mars 28, 2024

Giallo

giallo

De : Dario Argento

Avec Adrien Brody, Emmanuelle Seigner, Elsa Pataky, Robert Miano

Année : 2011

Pays : Italie, Etats-Unis, Angleterre, Espagne

Genre : Thriller

Résumé :

L’inspecteur Enzo Avolfi enquête sur une série de meurtres perpétrés sur des femmes. S’inquiétant de la disparition de sa sœur, Linda fait appel à ce dernier afin qu’il puisse retrouver sa trace. L’enquête les conduit vers un étrange chauffeur de taxi….

Avis :

Il y a des réalisateurs qui bien souvent font des débuts tonitruants, puis qui finissent par se faire oublier du public, la faute à des films puissants ou tout du moins trop ancré dans un visuel vintage qui colle à la peau de l’auteur. Paul Schrader en est l’exemple parfait, surtout suite à son dernier film avec Nicolas Cage, La Sentinelle, qui en plus de manquer d’idées, se fait charcuter au montage car la vision de l’autre ne correspond plus aux exigences des studios d’aujourd’hui. Ceci est une grande ânerie, puisque ce qui fait la magie du cinéma, c’est sa diversité et sa liberté créatrice, et malheureusement, en ce moment, c’est plutôt une émancipation financière qui prévaut sur l’art. Mais s’il y a bien un réalisateur qui a pris cher depuis quelques années, c’est bien Dario Argento. Avec des débuts tonitruants dans le giallo, le thriller italien par excellence, il livre trois films d’horreur incroyables qui le confine au génie avec Suspiria, Inferno et Ténèbres. Seulement, le temps passe et Dario Argento ne trépasse pas, mais quand même, on sent qu’il faiblit et les studios lui coupent un peu les vivres. C’est dans un climat un peu délétère que né Giallo, un film qui se veut un hommage au genre mais qui sera plutôt un difficile retour en arrière.

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Giallo surprend dès le début par sa mise en scène. A la faute sobre et complexe, on a l’impression que le cinéaste (qui restera toujours un grand cinéaste) ne sait pas comment faire pour rendre Turin attractive. C’est l’un des principaux problèmes du film, qui n’arrive jamais à rendre l’ambiance qui lui est du. Turin est gris, moche, sans grand sens de l’architecture, que ce soit gothique ou moderne et Argento se cherche en permanence sans jamais se trouver. On est bien loin des maisons contemporaines et grises de Ténèbres et encore plus du gothique flamboyant de Suspiria. Il faut rajouter à cela une photographie vraiment dégueulasse, qui donne l’impression que le film a dix, voire vingt ans, de plus que son âge. Tourné en 2009, le grain et la façon de faire font penser que le film se déroule dans les années 80. Cela aurait pu être une bonne idée si tout le reste suivait derrière.

Malheureusement ce ne sera pas le cas et c’est certainement pour cela qu’Adrien Brody, qui produit aussi le film, a voulu l’interdire de distribution. Il faut dire qu’en plus de la réalisation, le scénario est totalement anémique, essayant de reprendre le terme Giallo pour tisser une histoire autour d’un tueur avec un complexe suite à sa couleur de peau. Il en résultera une enquête basique, qui piétine, mais qui trouve étonnement des réponses lorsqu’Emmanuelle Seigner arrive à Turin. Sans être trop déplaisante, cette enquête s’avère tout de même laborieuse, molle et terriblement mal jouée. Emmanuelle Seigner a le charisme d’un poulpe et n’est pas du tout attachante. Pire que tout, c’est lorsqu’elle drague ouvertement l’inspecteur alors que sa sœur est enfermée avec un maniaque. Adrien Brody sauve les meubles mais reste dans la caricature du policier acariâtre, vivant dans un sous-sol pour ne déranger personne.

Mais le pire du pire dans cette histoire, c’est réellement le tueur. Se basant sur le postulat du giallo, on ne devine que ses yeux ou ses mains au départ. Mais lors de la révélation de son physique, il est difficile de ne pas pouffer de rire. Sorte de John Rambo ayant choppé la jaunisse en Thaïlande, ce méchant de pacotille, qui tue pour détruire la beauté, ne relève pas le niveau du film et pire, le rend plus risible qu’autre chose. C’est dommage car comme tout le monde le sait, un bon méchant crée un bon film, et là, ce n’est clairement pas le cas D’autant plus qu’il est difficilement excusable de ne pas avoir mis la main sur ce tueur plus tôt. Pas fin, bourrin comme mulet, con comme une bite, il trouve tout de même un travail en tant que taxi et personne ne le soupçonne. C’est un peu trop gros pour convaincre un spectateur maintenant plus exigent en matière de thriller et d’horreur.

Mais malgré tout, le film possède parfois quelques fulgurances gores qui permettent de retrouver le grand Dario Argento. Le souci, c’est qu’auparavant, ces effets gores étaient là pour surprendre et montrer une certaine violence ou une certaine folie (Ténèbres en est un exemple prégnant) et dans Giallo, ils sont tout simplement gratuits et prêtent plus à rire qu’autre chose, surtout quand le tueur, dans sa bêtise crasse, balance une vanne à deux balles avant de faire un acte de torture. Enfin, il y a un message assez puant dans le film, même si Dario Argento ne l’a sûrement pas fait exprès. Voulant à tout prix explorer la jeunesse de ce mystérieux commissaire, on va voir droit à un drame familial et à une vague histoire de vigilante qui sera vite couverte par un inspecteur de police. Si l’histoire aurait pu être touchante, elle arrive comme un cheveu sur la soupe et n’a pas vraiment de raison d’être, notamment dans le pardon invoqué. Dario Argento serait-il pour la peine de mort ? C’est assez fallacieux comme message, ou tout du moins, très mal amené.

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Au final, Giallo est une grosse déception et ne rend ni hommage au genre ni à la carrière de Dario Argento qui va de mal en pis. On a la sensation que le réalisateur est resté figé dans les années de ses succès et qu’il a du mal à évoluer avec son temps. Et malgré quelques fulgurances gores plutôt appréciables, le film n’arrivera jamais à décoller et à happer le spectateur dans une enquête intéressante. Accumulant les poncifs du genre sans jamais proposer quelque chose de nouveau, le célèbre réalisateur s’enfonce un peu plus dans les abimes de la médiocrité, et il n’en méritait pas tant.

Note : 05/20

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Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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