mars 29, 2024

Graham Masterton – L’Ombre du Manitou

l-ombre-du-manitou-2497212-250-400

Résumé :

Pour marquer son retour, Misquamacus a décidé de ne pas lésiner sur les moyens et de frapper fort. De Las Vegas à New York, des villes entières sont aspirées sous terre par une magie plus vieille que l’humanité. Grâce à un pacte avec Aktunowihio, dieu des ténèbres, le redoutable sorcier indien est déterminé à faire disparaître de la surface de la planète toute trace de l’envahisseur blanc.

Afin d’éviter l’apocalypse, Harry Erskine, le voyant préféré des vieilles dames, devra traquer et affronter Misquamacus sur son territoire, dans le Grand Dehors, la contrée des morts…

Avis :

Il n’est nul besoin de présenter encore une fois Graham Masterton. Le prolifique écrivain fait maintenant partie des trois plus grands écrivains horrifiques encore vivants avec Stephen King et Dean Koontz. Son premier roman, Manitou, écrit en seulement une semaine, et rapidement adapté pour la télévision, a vu plusieurs suites, dont la vengeance du manitou et l’ombre du manitou. Après un premier épisode convaincant et un deuxième opus beaucoup moins convaincant, la cause à une narration à la troisième personne qui ne sied pas au ton du livre, Masterton relance sa franchise 13 ans après le deuxième tome. S’appuyant encore une fois sur un anti-héros qui a marqué la littérature horrifique et sur un grand méchant à la mythologie si peu connu dans nos contrées, Masterton retente l’expérience, en reprenant les bases du premier et son humour caustique si important. Alors que réserve ce troisième livre ? Doit-il arrêter la franchise ou bien la continuer ? Allons visiter le grand dehors et affrontons une fois de plus Misquamacus !

Après avoir essuyé deux défaites, il était assez difficile de faire revenir Misquamacus d’entre les morts, d’autant plus qu’à la fin du deuxième opus, il semble vraiment vaincu. Mais Masterton n’est pas un novice dans le genre et il va s’appuyer sur la mythologie indienne pour faire revenir son méchant préféré et il va surtout assurer un renouveau en mélangeant les styles, mais aussi les croyances. Ainsi donc, l’histoire commence avec différents phénomènes étranges se déroulant dans différentes villes des Etats-Unis. On retrouve Karen Tandy, la victime sauvée de justesse dans le premier livre, qui va voir Harry Erskine, notre héros, pour aider des amis à elle. Il va donc se rendre compte de quelque chose et va voir à son tour Amelia, une amante et médium, qui lui conseille d’aller voir un certain Martin Vaizey, grand médium au talent impressionnant. Sauf que cette fois, Misquamacus est bien plus puissant qu’autrefois, ayant passé un pacte avec Aktunowihio, le dieu des ténèbres. Le dieu se révélant puissant et insatiable, il va engloutir des villes entières, les faisant disparaître sous terre dans le grand dehors, la contrée des morts. Il était assez difficile pour l’écrivain de retrouver un scénario intéressant afin de faire revenir nos deux ennemis, mais il le fait avec brio, et surtout, il le fait avec des choses à démontrer et dénoncer.

Le livre est beaucoup plus long que les deux précédents bouquins et pour cause, l’histoire est beaucoup plus complexe. En effet, alternant les drames dans les différentes villes et proposant beaucoup plus de personnages, Masterton ne se concentre plus sur un conflit entre un méchant et un gentil, mais plutôt sur une civilisation contre une autre, et qui prend fin autour de deux personnages. On comprendra bien vite les aboutissants de l’écrivain, montrant un méchant qui ne rêve que du passé et de vengeance, quitte à décevoir certains descendants de sa race, mais il montre aussi le côté rétrograde de cette pensée, en montrant qu’il ne faut pas faire fi du passé, mais qu’il faut ne pas oublier mais aussi voir l’avenir et l’évolution des modes de vie. Ainsi, l’écrivain montre que toute vengeance en rapport avec les conflits historiques est relativement futile. C’est comme si les mayas voulaient se battre contre les européens qui les ont détruit, dans l’espoir de revivre comme à la vieille époque, avec les sacrifices humains et tout le toutim.

Masterton mélange aussi les cultures dans son histoire et c’est un plus indéniable. Montrant la force des croyances indiennes, mais aussi celle des croyances vaudous et des croyances celtiques, l’écrivain explore différentes facettes mythologiques et montre la destruction qu’ont pu engendrer les conquistadors et les américains. Il montre aussi les difficultés de certains personnages à pardonner les méfaits passés et surtout, que malgré les histoires passées, la ségrégation est toujours d’actualité et que parfois, une piqure de rappel à l’homme blanc, ça lui fait du bien. Néanmoins, il montre aussi les bienfaits du pardon et contrebalance son propos nihiliste avec un propos tourné vers l’avenir, le pardon et la compréhension.

Le livre est tout aussi puissant que le premier, et cela grâce au retour de la première personne avec le personnage de Harry Erskine en tant que narrateur. Possédant un humour caustique très efficace mais aussi un sens de la description bien gore, le livre regorge de passage très intéressants, très drôles, mais aussi très flippants. Entre la nana qui se fait retourner comme un gant, le mac qui se fait arracher les yeux à la fourchette ou encore le conducteur d’hélicoptère qui se fait scalper net, on a de quoi être dégouté. Mais finalement, le plus dur, c’est le passage sexuel entre Karen possédée et Harry. Grâce à toutes ces choses-là, on retrouve la quintessence du premier livre et on rentre vraiment dans l’action. Enfin, Masterton parle aussi de la puissance des morts et de la mémoire, en proposant des fantômes  puissants et rappelant au souvenir des guerres passées et des massacres, montrant que les morts sont des deux côtés.

Au final, L’Ombre du Manitou est un excellent roman d’horreur. Long et bien plus complexe que les deux précédents tomes, on peut voir que Masterton a su apprendre des erreurs de son passé et propose ainsi une aventure gore et intelligente. S’appropriant les légendes de tous les pays et insérant des propos de tolérance et montrant la stupidité de la vengeance, Masterton propose un très bon roman qui fait oublier le précédent tome, un peu décevant.

Note : 16/20

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

Voir tous les articles de AqME →

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.