Crisis on Infinite Earths

Auteurs : Marv Wolfman et George Perez

Editeur : Urban Comics

Genre : Super-Héros

Résumé :

L’Anti-Monitor mène ses troupes de soldats d’ombre de dimensions en dimensions afin de détruire les Univers parallèles et de s’alimenter de ses énergies perdues. Son double positif, le Monitor réunit une assemblée de héros de différentes Terres afin de stopper son avancée, mais même les plus puissants des surhommes ne peuvent rien face à la vague d’antimatière qui fond sur eux. Des mondes vont vivre… des mondes vont mourir… et l’Univers DC ne sera plus jamais le même !

Avis :

Les univers de comics, depuis leur création, ont connu de nombreux changements ainsi que de nombreux spin-off visant à mettre en avant des personnages secondaires ou des histoires se déroulant dans d’autres époques. Malheureusement, en cinquante ans d’existence, il arrive que ces univers deviennent un véritable foutoir dans lequel les lecteurs ne se retrouvent plus et où les scénaristes commencent à faire tout et n’importe quoi. Ce genre de chose provoque alors une baisse des ventes et la perte de cohérence d’un univers pourtant riche et dense. C’est alors qu’un certain Marv Wolfman fit son apparition chez DC et décida de faire un crossover réunissant tous les héros de l’écurie DC et de faire une histoire qui chamboulerait toute la mythologie DC depuis sa création. Car Crisis on Infinite Earths n’est ni plus ni moins qu’un immanquable qui montre comment tout un univers peut être recréé.

Et pourtant le travail n’était pas si évident que ça. Il faut dire qu’il y avait un énorme dégraissement à faire en amont, en faisant des recherches et en renouant avec les origines de tous les héros, mais aussi de toutes les terres. Car l’univers DC était devenu tellement gros avec le multivers que les Terres s’entrecroisaient les super-héros devenaient complètement différents, surtout dans leur physionomie. Marv Wolfman fait alors le choix de partir du début, avec les gardiens, que l’on voit dans Green Lantern, pour proposer la naissance d’un méchant qui sera l’alter ego de la matière positive matérialisée par le Monitor. Ainsi, comme le yin et le yang, l’histoire se concentre sur une dualité de puissance entre la matière et l’anti-matière. De ce fait, le scénariste ouvre sur une dualité très manichéenne mais qui fonctionne grâce à la méthode d’extermination du méchant, qui piège le Psycho Pirate, un méchant de seconde zone, mais qui peut contrôler les émotions de chacun et cette volonté de tout détruire pour devenir le maître de son propre univers, peuplé d’ombres.

En arpentant un scénario aussi simple, Marv Wolfman va recréer entièrement l’univers DC et il va aussi pointer du doigt l’absurdité du méchant dont la seule motivation est de tout détruire. Cette rage destructrice est contrebalancée par l’union des héros qui vont tout faire pour créer une coalition et ainsi prouver que rien ne peut arrêter une entente pour faire le bien. Mais le plus intéressant, c’est aussi la création d’une trêve avec les méchants, qui vont eux aussi aider à l’annihilation de l’anti-monitor. Une guerre qui au final ne sera pas si évidente que ça dans les camps, notamment à cause des manipulations du Psycho Pirate et de la perturbation qu’il va créer dans certains esprits.

Mais en plus de l’histoire de base assez linéaire, le scénariste joue aussi sur les époques et met en avant tous les héros DC et même les différentes représentations des héros. Ainsi, Flash, qui aura un rôle de messager sera interprété par Barry Allen, mais aussi Jay Garrick ou encore dans une version asiatique dans le futur. En jouant ainsi sur les différentes époques et les différentes terres, Marv Wolfman va pouvoir recréer un nouvel univers avec des personnages plus ou moins sacrifiables. Et c’est là l’un des points forts du comics, c’est que n’importe qui peut mourir dans cette histoire, puisqu’elle annonce la fin de quelque chose et le début d’une nouvelle ère. On y verra donc la mort tragique de plusieurs super-héros, parfois de façon héroïque et d’autres fois de façon presque stupide, mais l’ensemble reste très cohérent et prouve que le travail en amont fut titanesque.

Le seul véritable point noir de ce crossover, c’est la présence d’éléments parfois un peu obscurs pour les néophytes et de personnages dont les pouvoirs dépassent un peu trop l’entendement. Ainsi, Alexander Luthor est un être surpuissant, fait de matière positive et c’est avec lui que l’histoire va se résoudre, mais le personnage, en plus d’être difficile d’accès, n’apporte pas forcément d’éléments de réponse sur la façon de détruire le grand méchant. On ressent aussi l’envie de faire un grand space opéra et parfois, si cela marche, il y a des moments où c’est assez complexe à comprendre et les lecteurs qui ne sont pas versés dans tous les éléments DC risquent fort d’être perdus par moments. Néanmoins, le scénario est si habile que le lecteur retombe toujours sur ses pieds et comprend ce qui se passe assez rapidement.

Au final, Crisis on Infinite Earths est une énorme histoire qui a bouleversé l’univers comics, détruisant tous les univers parallèles et renouant avec une certaine simplicité et des héros en un seul exemplaire. Véritable clivage entre deux âges, ce tome découpé en douze chapitres fait partie des comics à ne pas manquer pour tous les fans de l’univers DC et des super-héros comme Superman, Batman ou encore The Flash. L’objet devient d’autant indispensable quand on voit tous les bonus de chez Urban Comics, avec un chapitre inédit se concentrant sur Flash, mais aussi et surtout un énorme complément signé Marv Wolfman et George Perez sur cet univers, avec tout l’univers DC raconté depuis la nuit des temps jusque dans les années 80. Une véritable encyclopédie qui se révèle être une mine d’or et favorise une certaine compréhension. Bref, un objet de collection indispensable.

Note : 19/20

Par AqME