mars 19, 2024

Train de Nuit Pour Lisbonne

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Titre Original : Night Train to Lisbon

De : Bille August

Avec Jeremy Irons, Mélanie Laurent, Bruno Ganz, Lena Olin

Année : 2013

Pays : Etats-Unis, Suisse, Allemagne

Genre : Drame

Résumé :

Raimund Gregorius est professeur de latin à Berne, en Suisse. Quand il tombe sur un livre du poète et docteur portugais Amadeu de Prado, il décide de tout laisser tomber et de prendre le train de nuit pour Lisbonne, désireux d’en apprendre plus sur l’auteur, qui semble avoir été obsédé par les mêmes questions fondamentales que lui…

Avis :

Le danois Bille August a tout d’abord commencé avec des films publicitaires et des courts-métrages. A force de travail et de talent, il va ensuite passer au téléfilm pour finir sur les grands écrans en 1978. Des débuts remarqués qui vont peu à peu, projet après projet, l’emmener jusqu’à « Pelle le Conquérant« , une adaptation d’un roman de Martin Andersen Nexø qui lui valut en 1988 la Palme d’Or et un Oscar du meilleur film étranger. Après cette Palme, la carrière de Bille August fut définitivement lancée. Connu et reconnu, il décrochera une deuxième Palme d’Or en 1992. Mais voilà, alors que Bille August a un sacré parcours, il est aujourd’hui oublié et le peu de films qu’il fait arrive même directement en DVD, quand il arrive bien entendu. Par exemple, on attend toujours l’arrivée chez nous de « Marie Krøyer » que le réalisateur a présenté en 2012. Bref, c’est bien dommage.

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Dommage, car aujourd’hui on va s’arrêter sur le dernier film en date de Bille August, « Train de nuit pour Lisbonne » qui s’avère être aussi classieux qu’intéressant et qui aurait franchement mérité de trouver sa place sur nos écrans. Adaptation du roman éponyme de Pascal Mercier, pour son nouveau film Bille August s’est entouré d’un casting international pour nous parler de la résistance portugaise face au régime de Salazac. Un sujet fort et inattendu, car c’est un sujet qu’on aborde assez peu au cinéma, mélangeant la fiction à la réalité, et malgré quelques petites longueurs, Bille August réalise un film qui est bien loin de mériter l’indifférence qu’on lui a réservée.

Raimund Gregorius est un professeur qui habite en Suisse. Sa vie n’est qu’une longue et attendue monotonie. Un matin, il sauve in extremis une jeune femme qui voulait se jeter d’un pont. Après quelques minutes, la jeune disparaît, ne laissant derrière elle qu’un manteau, un billet pour Lisbonne et un livre écrit par un écrivain portugais, Amadeu de Prado. Raimund, tout en cherchant la jeune femme, va lire le début du livre qu’elle avait sur elle. Les mots sont déchirants et ne sachant pourquoi, Raimund veut en savoir plus, il veut aller à la recherche de cet écrivain, dont les mots évoquent quelque chose en ce vieux professeur. Alors qu’il n’avait rien prévu, ni bagage, ni réservation, Raimund se surprend à prendre le premier train de nuit pour Lisbonne. Ce voyage inattendu va alors faire basculer la vie de cet homme à jamais.

« Train de nuit pour Lisbonne« , un titre pour le moins mystérieux qui donne envie d’en savoir un peu plus sur ce qui peut bien se passer dans ce train. Ne sachant rien du tout du nouveau film de Bille August, avec un titre pareil, on peut penser trouver un film dans la veine du « Crime de l’Orient Express« , mais il n’en sera rien et à la place d’un meurtre, c’est une enquête fascinante que l’on trouve. Une enquête sous fond romanesque et de renaissance. La renaissance d’un homme solitaire, aigri, qui va peu à peu réapprendre à retrouver le goût de la vie, en fouillant un passé qui n’est pas le sein. Une enquête passionnante, surtout qu’elle s’appuie sur des vérités et des évènements pas si connus que ça par chez nous, alors qu’ils sont l’histoire chez d’autres. Ainsi, comme tout bon film d’enquête, on va donc faire des allers-retours dans le présent et le passé, rassemblant petit à petit les pièces de son puzzle. Le scénario est solide. On se délecte de cette intrigue sur fond de résistance. On évolue alors dans deux époques. Le film d’August est aussi intéressant dans le passé que le présent. Chacune des deux époques apporte son lot de mystères, d’indices et d’épreuves. Ainsi, pendant que l’on revient sur les évènements passés et qu’on rencontre des personnages, qu’on expose des faits, dans le présent, le film agit aussi bien sur le personnage de Raimund que sur l’histoire du passé ou encore sur nous-même. Car relayé au rang d’enquêteurs comme le personnage de Jeremy Irons, on a très envie de savoir la suite des évènements. L’intrigue est astucieuse, car elle distille ce qu’il faut de mystère, de suspens et d’intrigue pour qu’on reste attentif à ce qui se passe dans les deux époques, évoluant de témoignages en témoignages pour enfin connaitre toute l’histoire d’Amadeu de Prado.

Dans sa mise en scène, Bille August insuffle quelque chose de très romanesque à son film. De romanesque et de mélancolique en même temps. « Train de nuit pour Lisbonne » est un film parcouru de remords et de regrets. Très épuré, Bille August va à l’essentiel. Le réalisateur est très bref, il ne s’égare pas à vouloir intensifier son drame avec d’éventuelles grandes scènes de drame. Non, il fait simple, il fait brut, et c’est des émotions de Jeremy Irons et des drames que vit cette jeune portugaise qui rêve d’autre chose que naît les émotions, les joies comme les peines ou encore la tension et le suspens chez son spectateur. Visuellement, le film est très beau, bercé dans la douce lumière du Portugal, Bille August a bien su capter l’ambiance des deux époques. D’ailleurs, les années 70 sont bien reconstituées.

« Train de nuit pour Lisbonne« , c’est aussi un casting international mené avec beaucoup de justesse pas Jeremy Irons qui trouve là un beau rôle qui lui convient à merveille. Autour de lui, on retrouvera des acteurs tels que l’immense Bruno Ganz, le plus qu’immense Christopher Lee, la belle Léna Olin, la charismatique Charlotte Rampling, ou encore la jolie découverte qu’est Martina Gedeck. Ce casting se prolonge évidemment du côté des années 70. Mené par un étonnant Jack Huston. Mélanie Laurent et August Diehl viennent compléter ce casting on ne peut plus alléchant.

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À soixante-cinq ans et pour son quinzième film, Bille August nous offre donc un joli drame, aussi profond que touchant. Abordant un thème passé assez sous silence, « Train de nuit pour Lisbonne » est très intéressant pour les prémices de ce qui amènera à la révolution des œillets au Portugal, mais aussi pour ses personnages, qui, chacun à leur manière, réapprennent à vivre avec des remords comme des regrets.

Note : 14,5/20

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Par Cinéted

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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