est personne« , 1973), qui commença comme assistant-réalisateur notamment sur les premiers westerns spaghetti « Pour une poignée de dollars » (1964) et « Et pour quelques dollars de plus » (1965) du très grand Sergio Leone, en signe ici un western politique et puissant dénonçant les bassesses et abaissements de l’humain n’aspirant qu’à obtenir le pouvoir.

On y retrouve une transposition, 6 ans après, de l’assassinat du président John Fitzgerald Kennedy (22 novembre 1963), dans la petite ville de Dallas au Texas (comme ce fût le cas en réalité, même ville !), filmée comme on le connaît lors d’une traversée en cortège (voiture remplacée par une calèche) au travers de la lunette d’un fusil et deux coups de feu.

En plus de la trame principale du complot définitivement posée avec cet assassinat on y voit un sous-texte sur le racisme d’où le personnage de Jack Donavan, noir, qui dès le début subit la haine de ses concitoyens et doit servir plus tard de bouc-émissaire à l’homicide avec Bill Willer son ami. Les comploteurs ségrégationnistes ont bien fait leur boulot, nous sommes au lendemain de la défaite des Sudistes contre les Nordistes et ce n’est pas cette débâcle qui va changer les mentalités pour autant. On pourra par ailleurs voir dans le film des portraits d’Abraham Lincoln premier président républicain durant et après la guerre de Sécession ayant lutté pour l’abolition de l’esclavage (13ème amendement) qui finira lui-même assassiné suite à une conspiration menée par les confédérés. Il est facile de faire le lien entre le meurtre de JFK transposé à cette époque et celui dont Lincoln fût victime, deux présidents aux convictions similaires (Kennedy en 1962 mit fin à la ségrégation raciale encore appréciée au Texas justement)…

Il prezzo del potere 01

Le héros Bill Willer (Giuliano Gemma) va dès lors avoir une raison supplémentaire de rechercher les coupables, auparavant déjà motivé par la vengeance car son père fût tué alors qu’il avait découvert la machination et allait dénoncer les responsables pour sauver son fils (le père allant au passage en opposition à certaines de ses convictions, père et fils s’étaient combattus lors de la guerre chacun étant dans le parti opposé !).

Corruptions, complots et trahisons, vont ainsi être les éléments principaux du métrage devenant un thriller-politique, mais comme il s’agit aussi d’un spaghetti, ne vous en faites pas, on y trouve le lot de fusillades, duels (avec des face à face dans le noir à la lueur de mégots !), vengeances et rivalités qui vont se mêler dans l’intrigue avec un dosage des plus habiles et donnant des moments riches en émotion.

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Servi par une intrigue particulièrement réfléchie, intéressante, nous maintenant en haleine de bout en bout, il faut aussi souligner le travail effectué au niveau de la mise en scène rigoureuse et minutieuse à tout point de vue, preuve d’une volonté et d’un travail considérable afin de soutenir un propos (comme le remarque Curt Ridel dans l’entretien disponible en bonus). La photo du film est elle aussi impeccable, signé Stelvio Massi, de superbes plans sont présents (l’apparition de Bill devant le porche sous la pluie par exemple) . Et la musique de Luis E. Bacalov, dont la composition avec Rocky Roberts pour « Django » de Sergio Corbucci (1966) est certainement la plus connue, emporte ici complètement le film sans laquelle il faut l’avouer il ne serait pas aussi intense.

Giuliano Gemma y est plus sobre que dans d’autres de ses films les plus connus, c’est l’interprète de Ringo (qu’il joue sous le pseudonyme de Montgomery Wood pour faire plus Cowboy) dans « Un pistolet pour Ringo », 1965 et sa suite « Le retour de Ringo », 1965 tous deux de Duccio Tessari. Ici, moins de cascades, pas d’humour de la part de son personnage mais Giuliano est tout aussi efficace dans ce registre et touchant. A ses côtés des acteurs aux gueules fortement reconnaissables et apportant un charisme à leurs personnages sont présents comme Van Johnson (« Bastogne » William A. Wellman, 1949, « L’attaque de la rivière rouge » Rudolph Maté, 1954, « A 23 pas du mystère » Henry Hathaway, 1956) interprète le Président James Garfield, ou Fernando Rey incarne Pinkerton (acteur favoris de Luis Bunuel « Viridiana », 1961, « Tristana », 1970, « Le charme discret de la bourgeoise », 1972, « Cet obscur objet du désir », 1977), mais aussi grand méchant (Alain Charnier) du « French Connection » de William Friedkin (1972) et vu dans plusieurs western spaghetti «Vamos a matar, companeros » de Sergio Corbucci 1970 ou « Trinita voit rouge » de Mario Camus toujours en 1970). Le reste du casting est de bonne facture lui aussi.

Texas

Avec la sortie au mois de mai du dvd chez ‘Artus films’ c’est l’occasion de découvrir (redécouvrir pour d’autres) ce très bon film sortant de l’ordinaire et rondement mené par Tonino Valerii, tristement méconnu surtout dans son intégralité, avec au choix vostfr ou en vf (entrecoupé de scènes sous-titrées pour atteindre la version intégrale). En effet il a été à l’époque, lors de sa sortie en salle, mutilé de 18 mn environ, rendant l’impact beaucoup moins important en enlevant les scènes attrayantes au clivage politique du film, parfois même en pleins milieu de celles-ci, changeant le président en gouverneur, tout ceci nuisant définitivement … Et depuis il n’était disponible qu’en vhs elles-mêmes ne proposant que les versions courtes ! En bonus sont proposées les bandes annonces des trois sorties du mois ‘collection western européen’ d’Artus Texas », « Un train pour Durango », « Joe l’implacable », critique disponible sur Lavisqteam) et un entretien fort intéressant d’une demi-heure avec un spécialiste du genre Curt Ridel.

Note : 16/20

[youtube]http://www.youtube.com/watch?v=5QjhwtMUsc4[/youtube]

Par Serval

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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