mars 28, 2024

Black Crown Initiate – Selves we Cannot Forgive

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Avis :

Les non amateurs de musique métal ont souvent tendance à dire que là-dedans, tout se ressemble et qu’hormis une double-pédale qui ressemble à un moteur de Harley, le métal est un genre qui se contente du minimum, n’engendrant que de la violence et de la folie. Et si certains groupes sont concernés par cet état de fait, d’autres essayent, proposent et sont de vrais techniciens, n’hésitant pas à prendre des risques malgré l’aspect extrême de leur choix musicaux. Ainsi, Black Crown Initiate décide de faire du death, un genre très violent, mais de se l’accaparer en y incluant des pointes de heavy, de rock et de métal progressif, donnant ainsi au groupe une stature un peu à part. Et pourtant, ce n’était pas forcément le but de la formation qui poste un petit EP de quatre titres sur le net, pour s’amuser, n’allant pas plus loin. Sauf que leurs titres sont vite devenus viraux et qu’ils se sont faits repérer pour faire des premières parties. Il n’en fallait pas plus pour que le groupe se lance dans des tournées auprès de Septicflesh et Fleshgod Apocalypse, des mastodontes du genre. Le groupe américain sort alors un premier album plutôt bien accueilli et Selves we Cannot Forgive est leur dernier album en date, prouvant en seulement huit titres qu’ils sont un groupe à suivre de très près.

Le skeud débute avec For Red Cloud et l’on pourrait croire que l’on fait face à un énième groupe de death qui met en avant une violence exacerbée et une double pédale qui ne lâchera plus jamais l’écouteur. Sauf qu’entre les growls maîtrisés du chanteur et une technicité exemplaire en guitares, le groupe fournit un énorme travail de variation et de rupture. En effet, ce premier titre sera bien plus violent que les autres, mais il montre aussi les capacités de la formation à être très accessible, offrant des mélodies plus douces et du chant clair fort plaisant. C’est là aussi que le groupe tape fort, montrant tout le talent vocal du leader, alternant avec une facilité déconcertante le chant grave e le chant clair. Sorrowpsalm en sera un exemple parfait, tout comme Belie the Machine, l’un des gros titres de l’album, dépassant allègrement les huit minutes pour fournir une pièce maîtresse à côté de laquelle il ne faut surtout pas passer. Alors bien évidemment, certains morceaux seront plus lourds que d’autres à l’image de Transmit to Disconnect qui est le titre le plus violent de l’album (tout en recelant tout de même quelques moments plus posés, marquant une belle rupture avant la tempête), mais l’ensemble reste vraiment très accessible aux néophytes, voulant voir toute la technicité d’un genre souvent dénigré.

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Mais finalement, le plus important chez Black Crown Initiate, ce n’est pas la violence qui s’en dégage, ni même la puissance des riffs, mais bel et bien l’ambiance et cette volonté de fournir quelque chose de profondément travaillé. En effet, il n’y a aucun morceau qui fait moins de quatre minutes et quasiment tous présentent des introductions particulièrement chiadées. Ainsi, on se réjouira du bourdonnement inquiétant de For Red Cloud, de la gratte doucereuse de Sorrowpsalm ou encore piano de Selves we Cannot Forgive, offrant alors le titre le plus « commercial », mais d’une beauté insoupçonnée. Chaque titre aura son introduction donnant une ambiance particulière et le groupe fournit vraiment des efforts pour asseoir une vision très personnelle du monde. Et c’est entre puissance virulente et mélodies douces que le groupe trouve son identité, s’affirmant avec des titres comme Matriach, alternant facilement entre les deux volontés du groupe de fournir quelque chose d’ambigu mais de profondément lié. Car sans mélodie, la violence ne serait que de la rythmique tapageuse pour rien et là, elle prend une nouvelle dimension. Tout comme les choix d’alterner le chant clair et le growl, fournissant alors une variation idéale. Reste alors Vicious Lives, sorte de ballade désespérée qui confine le groupe à un statut direct de formation sérieuse à suivre mais qui ne sera malheureusement jamais mis en avant en France.

Au final, il n’aura fallu que huit titres au groupe pour affirmer son talent et le partager au plus grand nombre. Très clairement, Black Crown Initiate est un grand groupe en devenir, de ceux dont chaque album doit être attendu comme une pluie dans le désert afin de sustenter une soif indicible. Avec ce deuxième album, la formation atteint des sphères très hautes, montrant que le death métal progressif est certainement le genre le plus inventif du moment et le plus technique.

  1. For Red Cloud
  2. Sorrowpsalm
  3. Again
  4. Belie the Machine
  5. Selves we Cannot Forgive
  6. Transmit to Disconnect
  7. Matriach
  8. Vicious Lives

Note : 18/20

[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=bIr7PFa36S4[/youtube]

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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