avril 25, 2024

Colonel Blimp

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Titre Original : The Life and Death of Colonel Blimp

De: Michael Powell et Emeric Pressburger

Avec Roger Livesey, Deborah Kerr, Anton Walbrook, Roland Culver

Année: 1943

Pays: Angleterre

Genre: Drame, Romance, Guerre

Résumé :

En 1902, Clive Candy, un jeune officier britannique, se rend à Berlin pour répliquer à des rumeurs calomnieuses lancées contre l’armée anglaise et se trouve forcé de participer à un duel. Blessé, il se lie d’amitié avec son rival allemand. Ce dernier tombe amoureux d’une amie de Candy et très vite se fiance avec elle. Mais Candy, en retournant à Londres, se rend compte qu’il aime cette femme lui aussi…

Avis :

Dans le panthéon des cinéastes britanniques les plus connus et influents, on trouve le duo de réalisateurs Michael Powell et Emeric Pressburger. Les deux hommes se rencontrent en 1938 et très vite, l’idée de faire des films ensembles se fait ressentir. Les trois premiers films vont alors répondre aux exigences de Churchill. L’Europe étant à feu et à sang, les deux réalisateurs vont alors tourner des films dits de propagande afin de prévenir le monde des méfaits du nazisme. Le premier film, le « 49e Parallèle » remportera même l’oscar du meilleur scénario.

Et c’est après ces films-là que le duo se lance alors dans un film « comme ils le veulent ». Ce film, c’est « Colonel Blimp« , un film qui pourrait s’apparenter à une grande fresque qui va suivre la vie d’un personnage, Clive Wynne-Candy. Aussi beau drame que satire amusée de la bienséance des Anglais, « Colonel Blimp » c’est deux heures quarante qui vont parcourir de façon passionnante cinquante ans de la vie d’un homme. Cinquante années d’une vie qui lui a comme échappé.

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Berlin 1902, Clive Wynne-Candy est un jeune officier anglais qui se trouve être obligé d’affronter en duel Theo Kretschmar-Schuldorff, un jeune officier allemand. Les deux hommes vont s’affronter et seront blessés tous les deux. Après quelques mois de convalescence dans le même hôpital, les deux hommes se lient d’amitié. Cette amitié va alors s’étendre sur les années et malgré qu’ils soient tous deux dans des camps opposés, ni la Première Guerre Mondiale, ni la Seconde n’arriveront à entacher l’amitié et le respect que les deux hommes se portent. Et c’est même ces épreuves qui vont « les faire avancer ». Chacun devra apprendre de ses erreurs et plus particulièrement Clive qui est parcouru de grands principes alors que ses ennemis les plus redoutables n’en ont aucun.

Le cinéma de Michael Powell et Emeric Pressburger est un cinéma qui est quelque peu oublié de nos jours et qui pourtant mérite autant d’être connu que les films des grands Hitchcock ou Orson Welles. Les deux réalisateurs ayant un sens inimaginable de l’esthétisme et de la narration, c’est toujours avec énormément de curiosité et d’attente que l’on se lance dans une de leur histoire.

Avec « Colonel Blimp » on va donc s’introduire dans la vie de Clive Wayne Candy, un jeune officier de l’armée anglaise qui va traverser pas moins de trois guerres et malgré sa haute place dans la société anglaise, va rater sa vie sans même s’en rendre compte. Le scénario que nous réserve Emeric Pressburger est d’une richesse et surtout d’une subtilité folle. Ici, c’est presque cinquante ans de vie et donc de conflits, aussi bien extérieurs (politique, prise de décision, la guerre au front) qu’intérieurs (l’amour tient une grande place dans le film, mais il aborde aussi les frustrations, le non-dit, le temps qui défile, la famille, l’amitié …) que mettent en images les deux réalisateurs. Le film aborde d’une manière fantastique l’amitié. Ces deux hommes et le regard qu’ils portent l’un sur l’autre, même dans les moments les plus sombres de l’histoire sont très prenants. On est touché, on est ému même de par la simplicité des choses et des sentiments que les deux réalisateurs ont su mettre en scène.

« Colonel Blimp« , c’est aussi un film qui s’attarde sur les deux grandes guerres que traversent les personnages et sur la façon dont ces guerres vont faire évoluer les mentalités et leur vie à chacun. Abordant les traditions anglaises, le respect des règles et des combats, « Colonel Blimp » en profite aussi pour montrer et peut être aussi se moquer gentiment et naïvement de ces hommes qui veulent faire la guerre tout en restant de véritables gentlemen. Des hommes qui sont dépassés par l’horreur de ces guerres, sans qu’ils ne s’en rendent compte. D’ailleurs, ce paradoxe amène des scènes prenantes vers la fin du film. Des scènes, un peu comme tout le film, qui seront desservies par des dialogues d’une beauté et d’une pertinence rare. Des dialogues d’une telle richesse qu’on reste à l’écoute de la moindre phrase, tant on n’a plus l’habitude d’entendre d’aussi beaux textes.

Comme toujours chez Powell et Pressburger, on restera soufflé par la mise en scène et l’esthétisme impeccable que le film offre. Chaque instant est incroyablement beau, chaque plan, chaque séquence est travaillée pour que le rendu soit le plus riche possible. Encore une fois, les trompe-l’œil sont bluffants. Parfaitement incrustés dans le film, certains sont de véritables tableaux romanesques et épiques sur lesquels on adorerait s’arrêter.

Michael Powell et Emeric Pressburger ont fait appel à des acteurs avec lesquels ils vont retravailler plus tard et quand on les voit ici, on comprend que les réalisateurs aient voulu les retrouver. C’est Roger Livesey qui tient le rôle principal. C’est le personnage qu’on va le plus suivre et l’acteur va être tour à tour, drôle, touchant, émouvant de naïveté, et même prenant quand il aborde la question des sentiments amoureux. Anton Wallbrook incarne l’ami allemand, et même si l’on reste très touché par le personnage de Roger Livesey, c’est bel et bien Anton Wallbrook, dans la peau de Theo Kretschmar-Schuldorff, qui s’avère être le personnage le plus bouleversant et intéressant. C’est le personnage qui a le plus de réflexion sur lui-même. C’est un personnage qui doit faire face à des choix difficiles et traumatisants parfois, et il les fait avec un tel regard de vérité sur sa condition, qu’il en ressort plus fort, plus beau et plus émouvant. Au milieu de ces deux grands acteurs, on trouvera la belle Deborah Kerr qui sera le rayon de soleil au beau milieu de ces guerres et de ces malheurs. L’actrice qui incarne plusieurs rôles à travers les cinquante années que le film traverse, est tout simplement sublime et c’est un véritable plaisir de la suivre.

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« Colonel Blimp » est donc un excellent film à découvrir. C’est un film passionnant qui ne se perd jamais malgré l’étendue de son histoire et sa durée. « Colonel Blimp« , c’est du bon et du beau cinéma, c’est du cinéma artisanal aussi plaisant à suivre qu’à regarder. Après, même s’il est excellent, les deux réalisateurs ayant mis la barre si haute avec « Le narcisse noir » et « Une question de vie et de mort » que ce « Colonel Blimp » ne sera pas aussi beau, aussi fort et aussi marquant que les deux autres films cités, mais franchement, du cinéma de cette qualité-là mérite qu’on s’y arrête et pas qu’une fois !

Note : 17/20

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Par Cinéted

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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