mars 29, 2024

Guts – Hip Hop After All

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Avis :

On a souvent tendance à dire que le hip hop est principalement dirigé par les artistes américains. Il faut dire qu’ils baignent dans cette culture urbaine depuis un long moment et qu’ils sont les précurseurs du genre. Cependant, en France, certains artistes essayent aussi de faire leur sauce afin de coller au maximum à cette culture qui semble si éloignée de la nôtre. Si on peut compter sur des personnalités comme Oxmo Puccino, le hip hop français a souvent tendance à s’identifier à des rappeurs soit commerciaux comme Soprano, soit vulgaire et sans talent comme Booba. Fort heureusement, d’autres artistes moins connus sont là pour relever le niveau et c’est le cas de Guts. Et pourtant sa carrière ne commençait pas sous les meilleurs auspices. Dans le années 90, il fonde l’Alliance Ethnik et le groupe connait le succès grâce à trois titres plutôt funk mais relativement commerciaux. Il décide alors de s’installer à Ibiza dans les années 2000 et de commencer une carrière solo, notamment avec trois albums instrumentaux, Le Bienheureux, Freedom et Paradise For All. C’est en 2014 qu’il décide de produire Hip Hop After All, son premier album avec de chants et en featuring avec des stars du genre comme Cody Chesnutt ou Masta Ace. Il en résulte un exemple du genre, l’un de ces albums dont on n’entend jamais parler et qui pourtant démontrent que la France possède de vrais talents.

Le skeud débute avec Hip Hop First of All, un titre purement instrumental qui va montrer que l’artiste travaille avec de vrais instruments et pas seulement avec une maudite boîte à rythme. Si le morceau se veut redondant et assez long, il s’impose comme un premier interlude qui présente l’album. On retrouvera d’ailleurs plusieurs interludes au sein de l’album, qui seront dans le même genre, c’est-à-dire assez répétitif mais présentant une jolie instrumentalisation. On peut par exemple citer A Glimpse of Hope et son rythme lancinant avec une voix suave et étrange ou encore We Are All Africans bien que cette dernière montre de jolis variations et propose un voyage instrumental assez plaisant et dont la redondance ne se remarque quasiment pas. Mais finalement, ce qu’il faut le plus garder à l’esprit, c’est que Guts, à travers son album, propose un réel parti pris, qui se situe entre l’album de hip hop classique et la recherche musical avec des rythmiques différentes, bien marquées et très éloignées des schémas commerciaux. Il faut dire que c’est de plus en plus rare de trouver des albums de hip hop avec des pistes exclusivement instrumentales, hormis dans l’électro. Du coup, même si certains titres peuvent sembler en deçà, ils démontrent toute l’étendue du talent de l’artiste qui se rapproche vraiment des américains et de leur façon typique de faire.

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A la manière des américains, les trois quarts des chansons sont introduites par des présentations en anglais, histoire de marquer la rupture avec la culture française et de rendre le tout plus agréable à l’oreille. Mais Guts ne se contente pas de recopier ses pairs avec un hip hop finalement assez binaire et pas assez marquant. Il va mixer les genres pour donner quelque chose de plus complexe mais aussi et surtout de plus varié. Ainsi, si le hip hop prévaut sur le reste, avec des titres comme Forever my Love ou encore As the World Turns, on peut aussi trouver des titres plus funk, voire carrément jazzy. A titre d’exemple, Man Funk est un exemple du genre avec un funk maîtrisé et très dansant, rappelant le bon son des années 80. D’un point de vue jazz, on peut compter sur Enlighten, qui fait écho à un travail comme pourrait le faire un certain Raphael Saadiq par exemple. Guts s’amuse aussi à faire des reprises comme pour Want it Back, qui résonne comme l’un des meilleurs titres de l’album avec un refrain entêtant et une folle envie de chanter sur le refrain. Enfin, difficile de passer outre les aspects plus R’n’B du skeud comme pour Come Alive, pour le coup l’un des seuls titres commerciaux ou encore Roses qui clôture l’album de la plus belle des manières.

Au final, Hip Hop After All, le quatrième album de Guts, artiste français, est un excellent album qui mixe parfaitement les genres pour donner une saveur très américaine au résultat. Favorisant une réelle approche musicale et instrumentale, Guts s’éloigne de ce que fait la musique urbaine française pour produire quelque chose de plus honnête, de plus intéressant et surtout de plus professionnelle. Dans un domaine qui tourne de plus en plus rond dans l’hexagone, il est toujours intéressant de trouver des artistes qui vont tout pour que les choses bougent, mais malheureusement, ces artistes ne sont pas suffisamment mis en avant, et c’est très regrettable.

  1. Hip Hop First of All
  2. Open Wide
  3. The Forgotten
  4. Go For Mine
  5. As the World Turns
  6. Man Funk
  7. A Glimpse of Hope
  8. Forever my Love
  9. It’s Like That
  10. Want it Back
  11. Enlighten
  12. We Are All Africans
  13. Innovation
  14. Come Alive
  15. Looking for the Perfect Rhodes
  16. Roses

Note : 17/20

[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=jT6yx2kTvFQ[/youtube]

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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