avril 23, 2024

Graham Masterton – Manitou

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Résumé :

Chaque nuit, Karen faisait d’épouvantables cauchemars. Chaque matin, la tumeur qui déformait son cou était un peu plus grosse. Une tumeur inopérable qui laissait les médecins perplexes et qui bougeait imperceptiblement, comme s’il y avait eu quelque chose de vivant sous la peau.
Quelque créature diabolique qui ne rêvait que d’effroyables massacres. Pour Misquamacus, le vieux sorcier indien, l’heure était enfin venue de se venger de l’Homme blanc qui avait exterminé son peuple. Une revanche qu’il attendait et préparait depuis plusieurs siècles…

Avis :

Graham Masterton s’est taillé une grosse réputation en très peu de temps dans le domaine de la littérature horrifique. Faisant office de grand patron avec des noms tels que Stephen King, Clive Barker ou encore Dean Koontz, le monsieur est très prolifique, avec quasiment un roman par an, voir deux parfois. Seulement, on s’intéresse très souvent aux nouveautés qui sortent et peu de gens aiment aller vers le passé pour lire les premières œuvres de ces grands écrivains de l’épouvante. Donc, comme avec Carrie de Stephen King, je me suis intéressé à Manitou, le premier roman de Masterton, puisqu’il l’a écrit en 1975 et en une semaine seulement. Entamant ici une trilogie qui deviendra une quadrilogie dans les années 2000, Manitou signe la venue d’un écrivain qui sait manier le suspense et le gore. Mais que vaut-il vraiment ? Le livre n’étant pas épais, l’histoire est-elle originale ? Montez votre tipi, on va voir les hommes-médecine peaux rouges !

Quand on lit Manitou, il faut bien garder en tête que nous sommes en 1975 et que donc, toutes nos connaissances en science et en technologie sont beaucoup moins avancées que maintenant. Mais cela n’empêche pas le livre d’être assez d’actualité encore aujourd’hui. Nous allons donc suivre un jeune voyant qui arnaque de vieilles dames et qui se nomme Harry Erskine. Un beau jour, il voit arriver une belle jeune femme qui a une tumeur qui gonfle et qui bouge derrière la nuque. Sentant des phénomènes étranges autour d’elle, elle demande l’aide du voyant. C’est alors qu’il se rend compte que la tumeur est en fait un fœtus et qu’à l’intérieur grandit Misquamacus, un homme-médecine peau-rouge qui veut se venger de l’homme blanc qui a dévasté sa tribu 350 ans en arrière. Avec l’aide du docteur Hugues et d’un homme-médecine contemporain Singing Rock, ils vont tenter d’arrêter le sorcier et de sauver la vie de la jeune femme. Ce qui a d’intéressant dans ce livre, c’est déjà la mythologie abordée. En effet, peu de bouquins horrifiques ou autre abordent le sujet des indiens d’Amérique et leur massacre par les hommes blancs et notamment les Hollandais. Ensuite, ce qui surprend, c’est que l’on parle allègrement de la mythologie et des croyances des indiens et cela est encore plus rare. On apprend donc que pour chaque objet vivant ou non, il y a un manitou, une sorte d’esprit. Et qu’il y a des manitous sympathiques, et d’autres beaucoup moins. C’est assez intéressant, parce que cela aborde quelque chose de mystérieux et de relativement nouveau dans cette littérature, et il s’agit là de quelque chose que j’ai franchement apprécié.

Mais au-delà de la mythologie et de l’histoire en elle-même, ce que j’aime dans Manitou, c’est la dénonciation de la domination des hommes blancs, dévastant tout sur leur passage. Ainsi, le manitou fait figure de créature du passé, révélant quelque chose de puissant et de mystérieux. D’ailleurs, l’homme-médecine d’aujourd’hui le dit très clairement, la technologie a rendu la magie obsolète et l’homme préfère se reposer sur ses lauriers plutôt que d’accumuler des connaissances. Ainsi, on se demande si ce sorcier est bien un monstre et si, finalement, sa vengeance n’est pas justifiée. C’est le point fort de ce livre, qui laisse le lecteur sur une idée un peu ambiguë et qui lui fait se poser des questions, quant à la nécessité de posséder tout, au détriment de certains peuples mineurs. C’est d’ailleurs ce qu’il se passe en ce moment en Amazonie, même si j’extrapole un peu. Cela étant, j’aime avoir peur tout en réfléchissant et malgré un scénario concis qui va droit au but, on a quand même matière à réfléchir. Bien entendu, la difformité du sorcier à cause des rayons X ne fait qu’attiser sa colère, et on peut comprendre facilement sa haine envers nous.

Les références à de la littérature horrifique plus ancienne est bien présente, avec notamment une énorme référence à Lovecraft, avec l’appel du Grand Ancien qui doit tout détruire et à la bête-étoile, sorte de crapaud difforme. Mais Graham Masterton ne renie pas ses aînés en les citant dans les introductions des ces livres. Le style de l’écrivain est fluide et assez cru, ce qui le démarque de certains écrivains de l’époque, où l’ajout perpétuel d’adjectifs qualificatifs était gage de grande littérature. Par contre, si les effets gores sont bien présents, ils restent assez mineurs si on les compare aux deux autres livres que j’ai lu, Le Portrait du Mal et Rituel de Chair, mais ils demeurent assez marquant, comme le pauvre infirmier qui se retrouve retourné comme un gant avec les muscles à vif. Mais le livre reste plus mystique que le reste. Enfin, les deux fins que j’ai lues sont plutôt pas mal dans leur genre. La première faisant référence à la puissance de l’homme et de la technologie et sa seconde mettant en avant les maladies récentes qui peuvent être fatales aux gens non immunisés. Je rappelle quand même que les maladies européennes ont fait des millions de victimes chez les amérindiens lors des grandes découvertes.

Au final, Manitou est un livre fort sympathique qui tout le talent de Graham Masterton. Court mais allant droit au but, le livre effraye tout en donnant matière à réflexion sur ce qui s’est passé durant l’histoire des Etats-Unis. De plus, les livres traitant des croyances peaux-rouges comme base de l’horreur sont plus que rares, alors ne faisons pas les fines bouches. J’ai passé un bon moment avec des personnages agréables. Je conseille !

Note : 14/20

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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